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Publié le 12/01/2015
« Un pays, deux systèmes », les différences entre Hongkong et Macao

Lan Xinzhen

Le 20 décembre 2014 marquait le 15e anniversaire de la rétrocession de Macao dans le cadre de la politique d' « un pays, deux systèmes ». Le président chinois Xi Jinping a assisté aux célébrations organisées par les divers milieux sociaux de Macao. Une joie immense régnait sur Macao.

En fort contraste avec Macao, Hongkong qui était aussi retournée dans le giron de la mère patrie selon le principe d' « un pays, deux systèmes », s'est récemment trouvée dans une situation peu réjouissante à cause du mouvement « Occupy Central ».

Pourquoi Hongkong se distingue-t-elle de Macao par la perception et le développement de la politique d' « un pays, deux systèmes » ? Cette question mérite réflexion.

Ce phénomène paradoxal est dû à deux facteurs : premièrement, les parcours de Hongkong et Macao étaient différents à l'époque de la colonisation. Deuxièmement, ces deux îles n'ont pas dû faire face à la même situation internationale après leur rétrocession.

Lorsque Hongkong fut colonisée par la Grande-Bretagne, le gouvernement britannique transplanta sur cette île son système socioculturel original, faisant de l'anglais la langue officielle et la langue d'enseignement à Hongkong. De plus, l'investiture et la promotion des fonctionnaires locaux durent aussi s'aligner sur la pratique anglaise. Ceci eut pour conséquence l'anglicisation de Hongkong dans de nombreux domaines, tels que la culture, la langue, les valeurs, ou encore la structure politique.

Après la rétrocession de Hongkong, la Chine a conservé, selon le principe d'« un pays, deux systèmes », presque tout ce qu'il y avait à Hongkong. A cause du maintien des valeurs de l'époque de la colonisation, des jeunes Hongkongais ne se reconnaissent pas dans la culture de la mère-patrie, certains d'entre eux ne respectent même pas la Constitution chinoise et la Loi fondamentale de Hongkong. Dans le même temps, certains pays anglophones tentent de maintenir leur influence à Hongkong, allant jusqu'à intervenir dans ses affaires intérieures par divers moyens, et même à contrôler indirectement le pouvoir hongkongais par l'élection du chef de l'exécutif.

Lors de la domination portugaise, l'éradication de la culture chinoise à Macao a toujours été confrontée à la résistance des habitants locaux, de sorte que les colonialistes portugais furent obligés de reconnaître Macao comme une région chinoise administrée par le Portugal. C'est pourquoi les Macanais ont toujours un sentiment d'appartenance à la mère-patrie, comparant la rétrocession de Macao au retour d'un fils à la maison. De plus, pendant les 15 années qui ont suivies sa restitution, Macao n'a pas subi d'intervention extérieure comme Hongkong. On peut en conclure que, grâce à l'application de la politique d'« un pays, deux systèmes », l'harmonie, la prospérité et la joie sont devenues les principales caractéristiques de Macao.

Certaines personnes attribuent le mouvement « Occupy Central » à la mauvaise situation économique de Hongkong. Il s'agit d'un argument sans fondement. Certes, sous l'impact de la crise internationale, Hongkong a été confrontée à des problèmes en matière d'économie et d'emploi, et de jeunes Hongkongais furent tentés de descendre dans la rue pour canaliser leur mécontentement. Mais cela n'en est pas la raison principale.

En fait, après leur rétrocession, Hongkong et Macao ont toutes deux connu une croissance économique plus rapide qu'à l'époque de la colonisation. Hongkong est retournée à la Chine le 1er juillet 1997. La même année, son taux de croissance économique est descendu au-dessous de zéro en raison de la crise financière asiatique. Grâce à l'aide du gouvernement central, l'économie de Hongkong s'est redressée dès le deuxième semestre de 1998, enregistrant un taux de croissance positif en 1999, et dépassant même les 5 % de 2004 à 2013, un niveau deux fois supérieur à celui des pays développés à cette même époque. Ainsi, Hongkong a considérablement renforcé son statut de pôle financier mondial, tout en élevant grandement son degré de démocratisation. Avant la rétrocession, les Hongkongais n'avaient pas le droit d'élire leur propre dirigeant, alors qu'ils jouissent aujourd'hui de ce droit et qu'ils pourront même participer, en 2017, à l'élection du chef de l'exécutif, selon le principe « un homme, un vote ».

