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Publié le 21/01/2015
Terrorisme endogène : une main de fer dans un gant de velours

Liu Gang

L'attaque terroriste contre Charlie Hebdo a suscité une vive émotion dans le monde entier et le rassemblement d'une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement étrangers réunis sur la place de la République à Paris aux côtés de plus de quatre millions de personnes aura marqué les esprits, à Beijing comme ailleurs. L'image d'Angela Merkel s'appuyant sur l'épaule de François Hollande a fait le tour du monde, un mélange de tendresse et de douceur  où l'on peut lire une volonté ferme.

La lutte contre le terrorisme peut se concevoir ainsi, une main de fer dans un gant de velours.

Il existe deux sortes de terrorisme : une forme d'extrémisme influencée par le fondamentalisme religieux, avec des fanatiques qui croient que 72 vierges les attendent au paradis après leur mort. La seconde forme, moderne, est composée de terroristes qui lancent des assauts contre la société civile et dont les actes sont motivés par un embrigadement spécifique ou des événements particuliers.

La lutte contre le terrorisme traditionnel relève probablement du choc des civilisations, d'un combat sans merci alors que la lutte contre le terrorisme moderne est moins compliquée. A l'heure actuelle, le terrorisme devient de plus en plus endogène et de nombreux facteurs peuvent mettre le feu aux poudres, qu'il s'agisse d'une insuffisance politique ou de la mauvaise gouvernance dans un pays, de la surmédiatisation ou de l'interprétation excessive d'un événement. L'objectif des assaillants est souvent très simple : éliminer les hérétiques et semer la terreur parmi la population, de manière à obtenir une sorte de reconnaissance des différences en termes d'identité et de croyance.

Pour le dire autrement, la plus grave menace que le terrorisme fait peser, c'est de vouloir réduire en poussière toutes les valeurs d'une société civilisée : les relations humaines, l'empathie, les lois, les règles sont insignifiantes et méritent d'être sacrifiées au profit de la réalisation d'un « idéal noble ». Aux yeux des auteurs de l'attentat contre Charlie Hebdo, les rédacteurs innocents du magazine doivent être sacrifiés ; la dame âgée du magasin casher doit aussi subir la colère divine, tout comme les personnes qui leur témoignent de la compassion et qui sont la cible d'autres attaques. Il est évident que les conséquences du terrorisme, notamment un effondrement de l'ordre, une crise de civilisation et des épisodes de violence, sont bien plus redoutables qu'une ou deux attaques terroristes.

Devant une telle situation, la société doit renouer avec les relations humaines et l'empathie, il faut rétablir la confiance dans les règles et les lois et éviter les déchirements entre groupes ethniques ainsi que les blessures psychologiques qui résultent des attaques terroristes au lieu de recourir seulement à l'armée ou à la police. En fait, ces exigences sont une priorité dans la lutte contre le terrorisme dans les sociétés modernes.  

En un temps record, les dirigeants d'une quarantaine de pays se sont rassemblés à Paris. Main dans la main, ils ont représenté le monde entier, dans la diversité des pays (Europe et Moyen-Orient), des religions (musulmans et chrétiens) et des couleurs. Leurs attentes étaient simples : condamner la violence et faire l'éloge du droit à la liberté. L'union, l'amitié et la tendresse ont un pouvoir non négligeable, susceptible de dissuader le terrorisme et de refermer les plaies qui en résultent.

Aux yeux des terroristes, la manifestation est peut-être « trop douce » par rapport au bruit des armes et à la guerre des mots. Mais c'est par ces méthodes seulement que la France et l'Occident font rayonner la splendeur de la nature humaine, renforcent la confiance des citoyens dans le rétablissement de l'ordre et font savoir au monde entier leur volonté ferme de lutter contre le terrorisme.

La communauté internationale a réellement perçu la tendresse et la vaillance des Français, et elle utilise les mêmes méthodes pour protester contre la cruauté du terrorisme. Outre les commémorations qui se sont déroulées à Londres, à Jérusalem et à Toronto, une réunion sur le terrorisme international aura lieu aux Etats-Unis en réponse au terrorisme « endogène ».

A la veille du rassemblement de Paris, j'ai assisté à une commémoration organisée par le Club des correspondants étrangers à Beijing, où plusieurs centaines de participants ont exprimé leurs condoléances aux familles des victimes de l'attentat. A ma connaissance, c'était l'une des rares occasions permettant la participation de Chinois. Bien que la Chine n'ait pas envoyé de hauts fonctionnaires à Paris, le message envoyé par le président Xi Jinping à son homologue français François Hollande précise le rôle de la Chine sur l'échiquier de la lutte contre le terrorisme.  

A l'instar des bonnes relations humaines, les meilleures relations internationales se basent sur la communication à cœur ouvert, pas uniquement sur les visites mutuelles et le calcul intéressé. Etant sur la même longueur d'ondes que les Français, le grand défilé de Paris témoigne de l'échec du terrorisme et du succès de l'Hexagone.

 

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