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Pays en fêtes
Publié le 21/02/2008
La fête des Lanternes

Lisa Carducci

La fête des Lanternes aussi appelée fête Yuanxiao a lieu le 15 du premier mois lunaire, c'est-à-dire à la première pleine lune de la nouvelle année. Elle met fin à la période festive du nouvel an. Dans les campagnes, on célèbre vraiment pendant deux semaines, mais la vie moderne et urbaine rappelle les travailleurs après une seule semaine de congé habituellement.

Origine

À l'origine, la fête rendait hommage aux astres. La cérémonie d'offrande à l'unité suprême (tai yi), élément essentiel de la cosmologie chinoise se déroulait du crépuscule au lever du jour. Les offrandes étaient destinées à un « univers éternel » qui précédait depuis longtemps l'existence de l'homme. On retrouve l'usage des lanternes dans les temples où elles étaient suspendues en hommage au seigneur du ciel, Tian Gong.

Au premier siècle de notre ère, l'empereur Ming des Han, instigateur de la propagation du bouddhisme en Chine, ordonna d'allumer des lanternes pour honorer Bouddha. On dit qu'il en fit déployer un si grand nombre que Bouddha lui même descendit du ciel pour les admirer.

Les yuanxiao

Admirer les lanternes est l'une des principales activités de cette fête. Toutes les régions organisent une exposition : de belles lanternes en papier ou en soie, dont la fabrication variée fait preuve de beaucoup de créativité. Les enfants s'amusent dans la rue tenant à la main une lanterne fabriquée par leur famille ou par eux-mêmes à l'école avec des bouteilles de Sprite ou de Coca-Cola en plastique, ou achetée toute faite.

Le nom de fête Yuanxiao provient de la spécialité alimentaire de cette fête. Les yuanxiao sont des boulettes de farine de riz glutineux farcies de fruits, noix, sucre et autres bonnes choses. On les appelle également tangyuan, surtout dans le sud où ils sont plus petits et raffinés et se consomment bouillis dans l'eau. On boit aussi ce bouillon sucré, auquel on ajoute parfois des fleurs d'osmanthe et des œufs.

Le nom Yuanxiao était celui d'une jeune fille de la dynastie des Han (25-220). Elle songeait au suicide tant sa famille lui manquait pendant la fête. Aussi, un officier conçut-il un plan afin de sauver sa vie et de dissiper sa mélancolie ; il l'impliqua dans une mission de « paix », à Chang'an (aujourd'hui Xi'an), où l'on parlait de mettre le feu à la ville, et finalement un compromis fut proposé : on allumerait tellement de lanternes que la ville semblerait en flammes. Sur une lanterne, le nom de Yuanxiao était inscrit. Ses sœurs le virent, et surent qu'elle était dans la ville. Ainsi Yuanxiao retrouva-t-elle les siens. Elle excellait dans la préparation des tangyuan. Voilà pourquoi les tangyuan sucrés et parfumés symbolisent la réunion de la famille et le bonheur.

Dans la version écrite du mot yuanxiao, le caractère yuan signifie « premier mois lunaire » et symbolise aussi la « rondeur », tandis que xiao réfère à la nuit.

Historique

À l'époque des Royaumes combattants (475-221), ce jour-là on ne mangeait pas encore de yuanxiao mais on dédiait des sacrifices au dieu Soleil, alors appelé Premier Empereur ou Seigneur de l'Orient. L'exposition de lanternes est liée au couvre-feu historique. Depuis la dynastie des Zhou, il y a 3 000 ans, il était interdit au peuple de sortir la nuit. Ce règlement rigide ne s'accordait pas avec l'atmosphère de fête du premier mois de l'année. Pour permettre au peuple de se divertir et éviter son mécontentement, autant que pour se divertir eux-mêmes, les gouvernants des Han décidèrent de lever le couvre-feu. Déjà au Ve siècle de notre ère on disposait de lampes à l'huile, à la laque, à l'encens et à la cire. Leur lumière se confondait avec les rayons de la lune et se reflétait sur l'eau. Les gens restaient dehors à admirer les lanternes jusqu'au matin.

Durant la période des Trois Royaumes (220-265), on inscrivait des devinettes sur les lanternes. Celui qui pouvait résoudre l'énigme gagnait un prix.

Sous les Song (960-1279), on prolongea jusqu'à trois ou cinq jours l'exposition des lanternes. Les temples et les familles nobles étaient invités à décorer des tentes de tissus multicolores et de lanternes originales et couteuses. On en trouvait en verre coloré et même en jade blanc, peintes de paysages, personnages, fleurs et animaux.

Puis sous les Ming (1368-1644), la fête des Lanternes vint s'enrichir de spectacles théâtraux. À une époque plus récente se sont ajoutés les feux d'artifice, la danse des barques (en bambou recouvert de tissu, fixées à la taille d'une personne) et diverses activités comme des défilés de mode ou des concours de chant.

Les anciennes coutumes autorisaient les jeunes à deux sorties par an, soit le jour du Qingming, où l'on sortait nettoyer les tombes, et le soir de la fête des Lanternes, où la jeune fille partait à la rencontre de son futur fiancé. Dans plusieurs romans anciens les rencontres se produisent ce soir-là.

La croyance populaire veut aussi que la fête des Lanternes et celle de la pleine lune d'automne soient les seuls où une femme enceinte, grâce à un rituel précis, peut connaitre le sexe de son enfant. Avant minuit, et après avoir fait bruler de l'encens et des bougies sur l'autel des ancêtres, la future mère fait sauter des gâteaux à la poêle en murmurant des prières. Puis, tenant un gâteau dans son dos, elle sort subrepticement de la maison. Les premiers bruits ou paroles qui lui parviendront alors seront des indices révélateurs.

Les lanternes décoratives remontent à deux mille ans en Chine. De nos jours les lanternes ont un caractère social et représentent une occasion de fête. Elles font le bonheur des enfants. Carrées auparavant et maintenant plus souvent rondes, confectionnées en papier fin (souvent rouge), ou en tissu et maintenant d'autres matières, elles représente celui des douze animaux du zodiaque chinois qui gouverne la nouvelle année, des événements ou des personnages historiques, ou des caractères symboliques de vœux. Mais les plus jolies sont à mon avis les lanternes taillées en forme de lotus, celles qui représentent un carrousel avec des chevaux qui tournent, et la classique boule rouge légèrement aplatie, avec ses glands et franges jaune doré.

Au Nord-Est de la Chine a lieu chaque hiver le festival de la Neige et de la Glace. De tous les coins du pays et maintenant du monde entier arrivent des artistes qui sculptent dans la glace des lanternes immenses – des bâtiments, en fait –, éclairées de l'intérieur par des néons colorés.

Le quinzième jour de l'année marque aussi une grande célébration pour les Tibétains. Ainsi, au monastère de Taer, dans la province du Qinghai, au monastère de Johkang, à Lhassa et dans d'autres monastères du lamaïsme en Mongolie intérieure et ailleurs, se tient la fête des Lampes dans toutes les salles du temple assortie d'une exposition de sculptures de beurre coloré. Des dizaines de milliers de personnes y assistent. On exécute à cette occasion un rite religieux pour chasser les démons, appelé « danse en transe ».



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