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Publié le 16/06/2015
Un Ouïgour à Jinhua

 
Kahaer Baixier

Originaire de la ville d'Aksou dans le Xinjiang, Kahaer Baixier a ouvert en 2008 une école d'anglais pour enfants à Jinhua, dans la province du Zhejiang : le Kid's Harbor English Club. Cela fait près de 15 ans que le  jeune Ouïghour s'est installé à Jinhua, mais il n'a jamais cessé de promouvoir à chaque instant l'image de sa région d'origine. 

 

 « Les chants et danses folkloriques ne sont pas les seuls symboles du Xinjiang »

 

 Dès son plus jeune âge, Kahaer fut envoyé dans une école, où l'enseignement s'effectuait en mandarin. Au cours du premier cycle de l'enseignement secondaire, il fut initié à la langue anglaise. Doué pour la langue et travaillant durement, Kahaer brilla très rapidement dans cette matière et obtint de bonnes notes à l'examen d'anglais.

 En 2000, Kahaer fut admis à l'Institut N°2 des ethnies du Nord-Ouest. Pour améliorer son niveau d'anglais, il suivit avec attention l'ensemble des cours que les enseignants étrangers donnaient, non seulement à sa classe mais également aux autres classes. Pendant son temps libre, il invitait les professeurs étrangers à jouer au basket, à se promener dans la rue, ou encore à aller manger au restaurant, afin d'avoir des occasions de pratiquer son oral.

 A l'hiver 2002, Kahaer invita des enseignants étrangers à passer les vacances d'hiver chez lui dans la ville d'Aksou, et put leur tenir compagnie pendant que ceux-ci écumaient les bazars ou s'initiaient à la nourriture locale.

 « Nous apprenons des langues étrangères, mais nous devons également présenter aux étrangers la culture chinoise, la culture plurielle et diversifiée du Xinjiang, ainsi que les us et coutumes des diverses ethnies qui composent notre Nation », nous explique-t-il. Les professeurs étrangers firent de nombreux éloges à l'égard de la région, de sa gastronomie et de ses paysages, de vastes déserts et des steppes sans fin. A leur retour, ils partagèrent avec leurs amis quelques spécialités locales et les photos qu'ils y avaient prises. 

Au cours de ses études universitaires, Kahaer participa à de nombreuses activités artistiques sur le campus et fonda un groupe de musique, dans lequel il jouait du tambour. Kahaer ne veut cependant pas que les chants et danses folkloriques deviennent les seuls symboles du Xinjiang : « Il y a beaucoup de choses intéressantes dans cette région : ses coutumes, ses paysages ou encore son histoire et sa géographie ». Et pour lui, l'école d'anglais, qu'il a basée à Jinhua, représente également une certaine image de sa région natale. 

A la suite de ses études universitaires en 2004, Kahaer travailla pendant quatre années consécutives en tant qu'enseignant dans des établissements de formation d'anglais, basés à Beijing et à Yiwu.  

Kahaer caressait cependant l'espoir d'ouvrir un jour sa propre école et en 2008, ce rêve devint, grâce à un ami, une réalité.

Le jeune Ouïgour se remémore le soutien de son ami avec émotion : « Il m'a dit qu'il avait le sentiment que j'étais une personne sincère et fiable. C'est pourquoi il a décidé de m'aider, sans se soucier des risques. » 

 

 « Le plus important est de faire de mon école la meilleure école d'anglais en Chine, en matière d'éthique sociale »

 

Les vacances d'été représentent la haute saison pour les établissements de formation. Pendant les vacances d'été 2014, Kahaer a lancé un stage à 1 yuan. Cette initiative « folle », considérée par des parents d'élèves comme « inimaginable », a attiré l'attention sur son école. 

Au départ, certains parents lui téléphonaient en n'y croyant pas, mais Kahaer suivit sa volonté et au final, plus de 500 enfants passèrent leurs vacances d'été au Kid's Harbor English Club, en versant chacun seulement un yuan.

« Il nous est impossible d'accueillir tout le temps dans notre école les enfants issus de familles à faible revenu, mais mon objectif était de faire comprendre aux enfants, qu'il ne fallait pas craindre de parler l'anglais. » Kahaer est très reconnaissant à ses parents de l'avoir encouragé à apprendre le mandarin dans son enfance, qui lui a permis par la suite d'aller voir au-delà de cette région.

Après sept ans de développement, son école d'anglais est aujourd'hui profondément enracinée à Jinhua. Pendant cette période, Kahaer est seulement rentré au Xinjiang trois fois à cause de son travail, ce qui le rendait souvent triste. Grâce à ses efforts inlassables, le Kid's Harbor English Club est devenu la plus grande école d'anglais locale, le succès du stage à un yuan ayant largement contribuée à sa célébrité. Les parents d'élèves sont unanimes face à l'ardeur et la sincérité de ce jeune Ouïgour. Certains d'entre eux envisagent même d'emmener un jour leur enfant au Xinjiang.

Un dicton chinois dit : « Il faut se marier avant d'avoir une carrière brillante ». Mais à 34 ans, Kahaer est toujours célibataire et peine à trouver une compagne. « Le problème à Jinhua, c'est que je n'ai pas suffisamment de revenus, mais j'espère réussir à trouver quelqu'un dans mon village natal. »

Parlant de la valeur personnelle, Kahaer estime : « Je suis capable d'influencer la vie de plus de 500 enfants, c'est cela ma richesse. A l'avenir, je compte décliner le stage à 1 yuan dans toute une série d'activités thématiques, permettant de bénéficier à davantage d'enfants. »

 « J'aimerai pouvoir prendre ma retraite à 50 ans et qu'à ce moment-là, mon école soit devenue une franchise. La rentabilité n'est pas mon premier critère. Le plus important est de faire de mon école la meilleure école d'anglais en Chine en matière d'éthique sociale, parce qu'il est impossible d'obtenir à la fois plusieurs belles choses. » Kahaer rêve d'ouvrir une centaine d'écoles en Chine, notamment au Xinjiang, afin d'y apporter ses idées progressistes en terme d'éducation et de bénéficier aux enfants des familles rurales. 

Pour le moment, Kahaer nourrit deux projets : l'organisation de visites du Xinjiang pour les habitants du Zhejiang, pour montrer les changements considérables réalisés dans la région ; et l'organisation d'échanges entre les enfants de Jinhua et d'Aksou. 

Chaque année, Kahaer réalise une carte postale pour les enfants de son école. Celle de 2015 porte sur l' « harmonie » et pose la question : « Une école incapable d'inculquer la valeur de l'harmonie à ses élèves mérite-t-elle de parler d'éducation ? » Pour lui, l'harmonie est une force et Kahaer espère faire comprendre aux enfants l'importance du partage et de l'entraide. Dans sa carte, il n'oublie également pas d'exprimer ses meilleurs vœux de santé, de paix et d'harmonie à ses parents et à sa région natale. 

 

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