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ÉNERGIE-ENVIRONNEMENT
Publié le 20/04/2015
Le désert, source de richesses

 

Le modèle de développement économique mis en œuvre depuis 27 ans

 dans le désert de Kubuqi, dans la région d'Ordos en Mongolie

intérieure, a réussi à transformer le désert en une oasis verte et prospère.

 

Le groupe Elion, dirigé par Wang Wenbiao, est engagé dans la lutte contre la désertification depuis plus de 20 ans. Il a réussi le pari de régénérer et d'améliorer l'environnement du désert de Kubuqi, situé en Mongolie intérieure.

XUE XIAOLE*

Par le passé, les précipitations annuelles dans la région du désert de Kubuqi n'atteignaient que 70 mm. Elles s'élèvent aujourd'hui à 400 mm. Et là où l'on comptait auparavant 80 tempêtes de sable par an, de nos jours ne se produisent plus que 2 à 3 événements climatiques de ce genre . Les espèces naturelles locales, que l'on pouvait compter sur les doigts d'une main, se sont multipliées. D'après Wang Wenbiao, le président du groupe, « la lutte contre la désertification peut générer un PIB de 2 000 milliards de yuans et créer plus d'un million d'emplois. »

Des soutiens de toutes parts

Wang Wenbiao a vu dans le projet stratégique de développement « une Ceinture et une Route » une opportunité : celle d'y intégrer la lutte contre la désertification et la création d'une civilisation écologique.

Il s'est rendu compte que cette Ceinture économique de la Route de la Soie traversait en grande partie le Centre-Ouest de la Chine. Or, le tiers de cette région est désertique. Le taux de désertification au Xinjiang atteint par exemple 64,34 %, celui du Ning-xia 55,8 %, celui de la Mongolie intérieure 52,2 %, celui du Gansu 45,12 % et celui du Qinghai 26,7 %. Le Moyen-Orient et l'Asie centrale, également situés sur la Route, sont aussi touchés par le phénomène. Au Kazakhstan notamment, 66 % des sols sont en train de se détériorer et ce sont plus de 1 800 milliards d'hectares de terres qui sont en train de se transformer en désert, soit la plus vaste zone menacée en Asie centrale. La désertification des sols est un des principaux obstacles au développement de ces régions.

« D'après les analyses d'organismes faisant autorité, sur les 2,6 milliards de mu (1 mu = 1/15 hectare) qui sont en train de se désertifier en Chine, 600 millions peuvent encore être régénérés. Intégrer l'aménagement du désert aux projets stratégiques nationaux permettrait de générer 2 000 milliards de PIB vert et de créer plus d'un million d'emplois, ce qui aiderait également 200 millions de personnes vivant dans les régions désertiques à sortir de la pauvreté », nous explique Wang Wenbiao. Celui-ci espère que plus d'entreprises participent à la lutte contre la désertification et travaillent main dans la main pour renforcer ce domaine.

Wang Wenbiao nous raconte qu'en 20 ans, le groupe Elion, grâce aux soutiens du gouvernement, a amené les groupes Shenhua, OceanWide Construction, Huiyuan et Wanda notamment à lutter contre la désertification en coopération avec la population locale pour améliorer l'environnement naturel, revégétaliser le désert et créer un modèle écologique dans ces milieux désertiques. Cette œuvre a permis de faire travailler en symbiose sur un sujet commun le gouvernement, les entreprises et les populations locales.

Ces entreprises ont également reçu le soutien de plusieurs experts et organisations internationales, notamment de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, du Programme des Nations unies pour l'environnement et l'Organisation météorologique mondiale. Par le biais du Forum international de Kubuqi sur le désert et du Consortium mondial pour l'union des scientifiques spécialisés dans la civilisation écologique, elles ont réussi à créer une synergie de connaissances et de moyens pour obtenir de plus grands résultats.

Changer le sable en or

Dans la lutte contre la désertification, obtenir le soutien de la population locale et rendre cette tâche bénéfique pour celle-ci sont les conditions nécessaires à la réussite du projet. Le groupe Elion s'est servi du modèle de partenariat privé-public pour résoudre les divergences d'intérêts et déterminer clairement le rôle des différents acteurs dans la chaîne industrielle, de sorte que chacun de ceux-ci soit à la fois investisseur et bénéficiaire du projet. De cette façon, les intérêts du groupe et de la population locale coïncident.

Wang Wenbiao nous détaille la situation : « Prenons l'exemple des agriculteurs et des éleveurs qui participent avec nous à la lutte contre la désertification. Auparavant, ils étaient nomades et n'avaient aucune garantie de subsistance. Mais aujourd'hui, ils ont cinq rôles à jouer. Certains louent leurs terres arides et incultivables à des entreprises ou bien deviennent actionnaires de celles-ci. Certains décident d'intégrer ces entreprises pour devenir pépiniéristes par exemple. D'autres créent des infrastructures de loisirs ou de restauration sur leur terrain. D'autres y voient l'opportunité d'y développer la culture ou l'élevage. Enfin, certains deviennent ouvriers et par là même, permettent la création d'entreprises et d'emplois, ainsi que l'augmentation de leur revenu. » Il ajoute : « Les agriculteurs et éleveurs, voyant leur salaire croître, reprennent confiance dans leur région et y sont d'autant plus attachés. Et ils apprécient d'autant plus la vie heureuse et les résultats que leur a apportés l'amélioration de l'environnement. C'est un marché où tout le monde est bénéficiaire. » D'après ses estimations, le salaire local est passé de 2 000 yuans/an il y a 20 ans à 30 000 yuans/an actuellement.

