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Publié le 29/01/2015
Qui a dit que nous ne voulions pas faire d'enfant ?

Madame Sun hésite à avoir un deuxième enfant, et lorsqu'elle demande à sa fille - qui est au CP – ce qu'elle en pense, celle-ci lui répond avec le plus grand sérieux : « Si tu veux un autre enfant, fais-moi un grand frère ou une grande sœur. Sinon, ce n'est pas la peine. »

Jusqu'à l'année dernière, les Chinois n'étaient autorisés à avoir un deuxième enfant que s'ils vivaient à la campagne et que leur premier nourrisson était une fille, ou si les deux parents étaient eux-mêmes des enfants uniques. Mais à partir de 2013, ce droit fut aussi donné aux couples, dont un seul des conjoints est un enfant unique. Les couples répondant à ces critères sont estimés à plus de 11 millions, mais seulement un million d'entre eux en ont fait la demande. Comme Madame Sun, une grande majorité restent hésitants.

Certains experts indiquent qu'il ne faut pas tirer de conclusions à la hâte sur le peu d'enthousiasme soulevé par cette mesure ou les demandes moins nombreuses que prévu. Ces couples sont confrontés à une série de dilemmes, qui les empêchent de transformer leur désir en réalité.

En 2013, une grande enquête réalisée par la Commission nationale de la Santé et du Planning familial sur la volonté des populations rurales et citadines à avoir un deuxième enfant, montre que la moyenne du nombre idéal d'enfants pour les couples mariés ayant entre 20 et 44 ans est de 1,93 enfant. Les couples souhaitant avoir deux enfants sont majoritaires à hauteur de 81,8 %, et dans neuf provinces, parmi lesquelles le Guangdong, le Fujian et le Jiangxi, la moyenne du nombre idéal est supérieure à 2 enfants.

Les facteurs déterminants dans ce passage à l'acte incluent les revenus, le logement, la situation professionnelle, le niveau d'éducation et les conditions de santé.

A 35 ans et après maintes hésitations, Zhang Jiayan a finalement renoncé à avoir un deuxième enfant : « Au moment où cette mesure a été annoncée, c'est vrai que j'étais assez enthousiaste. Cela aurait permis à mon enfant de ne pas être tout seul. Mais le fait d'avoir un enfant est déjà suffisamment exigeant, et je n'ai ni les ressources ni l'énergie d'en avoir un deuxième. » Il continue : « Nous travaillons tous les deux dans notre couple et la plupart du temps, ce sont nos parents qui s'occupent de notre enfant. Ils sont assez âgés et nous ne voulons pas que cela soit trop pénible pour eux. »

La raison invoquée par sa femme est plus directe : « Quand on a un enfant, il est rare de faire une nuit complète les 2 premières années. Avec deux enfants, ce sont les 4 à 5 premières années, pendant lesquelles il est difficile de faire une vraie nuit. Quand on y pense, cela a de quoi faire peur ! »

Les raisons avancées pour avoir un deuxième enfant sont souvent les mêmes, mais les familles qui ne souhaitent pas d'un deuxième enfant ont toutes des raisons différentes : des conditions de santé qui ne le permettent pas ; la difficulté de trouver une personne pour la garde de l'enfant ; des conditions matérielles insuffisantes ; la difficulté d'accès aux soins et à l'éducation ; la difficulté pour l'aîné(e) d'accepter un petit frère ou une petite sœur ; les conséquences sur les relations du couple ; ou encore, le manque de soutien de la part de l'entreprise et l'influence sur le parcours professionnel de la femme.

On entend parfois dire : « Nos parents n'avaient pas de conditions aussi bonnes que nous, et pourtant ils ont eu deux ou trois enfants. » Pour les experts, le mariage de raison basé sur la relation parents-enfant a cédé la place au mariage de cœur axé sur la relation entre les deux conjoints. Ainsi, la procréation pour les jeunes générations tend à devenir quelque chose de plus réfléchi et calculé.

Yuan Xin, professeur à l'Institut pour le développement et la population de l'Université de Nankai, estime que cette mesure est une réforme majeure pour la famille. Cette mesure a besoin de temps, tout comme une grossesse nécessite elle-aussi du temps. Les chiffres concernant le désir d'avoir un enfant, le fait d'en faire la demande et le fait d'avoir effectivement un deuxième enfant, suivent une tendance générale à la baisse.

Les chiffres fournis par la Commission nationale de la Santé et du Planning familial montrent qu'aujourd'hui, la grande majorité des couples, issus d'enfants uniques et dont la femme a moins de 30 ans, ne sont pas pressés de faire la demande pour un deuxième enfant, du fait d'une bonne stabilité des mesures législatives. Le cumul des naissances potentielles de ces couples devrait donc s'étaler graduellement sur les prochaines années.

Depuis que la politique de l'enfant unique a été assouplie, le comportement des quelque 11 millions de couples à travers le pays répondant aux critères est minutieusement observé, car il constituera une base importante pour l'ajustement consécutif de la politique des naissances.

Selon Zhai Zhenwu, professeur à la Faculté de la Société et de la démographie à l'Université Renmin, les études montrent que 60 % des couples, dont l'un des conjoints est lui-même enfant unique, expriment le désir d'avoir un deuxième enfant. Sur cette base, on obtient donc une population de plus de 6 millions de nouveau-nés, dont l'arrivée progressive nécessitera de 3 à 5 ans. Cela représente entre 1,3 et 1,6 million de nouveau-nés par an et correspond globalement au niveau des demandes actuelles.

Face à ces couples, qui pourraient et voudraient avoir un deuxième enfant mais n'osent pas, il est à espérer que le pays prendra des mesures permettant de régler ces « appréhensions familiales ». Zhai Zhenwu estime que, suite au développement social et économique, la tendance est au déclin de la fécondité. Aujourd'hui, la politique familiale de la Chine recherche la stabilité et diffère largement des politiques natalistes des pays occidentaux.

Pour Zhang Yi, directeur adjoint de l'Institut de recherches sur la sociologie de l'Académie chinoise des sciences sociales et conseiller de la Société de la population de Beijing, la Chine, en tant que pays le plus peuplé du monde, doit ajuster sa politique des naissances avec une grande attention, avançant progressivement et à tâtons.

 

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