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Publié le 29/06/2015
Li Yizu, l'amour du Xinjiang

 Song Li

    

Avec ses yeux renfoncés, son nez aquilin et ses cheveux grisonnants, il est difficile d'imaginer que Li Yizu est né en Chine. Pourtant, ces doutes s'estompent dès qu'il ouvre la bouche et parle dans le dialecte typique de Beijing. Li Yizu a vécu et travaillé pendant plus de quarante ans au Xinjiang. Quarante années, qui ont nourri l'amour profond qu'il porte pour cette région.

  
Un Chinois qui n'en a pas l'air    

Dans la vie de tous les jours, Li Yizu arbore un sourire radieux sur son visage, mais dès que quelqu'un le prend pour un « laowai » (étranger), celui-ci s'empresse de s'expliquer en longueur et de prouver qu'il est Chinois.

« Je sais juste que je suis né à Tianjin en 1938. Je n'ai jamais connu mes parents biologiques, mais mes parents adoptifs m'ont élevé à Beijing, c'est là que j'ai grandi. » Ses parents adoptifs constituent sa seule famille : « Je n'ai aucune information sur mes parents biologiques et je n'ai aucune idée de quel pays ils ont pu être. »

Régulièrement, certaines personnes disent en rigolant à Li Yizu, qu'il doit être Américain ou Allemand, mais à chaque fois, celui-ci les corrige en souriant en leur disant : « Je suis Chinois. »

En 1961, Li Yizu sort diplômé de l'Institut de Géologie de Beijing avec une spécialisation en études et prospection géologiques. Il aurait dû travailler à Beijing, mais il fit par deux fois la demande pour aller travailler dans le Xinjiang, qui était alors une région relativement peu développée : « Je suis né et j'ai grandi en Chine. Je voulais mettre mes connaissances à contribution pour ma patrie et aller là mon pays en avait le plus besoin. »  
    

La découverte du Xinjiang

Lorsqu'il arrive au Xinjiang, Li Yizu intègre l'équipe 156 du bureau de gestion de l'industrie charbonnière de la région et travaille en prospection. Il passe alors beaucoup de temps sur le terrain avec ses collègues, à cheval ou en voiture. Pendant plus de vingt ans, muni d'une tente et d'une veste en cuir, il parcourt la région par monts et par vaux, jusqu'à la préfecture tibétaine de Ngari, juchée à plus de 5 000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Année après année, jour après jour, Li Yizu s'imprègne progressivement des données de l'industrie charbonnière. Malgré la difficulté du travail, il garde des souvenirs chaleureux de la simplicité et de l'hospitalité des habitants du Xinjiang, qui lui firent profondément aimer cette région.

Pendant l'hiver 1964, alors que le jeune Li Yizu part d'un lieu de production pour se rendre dans la ville de Jeminay, celui-ci se perd et ne parvient pas à retrouver son chemin. Accablé par la faim et le froid, il finit par aller frapper à la porte d'une maison qu'il aperçoit dans la vallée. Il tombe alors sur une famille kazakhe en train de manger et dont, par chance, la fille parle un peu le mandarin. En s'aidant de gestes, ils finirent par comprendre la situation et se dépêchèrent de lui servir un verre de thé brûlant, ainsi qu'un délicieux repas, et l'invitèrent à partager leur logis pour y passer la nuit. Cet accueil traditionnel, à une époque où les richesses matérielles étaient restreintes, représente bien le respect que les bergers kazakhs portent à leurs invités : « Ce bol de thé n'a pas seulement réchauffé mon corps, mais il m'a également réchauffé le cœur. » Le lendemain, Li Yizu voulut dédommager son hôte avec de l'argent et des coupons alimentaires, mais celui-ci refusa et lui montra même un raccourci pour retourner à la ville. Lorsque que Li Yizu dut retourner sur le lieu de production, il fit un détour spécialement pour retourner voir cette famille, leur apporter du sucre et du thé, et c'est à ce moment qu'ils devinrent amis.

Lors d'un travail dans la préfecture de Tourfan, Li Yizu eut à nouveau l'occasion d'être touché par la population locale. Li Yizu et ses collègues étaient en voiture sur une route en mauvais état et leur voiture se retrouva embourbée. Ils n'avaient d'autre choix que d'aller demander de l'aide aux populations locales et allèrent donc frapper à la porte d'une maison ouighoure où il n'y avait que des personnes âgées et des enfants. Alors que Li Yizu allait s'en aller, on l'appela. Après avoir expliqué la situation, la famille toute entière sortit de la maison pour les aider et au terme de maints efforts, la voiture fut tirée de son bourbier. La route étant inexistante un peu plus loin, la mère de la famille fit accompagner Li Yizu et ses collègues par son fils. Ils purent ainsi atteindre à pieds l'endroit qu'ils recherchaient et terminer leur travail sans encombre.

