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Publié le 18/06/2015
Lutter contre le braconnage

Yuan Yuan

18 mai: des produits d'ivoire confisqués par la douane de Hangzhou

 (crédits photo: XINHUA)

Le 29 mai, près de 660 kg d'ivoire issu du braconnage, dont des cornes à l'état brut et des pièces sculptées, furent réduits en miettes dans une opération publique devant le Centre de Secours et de Réhabilitation écologiques de Beijing. C'est la 3ème fois qu'est organisé ce genre d'événement en Chine, après que 6,1 tonnes furent détruites à Dongguan et 28 tonnes à Hongkong, en 2014.

Pour le directeur de la State Forestry Administration, Zhao Shucong : « Cet événement montre la résolution du gouvernement chinois à faire progresser la société écologique, à préserver la nature et à combattre le commerce illégal de ses produits, notamment l'ivoire. »

Une destruction qui fait débat

C'est le Kenya qui, en 1989, incinéra pour la première fois les produits saisis issus du braconnage, mais de nombreux pays suivirent son exemple. « Ces deux dernières années, la Belgique, le Tchad, la République du Congo, l'Ethiopie, la France, le Gabon, les Philippines, les Emirats arabes unis et les Etats-Unis, ont tous procédés à la destruction de l'ivoire illégal qu'ils avaient pu confisquer », explique John Scalon, secrétaire général de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES).

Cette convention, entrée en vigueur le 1er juillet 1975 et également appelée Convention de Washington, est un accord intergouvernemental. Elle a pour but de garantir que le commerce international de spécimens d'animaux ou de plantes sauvages ne menace pas leur existence.

Dans une enquête réalisée par la Wildlife Conservation Society basée à New York, plus de 50 % des personnes interrogées après l'opération d'incinération du 29 mai, soutenaient la destruction de l'ivoire de braconnage pour lutter contre le trafic, contre 20 % estimant que cette solution n'était pas idéale.

Zhou Mingguang, un étudiant de l'Université des Communications de Chine s'interroge : « Ces produits en ivoire coûtent cher. Pourquoi ne pas les vendre et utiliser l'argent pour protéger plus d'éléphants? Des milliers d'éléphants ont été tués par des braconniers pour leur ivoire et le gouvernement a engagé de grands efforts pour le récupérer. Cela semble absurde de le détruire. »

« Aucune nation n'est autorisée à vendre l'ivoire saisi selon la Convention de Washington, explique cependant Zhao Shucong. Le coût pour sécuriser les réserves d'ivoire est important et il est difficile d'empêcher les vols. On court ainsi le risque que les biens saisis se retrouvent à nouveau sur le marché. Pour les pays, dont les réserves d'ivoire de contrebande représentent un coût financier et sécuritaire important, la destruction de ces réserves permet de réduire les coûts et d'empêcher les vols. »

Aujourd'hui, l'ivoire autorisé pour le commerce en Chine ne peut provenir que de deux sources : celui qui est importé des pays qui se sont joints au CITES en 1981 ; et les 62 tonnes d'ivoire brut africain, que la Chine a acquises en 2008.

Cette année-là, la Chine et le Japon furent autorisés à acheter un total de 115 tonnes de défenses en provenance de quatre pays d'Afrique, dans le but de promouvoir le commerce légal dans ces pays et d'enrayer le braconnage. Cependant, les résultats ne furent pas prometteurs. Le directeur de Fish and Wildlife Service, Daniel Ashe, explique ainsi la situation : « L'apport sur le marché légal de tout cet ivoire a créé un écran de fumée pour le commerce illégal et rendu la poursuite en justice des criminels plus difficile. »

Pour Scanlon, « la destruction de l'ivoire d'éléphant confisqué à Beijing ne mettra pas un terme au commerce illégal de l'ivoire. Cependant, cela permet au moins de garantir que jamais personne ne profitera de cette contrebande et, avec la saisie d'ivoire et la condamnation des coupables, cela permet d'envoyer un message fort, que la Chine ne tolérera pas ce commerce illégal. »

 S'engager dans la lutte

En 2012, Yao Ming, la star chinoise de la NBA, s'est rendu au Kenya et en Afrique du Sud pendant 12 jours avec Peter Knights, le directeur exécutif de WildAid. Au cours de cette expédition, ils furent le témoin de la situation désastreuse dans laquelle se trouvent les animaux sauvages.

Les braconniers sont de mieux en mieux équipés. Certains possèdent des mitraillettes, des lunettes à infra-rouges et parfois même des hélicoptères. Les pays, qui abritent des éléphants sauvages, peuvent difficilement se mesurer à des forces si nombreuses et si bien équipées, et cette situation menace également les communautés locales qui coexistent avec les animaux.

L'ensemble de cette expédition fut à l'origine d'un documentaire intitulé « The End of the Wild », diffusé à la télévision chinoise. Dans celui-ci, Yao Ming explique clairement son intention : « Je crois que les gens se souviendront de ces images. C'est pour cela que nous sommes là : pour montrer à tout le monde la réalité. »

En avril 2013, Yao Ming lança deux campagnes « Dites non à l'ivoire » et « Dites non aux défenses de rhinocéros », en association avec les fondations Wildaid, African Wildlife et Save the Elephants. Avant cela, Yao Ming avait déjà participé à une campagne avec WildAid, visant à réduire la demande chinoise d'ailerons de requin. Il était apparu dans de nombreux messages sur le service public, à la télévision, dans les métros, les gares ferroviaires et les aéroports, et toucha ainsi des centaines de millions de consommateurs à travers toute la Chine.

Une enquête en 2013 a montré que 85 % des personnes interrogées à Beijing, Shanghai, Guangzhou et Chengdu avaient arrêté de manger de la soupe d'ailerons de requins entre 2010 et 2013. Parmi elles, 65 % citent les campagnes publiques de prise de conscience comme l'une des raisons qui les ont poussées à arrêter.

Le 26 février, la Chine a annoncé la mise en place d'une interdiction d'une année sur les importations d'ivoire sculpté africain. Dans un communiqué sur son site internet, la State Forestry Administration explique que cette décision vise à protéger les éléphants d'Afrique et que la durée d'une année doit permettre d'en évaluer les effets.

D'après la réglementation, l'ivoire brut d'éléphant et ses produits doivent être manufacturés dans des endroits déterminés, et vendus dans des magasins accrédités. Par ailleurs, la traçabilité doit être garantie pour chaque pièce, grâce à une photo d'identité unique enregistrée dans une base de données.

Zhao Shucong annonçait le 29 mai : « En même temps qu'il promeut la civilisation écologique de manière globale, le gouvernement chinois souhaite participer à la coopération internationale de manière plus active, fournir un soutien aux pays africains pour la protection des éléphants et contribuer ainsi à préserver la sécurité écologique mondiale. »

 

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