Depuis son retour à la Chine, Macao a aussi connu une croissance économique rapide. Respectant la Constitution et la Loi fondamentale, les Macanais s'efforcent de mettre en application le principe d'administrer Macao selon la loi, mettant l'accent sur l'amélioration de la vie de ses habitants, et portant le développement socioéconomique de l'île à un niveau sans précédent. De 2000 à 2013, l'agrégat économique de Macao est passé de 49,02 milliards de Patacas à 413,47 milliards de Patacas ; le PIB par habitant, de 14 000 à 87 000 dollars US ; et le taux de chômage, de 6,8 % à 1,7 %.

Ces succès montrent que la politique d' « un pays, deux systèmes » a aboutit au même résultat à Hongkong et Macao, c'est-à-dire à la croissance rapide de l'économie locale. Dit sans ambages, il est clair que sans le soutien du gouvernement central, Hongkong n'aurait pas pu maintenir sa prospérité et se débarrasser rapidement de l'influence des crises financières asiatique de 1997 et mondiale de 2008.

« Un pays, deux systèmes » constitue non seulement une politique nationale fondamentale de la Chine, mais aussi une composante importante du rêve chinois. Correspondant aux intérêts fondamentaux du pays et du peuple, ce système au service de Hongkong et Macao demeurera, à long terme, inchangé.

Cependant, les situations différentes à Hongkong et Macao ont suscité des réactions différentes du gouvernement central à leur égard. Le 20 décembre, dans un discours prononcé à l'occasion des célébrations en l'honneur de la rétrocession de Macao, le président Xi Jinping a indiqué que les principes d'« un pays, deux systèmes », d'« administration de Macao par les Macanais » et de « haut degré d'autonomie », ainsi que la Loi fondamentale de Région administrative spéciale (RAS) de Macao, étaient déjà enracinés dans l'esprit des Macanais, et matérialisés de manière effective. De plus, l'ordre constitutionnel de la RAS de Macao, conformément à Constitution et à la Loi fondamentale, est respecté et maintenu. Le pouvoir de gouvernance globale du gouvernement central est exercé de manière efficace et le haut degré d'autonomie de la RAS de Macao est pleinement garanti. Les compatriotes de Macao sont maîtres de leurs destins, jouissent universellement des droits à la liberté et à la démocratie selon la loi. A Macao, le système politique démocratique se développe de façon ordonnée, l'économie s'accroît rapidement, le niveau de vie des habitants locaux ne cesse de s'améliorer, la société maintient une stabilité harmonieuse dans son ensemble, les diverses causes progressent globalement et les échanges à l'international continuent de s'amplifier.

Mais lors de sa rencontre avec le chef de l'exécutif de la RAS de Hongkong, Leung Chun-ying, le 19 décembre, Xi Jinping a dit que le développement du système politique de la RAS de Hongkong devra être mené dans le respect de la situation réelle à Hongkong, et du principe d'« un pays, deux systèmes » et de la Loi fondamentale. Il a souhaité que le gouvernement local de Hongkong puisse continuer à traiter de façon appropriée ce problème selon la loi.

C'est la première fois que le président chinois exprimait sa position sur la situation de Hongkong après la fin du mouvement « Occupy Central » : Hongkong devra promouvoir de manière plus poussée la matérialisation d' « un pays, deux systèmes » et de la Loi fondamentale.

Selon Xi Jinping, il faut saisir fermement le noyau du principe d'« un pays, deux systèmes », sauvegarder la souveraineté nationale, la sécurité nationale et les intérêts de développement, maintenir la prospérité et la stabilité à long terme à Hongkong et Macao, poursuivre la gouvernance de ces deux RAS dans le respect de la loi, et garantir l'application d' « un pays, deux systèmes » selon la loi. Il faut souligner qu'il est indispensable de rester fidèle au principe d'un pays tout en respectant la différence entre les deux systèmes, de maintenir l'exercice du pouvoir central tout en garantissant le haut degré d'autonomie des deux RAS, et de mettre en valeur le rôle d'appui ferme de la partie continentale de la Chine tout en élevant la compétitivité de Hongkong et Macao.

A travers le discours de Xi Jinping sur la façon de promouvoir l'application d'« un pays, deux systèmes », les leaders de Hongkong doivent aussi se rendre compte d'une contradiction profonde entre la « colonisation » encore existante et le sentiment d'appartenance à la mère-patrie, qui s'oppose à la matérialisation effective d' « un pays, deux systèmes ». Il est donc fort possible que la décolonisation et le renforcement de l'identité nationale deviennent une nouvelle mission à remplir pour Hongkong.

Pour autant, Hongkong devra suivre l'exemple de Macao pour bien matérialiser la politique d' « un pays, deux systèmes ».

 

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