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CHINE - EUROPE
Publié le 16/12/2008
La diplomatie chinoise doit imposer à l'Europe une ligne rouge à ne pas franchir

Zhang Wenmu, professeur du Centre de recherche stratégique de l'Université Aéronautique
et Astronautique de Beijing

Le fait que le président français Nicolas Sarkozy n'a cessé de défier la Chine sur le dit problème du Tibet a suscité de vifs mécontentements parmi le peuple chinois. Dans ces conditions, la Chine s'est vu obligée de reporter le sommet Chine-Europe avant la rencontre entre Sarkozy et le Dalaï Lama.

Les actions diplomatiques visant à défendre la dignité nationale de la Chine ont toutefois provoqué une clameur générale en Europe, et tout particulièrement en France. Certains français, « étonnés », pensent que la Chine est devenue « inflexible » et « hégémonique ».

Sarkozy inquièterait Napoléon

Sans reconnaître leurs responsabilités, ces beaux parleurs semblent déjà avoir oublié leur propre histoire. Après la fondation de la Ve république, les Etats-Unis avaient oppressé la France dans le but d'affaiblir l'autonomie française en matière de défense nationale et de faire de la France « l'infanterie de l'Alliance atlantique », tout en lui interdisant de fabriquer des armes nucléaires. Charles de Gaulle avait alors décidé de réagir en quittant l'organe militaire de l'OTAN. La France, en tant que puissance occidentale la plus opprimée, était alors le pays du camp occidental le mieux placé pour comprendre le sentiment chinois, à savoir résister fermement à toute hégémonie de l'Occident et sauvegarder son indépendance. En 1964, juste avant que la Chine ne possède l'arme nucléaire, l'opinion publique occidentale faisait tout aussi preuve « d'étonnement ». Toutefois, la France, conduite par le Général de Gaulle, a su briser le blocus diplomatique que l'Occident imposait à la Chine et est parvenue à établir des relations diplomatiques avec ce grand pays asiatique. Aujourd'hui, le dirigeant français oublie les douleurs avant même que les blessures ne soient cicatrisées. La pression américaine persiste mais Sarkozy commence à « saupoudrer de sel » les intérêts centraux de la Chine, le moindre mécontentement des Chinois devient un « problème » aux yeux de Sarkozy, et certains européens commencent, eux aussi, à s'étonner. Tout ceci révèle à quel point la France et l'Europe continuent de poursuivre leurs rêves asiatiques des XVIIIe et XIXe siècles.

Les grands hommes politiques de l'histoire française, tels que Napoléon ou le Général de Gaulle, ont certainement été ceux qui ont le plus respecté la Chine et ont fait preuve de modestie à son égard. A l'inverse, un politicien qui se croit dans son droit fait preuve d'une totale immaturité, tel est le cas de Nicolas Sarkozy. Sa rencontre avec le Dalaï Lama a parfaitement révélé son ignorance de la Chine et de la réalité française. Il s'est uniquement contenté de lâcher des mots en hochant la tête, sans prendre en considération ou en ignorant totalement les intérêts à long terme de la France.

Conscient que l'Europe finirait par se retirer définitivement d'Asie et que l'élan de celle-ci, bénéfique à la France, lui permettrait d'équilibrer la pression constante exercée par la Grande Bretagne, Napoléon avait qualifié la Chine de « lion endormi ». Au début du XIXe siècle, dans le but de se « créer un allié maritime susceptible de mettre tôt ou tard en échec la Grande Bretagne », Napoléon avait vendu la Louisiane aux Etats Unis. Charles De Gaulle a brisé le tabou occidental pour serrer la main de la Chine, également dans l'objectif de soulager la pression qu'il subissait de la part des Américains. Napoléon et le Général de Gaulle avaient, tous deux, compris que c'est uniquement dans l'équilibre mondial pluraliste des pouvoirs que la France aurait un avenir, et, que l'essor de la Chine contribuerait à atteindre cet équilibre.

Certains pensent que la Chine est devenue « inflexible » dans sa réaction face à l'attitude anti-chinoise de Nicolas Sarkozy. En réalité, la Chine n'a fait que ce qu'elle devait faire d'un point de vue diplomatique, ce qui n'a aucun rapport avec l'absence éventuelle de flexibilité politique. Pour la Chine qui ne cesse de défendre sa dignité, la préservation de l'unité nationale est un principe, une ligne rouge à ne pas franchir.

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