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Publié le 02/07/2015
Les enfants délaissés, sacrifiés sur l'autel de la croissance ?

Une nouvelle fois à Bijie et une nouvelle fois, ce sont des enfants délaissés qui meurent dans des circonstances tragiques. On se souvient encore de la mort de cinq enfants errants, il y a trois ans : ils avaient allumé un feu dans un conteneur pour trouver un peu de chaleur et ont péri asphyxiés. Le 11 juin, 4 autres enfants de Bijie, dans la province du Guizhou, se sont suicidés en avalant des pesticides. Le problème des enfants délaissés resurgit dans la consternation générale et la douleur.  

Avec le développement socio-économique rapide de la Chine, de plus en plus de jeunes migrants ont gagné les villes pour occuper des emplois non qualifiés, donnant naissance au phénomène particulier des enfants délaissés dans les campagnes. Alors que ces enfants sont dans une étape cruciale de leur croissance, ils ne reçoivent ni l'aide ni le soutien d'un père et d'une mère sur le plan intellectuel et de l'inculcation des valeurs, et sont privés de l'affection parentale. Leur développement psychologique s'en trouve affecté et certains tombent dans la criminalité. La question des enfants délaissés est depuis quelques années devenue un problème saillant au sein de la société.

Un « Livre blanc sur la santé mentale des enfants délaissés (2015) » a été publié le 18 juin, fruit d'une enquête auprès de plus de 2 000 enfants délaissés dans les zones rurales de 6 provinces et régions du Yunnan, du Guangxi, de Guizhou, du Shandong, du Hebei et du Gansu. Sont analysées leur réalité quotidienne et leur situation psychologique : sur les 61 millions d'enfants délaissés dans le pays, 15,1 % (près de 10 millions) ne voient pas leurs parents dans l'année, même durant la Fête du printemps, une période pourtant propice aux réunions familiales. Par ailleurs, 4,3 % de ces enfants ne reçoivent même pas un appel téléphonique de leurs parents dans l'année.

Selon ce livre blanc, si les parents ne peuvent pas assurer au moins une visite trimestrielle, le degré d'instabilité de l'enfant ira croissant, créant des angoisses existentielles, alors que s'ils peuvent téléphoner une fois, voire deux, par semaine, cette angoisse diminuera de façon nette.

La grande majorité de ces enfants délaissés sont gardés par leurs grands-parents, mais ces derniers n'ont pour la plupart pas un niveau d'éducation suffisant, et certains enfants doivent vivre seuls du fait de la mort d'un des grands-parents, voire des deux, accentuant encore plus les problèmes entraînés par le manque d'affection.

Le père des 4 enfants qui ont ingéré des pesticides à Bijie était parti gagner sa vie ailleurs et n'était plus revenu : avant la tragédie, ils avaient perdu tout contact. La mère avait quitté le foyer depuis 3 ans, les grands-parents étaient décédés et les beaux-parents n'avaient pas la capacité de s'occuper de ces enfants qui se sont retrouvés livrés à eux-mêmes.

Le filet de protection familial a disparu : si les filets de protection sociaux et gouvernementaux font sérieusement défaut, ce type de tragédie se multipliera.

Ces dernières années, le gouvernement a pris des mesures visant la question des enfants délaissés. Le ministère de l'Education a par exemple promulgué des règlements qui garantissent la scolarité obligatoire des enfants délaissés. Le ministère de la Sécurité publique a rapidement mis en place la réforme du système de résidence et dans de nombreux endroits, les certificats de résidence provisoire ont été transformés en certificats de résidence permanente. Les autorités locales ont aussi pris des mesures dans le Hunan et le Jiangsu notamment, la protection des intérêts spécifiques des enfants délaissés a été inscrite dans les règles d'application de la Loi sur la protection des mineurs et d'autres réglementations dans ce domaine. A Bijie, après la mort des 5 enfants en 2012, une enquête avait été menée pour chaque cas, résultant en la création d'un fonds spécial d'assistance, avec des mesures de soutien individuel.

Reste qu'aujourd'hui, tout cela ne sera jamais aussi efficace que de déployer tous les efforts pour que les enfants et leurs parents vivent ensemble. L'accélération du développement local et l'accroissement des emplois de proximité permettront aux enfants délaissés de réaliser leurs aspirations, de vivre avec leurs parents. Ce qui vient de se passer à Bijie est un nouvel avertissement : les enfants délaissés ne peuvent pas être sacrifiés sur l'autel du développement effréné.

 

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