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Publié le 02/02/2015
Applaudissons la chute de la Bourse de Shanghai

Lan Xinzhen

En dehors d'un marché de Bons du Trésor très actif, deux marchés d'actions principaux coexistent à la Bourse de Shanghai (SSE - Shanghai Stock Exchange) : un marché A, principalement réservé aux investisseurs chinois et sur lequel les cotations se font en Renminbi (RMB), et un marché B, ouvert aux investisseurs étrangers depuis 2001 et sur lequel les cotations sont réalisées en dollars US. Après avoir connu une tendance à la hausse sur l'ensemble du 2ème semestre 2014, le marché A a finalement chuté le 19 janvier. Près de 90 % des quelque 2 300 actions échangées sur ce marché ont été frappées par une baisse, dont 10 % atteignant le seuil de variation à la baisse, qui n'a épargné ni les sociétés de bourse, ni les banques, ni les assurances. Face aux cris de certains investisseurs, personnellement, je me réjouis. Ce n'est pas que mon cœur porte en lui de sombres desseins, mais plutôt que j'y vois là l'intervention de la Commission de contrôle boursier de Chine (CCBC) pour un développement sain du marché boursier. Je ne peux pas ne pas applaudir, lorsqu'il s'agit d'éliminer les mauvaises pratiques et de promouvoir les bonnes.

Mais regardons tout d'abord ce qui a conduit à cette hausse du marché. L'analyse du SSE Composite Index - l'indice boursier le plus utilisé pour refléter la performance du marché de la bourse de Shanghai - montre que cette hausse du marché A a débuté à la fin du mois de juillet 2014 avec le lancement du projet « Hong Kong-Shanghai Stock Connect », permettant de relier la SSE à la Bourse de Hongkong (HHSE). Dans le sens de transaction de Shanghai vers Hong Kong (canal Sud), les investisseurs chinois peuvent passer des ordres sur 266 titres cotés à la HHSE, dans la limite d'un quota journalier d'achats de 10,5 milliards de RMB et d'un quota global de 250 milliards de RMB. Dans le sens de transaction de Hongkong vers Shanghai (canal Nord), les investisseurs internationaux peuvent passer des ordres sur 568 titres cotés à la SSE, dans la limite d'un quota journalier d'achats de 13 milliards de RMB et d'un quota global de 300 milliards de RMB.

Lorsqu'en avril 2014, les autorités concernées avaient annoncé ce rapprochement, le marché restait encore dubitatif et dans l'expectative face à l'ouverture du marché A aux capitaux étrangers. A la fin du mois de juillet, les annonces progressives des régulations à venir et de la mise en place du programme pilote ont engendré un intérêt croissant des capitaux pour le marché A, mais ceux-ci ont commencé à s'en détourner, lorsque les événements de Hongkong rendirent incertaine la date de lancement du projet. Le 28 octobre, avec l'annonce de la date fixée par la Bourse de Shanghai pour le rapprochement des deux places boursières initié par les valeurs mobilières, le marché A est alors entré dans une période de folle croissance. De 1 991 points, qui fut son taux le plus bas depuis ces trois dernières années, il est grimpé en flèche et a presque doublé pour atteindre les 3 400 points au 9 janvier.

Ce rapprochement est donc une excellente nouvelle pour le marché et ne saurait être blâmé pour cette hausse. Cependant, après la morosité de 6 années de marché baissier, il est possible d'être surpris, voire perplexe, de la forte valorisation de certains titres. Certaines obligations à haut risque (junk bond) ont, elles aussi, augmenté sans aucune raison apparente.

Certains estiment que ce sont les capitaux étrangers arrivant par l'intermédiaire de la Bourse de Shanghai, qui ont tiré cette hausse du marché. Mais est-ce vraiment le cas ? Dans cette hausse insensée du marché A, l'afflux des capitaux étrangers par cette passerelle lancée entre les deux places boursières n'a eu qu'un effet stimulant. Ce sont les fonds d'investissements, qui sont la force principale derrière cette flambée du marché A.

D'où proviennent les capitaux qui ont entraîné cette flambée du marché ?

Un communiqué de la Commission de contrôle boursier de Chine (CCBC) indique, que les services de transactions sur marge ont commencé au 1er juin 2008, avec un pallier de 500 000 RMB pour les investisseurs. Et au départ, les sociétés d'investissement se sont conformées à cette restriction.

Lors du lancement du HHSC, les investisseurs ont senti un réchauffement et les sociétés d'investissements ont donné la priorité à la performance. Dans cette recherche de profits, elles ont assoupli les restrictions institutionnelles et officieusement abaissé le pallier à 100 000 RMB. Un grand nombre de particuliers ont été pris par le goût du risque et la fièvre du « Stock Connect », et ont investi en masse leurs capitaux. Ces investisseurs inexpérimentés ont été nombreux à user de la même logique, consistant à investir dans les actions à bas prix. Ils ont acheté sans retenue des actions, dont certaines à haut risque, qui se sont envolées.

Il est effrayant de voir que l'on a donné au marché un mode de développement anormal, abîmant grandement les fonctions d'origines des capitaux de développement du marché, et transformant ce dernier en une plateforme de jeu. Si l'on avait laissé cette bulle financière enfler outre mesure, son explosion aurait rendu très difficile le rétablissement rapide du marché financier chinois et forcé l'arrêt de l'ouverture des marchés de capitaux.

C'est la raison pour laquelle la CCBC ne pouvait pas ne pas émettre de restrictions. Dans un communiqué de presse, le porte-parole de la Commission, Deng Ge, a annoncé le 16 janvier que des actions étaient en cours dans 45 sociétés d'investissements, dont les audits sur site étaient complétés. Parmi elles, CITIC Securities, Haitong Securities et Guotai Junan Securities conservent des irrégularités, et il fut décidé de supprimer leurs comptes de transactions sur marge pour 3 mois. Par ailleurs, la Commission a pris des mesures préventives de régulation pour 5 sociétés d'investissements, dont Minsheng Securities, Guangzhou Securities et Qilu Securities.

Sous la pression de la CCBC, les sociétés d'investissements ont été contraintes de supprimer les comptes en situation d'irrégularité. C'est pour cette raison que la bourse a chuté à son premier jour d'ouverture après cette annonce, le 19 janvier.

Cette dégringolade boursière est un signal destiné à attirer toute l'attention des investisseurs. Ce fut une douche froide pour un marché chauffé à blanc, mais la Commission a ainsi pu montrer qu'elle était déterminée à accorder une place importante à la gestion des risques spéculatifs. Son but n'est pas d'inhiber les investisseurs, mais de les ramener au calme et à la raison.

A court terme, le marché des capitaux chinois devra subir quelques ajustements. Mais à plus long terme, la tendance est à l'ouverture, notamment des bourses chinoises aux capitaux étrangers. Celle-ci est déterminante pour la santé à long-terme du marché des capitaux chinois, et ces mesures de la CCBC sont là pour assainir et faciliter cette transition.

 

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