La lutte contre la désertification est une œuvre d'intérêt public, mais elle doit s'appuyer sur des mécanismes de marché et d'industrialisation. Elle attend également un soutien fort de la part de l'État, notamment dans les domaines de la gestion des sols, de la fiscalité, de la finance et de la politique. Wang Wenbiao estime que « le pays devrait entériner les baux de location des terrains désertifiés et allonger la période du bail emphytéotique jusqu'à 70 ou 100 ans. Il est également nécessaire de clarifier l'identité des propriétaires et des individus chargés de fertiliser le désert et de poursuivre un aménagement écologique, tout en encourageant les différentes forces sociales à développer des industries écologiques sur la base de systèmes de marché, pour faire que plus de personnes qualifiées s'investissent dans la végétalisation du désert et les industries connexes. Le but est que le désert reverdisse et que les déserts devenus fertiles ne redeviennent pas sable.

Wang Wenbiao résume le modèle de lutte contre la désertification de son groupe comme le « cycle écologique Elion ». Il a créé un système de valeur centré sur la restauration écologique incluant les concepts de « terre verte » et « ressources vertes », combinés à la finance et à l'Internet. Ce qu'il désigne par « terre verte » est la régénération et dépollution des sols, de l'air et de l'eau par la biotechnologie. Les « ressources vertes », quant à elles, répondent à l'utilisation de la lumière et de la chaleur du désert pour produire de l'électricité photovoltaïque. Enfin, les plates-formes numériques et les instruments financiers donnent de la valeur à cette « terre verte » et à ces « ressources vertes ». « C'est un peu comme transformer le sable en or », résume-t-il.

La Chine a besoin d'un PIB qualitatif

Selon le président du groupe Elion, la lutte contre la désertification ou la lutte contre le smog sont des causes d'intérêt public qui, si l'on s'en donne les moyens, peuvent se transformer en un filon commercial sans limites. L'important étant d'utiliser les lois du marché pour développer ce projet. « Il n'y a qu'en combinant les règles du marché et l'intérêt public que l'on pourra faire progresser activement et durablement la protection de l'environnement. »

« Aujourd'hui, les Chinois attendent deux choses. La première : vivre mieux et gagner plus. Pour cela, il faut développer l'économie. La seconde : la santé et un environnement sain. Il faut donc régler le problème du smog et améliorer l'environnement. Dans cette optique, la lutte contre la pollution et le développement économique doivent se compléter. C'est justement l'un des points centraux de la transformation du modèle économique entamée par le gouvernement chinois », fait remarquer Wang Wenbiao.

Il continue en décrivant les efforts du pays en matière de protection de l'environnement : « D'un point de vue macroéconomique, notre pays se trouve actuellement à un moment crucial où son modèle de développement est en pleine transition. Nous avons besoin d'un PIB qualitatif autant qu'écologique. Les nouvelles normes pour la mise au rancart des outils de production obsolètes, la limitation des émissions polluantes, le renforcement de la surveillance et des normes écologiques, les incitations à développer des techniques de pointe et la promotion des ressources propres... : tout cela est bénéfique pour la lutte contre le smog. » Il poursuit en disant : « On pourra se féliciter de la transformation de l'économie chinoise le jour où le smog aura disparu. »

D'un point de vue microéconomique, non seulement lutter contre le smog ne ralentira pas le PIB, mais crééra un PIB qualitatif. Wang Wenbiao nous raconté 3 expériences concluantes qu'il a menées au cours de sa vie. La première a eu lieu dans le désert de Kubuqi, qu'il s'engage à régénérer depuis 27 ans. Il y a plus de 20 ans, cet endroit était une vaste étendue morte qui ne rapportait rien. Suite à un travail de restauration et de développement, ce désert est devenu aujourd'hui un « cercle économique écologique » intégrant écologie, agriculture, tourisme, santé et énergie. Le PIB généré dans cette zone depuis 27 ans est évalué à 30 milliards de yuans. Le second succès dont il nous a parlé est la technique de filtrage des poussières par brumisation que le groupe Elion a développée. Elle est utilisée à Tianjin, dans le Hebei, le Shandong et le Jiangsu. Cette technologie a permis de porter le rendement des chaudières à charbon traditionnelles à 98 % et leur rendement thermique à plus de 90 %. Les émissions sont égales ou inférieures à celles produites par la combustion du gaz naturel. Cette technologie permet, en plus de réduire les coûts des industries utilisant le gaz ou la chaleur, de réaliser le passage d'un « PIB gris » à un « PIB vert ». La troisième réussite est la popularisation de l'énergie photovoltaïque par Elion, qui utilise les ressources abondantes en lumière et chaleur du désert pour produire de l'énergie propre. On peut dire qu'elle est source d'un « PIB transparent » car il n'y a plus aucune émission. C'est pour ces raisons que Wang Wenbiao croit en la possibilité d'une combinaison harmonieuse entre le devoir de réduction du smog et le pouvoir du développement économique.

*Cet article est extrait du Global Times du 7 mars 2015.

 

Source: le Quotidien du Peuple en ligne

 



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