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Publié le 27/02/2015
Shanghai et la « nouvelle normalité »

Zhang Zhiping

Le rythme de la croissance économique a toujours été l'indicateur principal de la performance des autorités à divers échelons. Chaque année, lors des « deux sessions annuelles » au niveau national ou local, la détermination de l'objectif de croissance économique suscite l'intérêt des médias. Il n'apparaît cependant pas dans le rapport de travail des autorités qui vient de clôturer les « deux sessions annuelles » locales. Shanghai devient donc la première ville chinoise omettant le PIB dans son rapport des activités gouvernementales, une initiative très remarquée en Chine.      

Lors de la présentation du rapport le 25 janvier 2015, le maire de Shanghai, Yang Xiong, plutôt que d'aborder les prévisions de croissance du PIB pour cette année, a formulé son souhait de « maintenir la croissance stable de l'économie, continuer à optimiser la structure, élever davantage le rendement et la qualité, afin de synchroniser l'accroissement des recettes budgétaires et la croissance économique ».

A vrai dire, les inconvénients de cette passion excessive pour le PIB s'avèrent de plus en plus évidents depuis ces dernières années. Certaines autorités locales se concentrent uniquement sur la croissance économique, allant jusqu'à négliger les conditions de vie de la population et sacrifier l'environnement. C'est très dangereux pour la stabilité sociale. Pour remédier à cette situation, en 2014, le secrétaire général du CC du PCC Xi Jinping a proposé le concept de la « nouvelle normalité » du développement économique.

Son idée, c'est que l'économie chinoise dise adieu à l' « ancienne normalité », qui se caractérisait par une croissance trop élevée, une surchauffe économique et un développement non durable, afin de remédier aux tensions qui en résultent, à savoir l'aggravation de la pollution, l'accentuation des contradictions sociales et l'intensification de la pression internationale.

La tendance est à l'atténuation de l'indicateur. Comme on s'y  attendait, la baisse des prévisions de croissance, du gouvernement central aux autorités locales, et le passage d'une grande vitesse à une vitesse grande et moyenne de croissance sont une caractéristique de cette « nouvelle normalité ». Elle sous-entend le changement radical du concept de développement et du critère d'évaluation de la qualité du travail des fonctionnaires. 

Avant la tenue de ces deux sessions annuelles, certains districts de Shanghai comme Pudong et Jing'an avaient déjà supprimé leurs objectifs de croissance du PIB pour 2015, tout en mettant l'accent sur la qualité et l'efficacité du développement économique. D'autres provinces et villes relevant directement du gouvernement central ont aussi suivi l'exemple de Shanghai en tenant leurs deux sessions annuelles : Beijing a diminué son objectif de croissance du PIB à 7%, contre celui de 7,5% prévu dans le rapport des activités gouvernementales de l'année dernière. L'objectif de la province du Hebei, fixé l'année dernière à 8%, a été réduit à 7%  et celui de la province du Zhejiang est passé de 8% à 7,5%. Les régions de l'ouest du pays ont aussi ralenti leur rythme de croissance : la municipalité de Chongqing est passée de 11% à 10% ; la région autonome Hui du Ningxia, de 10% à 8%  et la région autonome ouïgoure du Xinjiang, de 11% à 9%.

De plus, la municipalité de Shanghai a aussi relevé son degré d'exigence à l'égard de la gestion sociale et de la capacité de réforme. Il faut par exemple que les « investissements dans la protection de l'environnement soient maintenus à 3% du PIB de la ville », que « le taux de chômage urbain enregistré soit inférieur à 4,5% » et que « le nombre des brevets d'invention atteigne 26 pour 10 000 habitants ».

En diminuant son taux de croissance du PIB, la municipalité de Beijing a souligné qu'en 2015, la dépense destinée à la recherche et au développement allait représenter 6% du PIB local. La consommation en énergie, en eau ainsi que les émissions de CO2 pour 10 000 yuans de production vont respectivement diminuer de 2%, 4% et 2,5%, alors que la teneur annuelle des microparticules dans l'air va baisser de 5%.

Les indicateurs incontournables, comme ceux relatifs à l'environnement, aux conditions de vie et la croissance des revenus, sont plus concrets et plus scientifiques quant à l'évaluation des performances des fonctionnaires. Le fait que des autorités locales rabaissent leur taux de croissance implique que le remplacement de la grande vitesse de croissance à deux chiffres par la vitesse grande et moyenne de 7 à 8% deviendra la norme.

La « nouvelle normalité » n'est pas synonyme d'un faible rythme de croissance, mais consiste à la maintenir à une vitesse grande et moyenne, pour qu'elle possède une structure plus rationnelle, affiche un rendement plus élevé et que le prix à payer soit le plus bas.

Il est à noter que ce n'est pas à partir de cette année que Shanghai a atténué l'indice du PIB. En janvier 2014, Yang Xiong avait déjà fait savoir que la municipalité ne se souciait guère du taux de croissance du PIB, mais attachait une plus grande importance à la création de la zone de libre-échange de Shanghai, notamment avec l'amélioration de la fonctionnalité des services et la concentration des institutions fonctionnelles. Il en ressort que Shanghai est déjà passée à l'action pour éliminer cette obsession à l'égard du PIB, au lieu de se contenter de témoigner verbalement de sa ferme volonté.

Dans le rapport des activités gouvernementales de Shanghai, on peut aussi remarquer, derrière la définition du développement économique, un système d'indicateurs plus scientifiques, plus rigoureux et plus aptes à l'évaluation de la qualité du travail des fonctionnaires, comme la proportion des investissements destinés à la recherche et au développement dans le PIB, la quantité de brevets d'invention pour 10 000 habitants, le taux de chômage urbain enregistré, le pourcentage de fonds alloués à la protection de l'environnement par rapport au PIB, etc. Ces indicateurs qui étaient auparavant noyés dans les chiffres du PIB finissent par faire surface, devenant des repères fondamentaux pour l'évaluation du développement économique.

En l'espace d'un an, Shanghai a réussi ses préparatifs marquant la transition vers le nouveau concept du développement en lançant le projet pilote de la zone de libre-échange. Les conditions étaient donc mûres pour l'annulation de l'objectif du PIB cette année. Mais le vrai objectif n'est pas de supprimer l'indicateur du PIB, mais de réaliser la restructuration économique. Certes, l'initiative de Shanghai ne peut pas être reproduite, mais elle joue un rôle d'exemple et mérite d'être étudiée dans les autres régions du pays.

 

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