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Publié le 23/06/2015
La réglementation « la plus stricte de l'histoire »

Zhang Zhiping

Le 1er juin est entrée en vigueur la nouvelle mesure de restriction du tabagisme dans les lieux publics de Beijing. Qualifiée de mesure « la plus stricte de l'histoire », elle implique l'interdiction totale de la cigarette dans les espaces publics clos, comme les aéroports, ou encore les gares routières et ferroviaires. Il sera également interdit de fumer dans les espaces extérieurs des jardins d'enfants et des écoles primaires et maternelles. Pour certains internautes, il n'y a désormais « plus que chez soi qu'il est possible de fumer sans risquer une contravention ».

Le tabagisme est une habitude de consommation,  qui influence la vie des Chinois à de nombreux niveaux. Pourra-t-il vraiment disparaître des lieux publics ? Cette mesure « la plus stricte de l'histoire » peut-elle devenir la mesure « la plus efficace de l'histoire » ? Sur ce sujet, de nombreux doutes subsistent.

D'après les statistiques de la Commission nationale de la Santé et de la Planification familiale, le nombre de fumeurs en Chine dépassait, en 2014, les 300 millions de personnes et 740 millions de personnes étaient exposées au tabagisme passif. Par ailleurs, près de 1,4 million de personnes décèdent chaque année de maladies liées au tabagisme (dépassant le total des décès liés au SIDA, à la malaria et à la tuberculose), dont environ 100 mille du fait du tabagisme passif. Si aucune mesure efficace n'est mise en œuvre, le nombre de décès pourrait grimper à 3 millions d'ici 2050.

La question de savoir comment interdire le tabagisme dans les lieux publics a toujours été une question épineuse. Dès 1979, la Chine a commencé à promulguer toutes sortes de mesures pour interdire la cigarette. Au cours des 30 années qui ont suivi, ces mesures n'ont cessé de s'étendre et de s'affiner. Près de la moitié des villes de Chine ont mis en place des réglementations locales pour interdire le tabagisme dans les lieux publics.

En 1995, Beijing interdit le tabagisme dans les lieux publics et le 1er mai 2008, de nombreuses réglementations étendant cette mesure furent mises en œuvre. Celles-ci n'ont cependant pas été appliquées à la lettre et les fumeurs furent tolérés dans de nombreux endroits publics, et parfois même dans les zones où l'interdiction de fumer était clairement identifiée par un panneau.

La raison pour laquelle ces interdictions ont échouées de manière récurrente, se trouve en partie dans le fait que le tabagisme est passé d'une habitude individuelle à un phénomène culturel. En effet, l'hospitalité en Chine s'accompagne souvent d'alcool et de cigarettes, qui sont un élément important des échanges entre les Chinois. Dans les bars, les restaurants, les hôtels ou tout autre lieu public, on s'offre mutuellement des cigarettes. Cette habitude est perçue comme le moyen le plus simple et le plus direct de contact social et permet de rapprocher les individus. Le tabac est également une source de revenus importante dans beaucoup d'endroits en Chine, ce qui explique le manque de zèle de nombreuses localités à appliquer strictement ces mesures. Toutes ces raisons ont fait du contrôle et de l'interdiction du tabagisme un processus long et complexe. La force des mesures dépendant de chaque département et de chaque individu, il est au final difficile pour elles d'être vraiment efficaces.

Avec les dispositions prises par les agences de la Santé de Beijing, le large soutien des médias et les initiatives personnelles des commerces, il semble cependant que l'espoir renaît dans la population. Quinze jours après la mise en place de cette nouvelle mesure, 3 établissements n'ayant pas respecté la nouvelle mesure ont été contraintes de payer pour un total 6 000 yuans d'amende et 5 personnes durent s'acquitter d'une contravention de 50 yuans chacune.  

Afin de mettre en place un environnement sans tabac, il est nécessaire de combiner la « mesure la plus stricte de l'histoire » à une application rigoureuse, indissociable d'une participation volontaire de la population. Plus l'interdiction de fumer dans les lieux publics se fait tardivement, plus la santé de la population sera en danger. Il est à espérer que cette mesure de contrôle permettra de réaliser une avancée significative et d'accélérer le rythme global de la restriction du tabagisme en Chine.

 

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