Pendant toutes ces années passées au Xinjiang, Li Yizu fut touché par l'enthousiasme et l'honnêteté de ses concitoyens, qui le poussèrent à rester vivre dans cette région et à lui dévouer la fougue de ses jeunes années.

La transmission

Au début des années 80, Li Yizu devint directeur de l'école relevant du Département du charbon du Xinjiang (qui est aujourd'hui devenue l'Ecole secondaire 41 d'Ürümqi). Il fut par la suite transféré au Bureau de l'Education d'Ürümqi.

En 1998, Li Yizu prit sa retraite, mais il n'arrêta pas pour autant de s'activer et s'engagea pour les générations suivantes en devenant le directeur executif adjoint du Comité de travail d'Ürümqi pour les nouvelles générations et fut engagé comme membre dans une équipe de conférenciers pour écoliers et collégiens. Dès lors, il prit à cœur la responsabilité d'enseigner aux nouvelles générations.

Dans les mains de Li Yizu, de vieux transformateurs, des aimants et des canettes usagées deviennent en deux temps trois mouvements, une « poupée mobile » ou encore un « avion magnétique », permettant de stimuler la curiosité des enfants, qui peuvent ainsi se poser mille questions sur ces « déchets ». Li Yizu profite alors de cette occasion pour parler de la créativité, des inventions et des changements que tout cela peut apporter à l'humanité. Li Yizu parle avec entrain et les enfants l'écoutent avec attention.

Li Yizu a étudié la géologie, mais ne se cantonne pas uniquement à cette matière lors de ses leçons. Parmi la vingtaine d'enseignements qu'il prend en charge, dont l'astronomie, la géographie, l'environnement et le droit, la science reste cependant son point fort. Ses conférences sur les thèmes « Les inventions ne sont pas un mystère » et « Chacun peut devenir inventeur » ont chacune remporté un franc succès. Il fit également une conférence intitulée « Passer la porte de l'innovation » pour les professeurs conseillant les écoles primaires et secondaires dans le domaine des sciences et des technologies.

Dans les régions pastorales, Li Yizhu enseigne aux enfants kazakhs, leur explique pourquoi les intestins de moutons développent parfois des petits trous et comment faire pour y remédier. Pendant les camps d'été, il parle des techniques de survie en pleine nature en se basant sur sa propre expérience, de ce qu'il faut faire en cas de danger et des techniques de premiers soins. A l'école, il fit même une session particulière avec les parents sur « les principes de base de l'éducation familiale ». Au total, Li Yizu a donné en 17 années près de 795 cours magistraux, auxquels ont participé près de 375 000 personnes.

Li Yizu est toujours resté très occupé. Entre juillet 2011 et octobre 2014, il participa, à plus de 70 ans, au tournage du programme de CCTV « Géographie de la Chine », qui permit aux téléspectateurs chinois de découvrir la beauté du Xinjiang. Il arpenta les Monts Tianshan d'Est en Ouest et du Nord au Sud, afin de capturer la majesté des montagnes célestes. Pendant cette période, Li Yizu en profita pour prendre plusieurs milliers de photographies, qui devinrent par la suite une base précieuse pour populariser les sciences de la terre et présenter la beauté de cette région.

Presque sans s'en rendre compte, Li Yizu vécut et travailla pendant 46 années au Xinjiang : « Je me suis habitué à cet endroit et aujourd'hui, où que j'aille, je trouve que ce n'est jamais aussi bien que le Xinjiang ! Lorsque je travaillais dehors dans la nature, les conditions n'étaient pas très bonnes et ma femme s'inquiétait pour ma sécurité. Maintenant, avec les téléphones portables, ça va mieux. Quand je vais quelque part, je l'appelle à mon arrivée pour lui dire que je suis bien arrivé. Aujourd'hui, je reçois mes instructions le matin et rend mon rapport le soir! ».

Et Li Yizu de conclure : « Au Xinjiang, la nature est vraiment belle et les gens sont encore plus beaux. J'aime cet endroit, j'aime les gens d'ici et je souhaite continuer à vivre ici. »


 

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