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Publié le 31/12/2014
La situation à l'international en 2014

Chen Xulong et Su Xiaohui

 

 

En 2014, les tendances de paix, de développement, de coopération et de relations gagnant-gagnant ont été prédominantes. Les économies émergentes et les pays en développement (PED) ont continué leur montée en puissance et l'équilibre des forces favorable à la préservation de la paix dans le monde a fait des progrès. Dans le même temps, les risques sécuritaires traditionnels et non-traditionnels se sont étroitement liés, à l'instar des disputes d'espaces réels et virtuels. Le jeu des grandes puissances devient de plus en plus complexe et le monde, de moins en moins paisible. Quatre caractéristiques ont marqué la situation internationale en 2014 :

1. Nouveaux modèles et nouvelles tendances du développement international

La reprise économique mondiale fut faible et la croissance, médiocre. D'après les estimations du Fonds monétaire international (FMI), le taux de croissance annuel de l'économie mondiale pour 2014 se trouve, à 3,3 %, dans la lignée de l'année précédente. Le taux de croissance du commerce international a quant à lui atteint les 3,1 %, marquant une légère hausse par rapport à l'année précédente. Cependant, les deux sont restés en deçà de leur niveau d'avant la crise financière.

Le schéma de dualité dans la croissance se confirme. La croissance économique globale des pays développés a été de 1,8 %, tandis que celle des économies émergentes et des PED a atteint les 4,4 %. Parallèlement à cela, le rôle moteur de la Chine et des Etats-Unis dans l'économie mondiale a été mis en évidence, avec des taux de croissance respectifs de 2,2 % et 7,4 %.

Cinq grandes tendances se sont détachées dans le développement mondial. La première concerne un accroissement de la différentiation. Les croissances peuvent être faibles ou soutenues et les mesures politiques, strictes ou relâchées. Au sein des économies développées, les Etats-Unis ont procédé à un durcissement monétaire et connu une croissance soutenue. A contrario, le Japon et l'Europe ont appliqué un assouplissement quantitatif, et leurs croissances ont atteint respectivement 0,9 % et 0,8 %. Au sein des BRICS, la Chine et l'Inde ont connu une croissance rapide, mais le Brésil et la Russie ont dû faire face à un phénomène de stagflation (économie à croissance faible ou nulle et forte inflation), une forte dévaluation de leurs monnaies et une fuite des capitaux. La croissance indienne a atteint les 5,6 %, tandis que le Brésil et la Russie ont eu une croissance respective de 0,3 % et 0,5 %.

La deuxième concerne le ralentissement économique global des PED, un phénomène devenu la « nouvelle normalité ». La croissance de cette année était inférieure de 0,3 % à celle de l'année précédente, et n'excédait pas les 5 % pour la troisième année consécutive. D'après les prévisions du FMI, la croissance prévue pour la période 2015-2018 sera de 5 %, à comparer aux 7 % de la période de 2003-2007.

La troisième concerne la réduction de l'écart entre la croissance du Sud et le déclin du Nord. La croissance des PED est en train de ralentir, tandis que l'on assiste à la reprise de la croissance économique dans les pays développés. Parmi eux, la croissance des Etats-Unis dans les prochaines années pourrait atteindre les 3 %. Il faut cependant noter que, malgré les critiques du monde occidental à l'égard des PED, le taux de croissance de ces derniers reste supérieur à celui des pays développés, et constitue le moteur de la croissance économique mondiale. La tendance de la croissance du Sud et du déclin du Nord reste donc encore valable.

La quatrième concerne les réformes, l'ajustement, la transition, l'innovation et les fusions, qui deviennent une grande tendance à travers le monde. Les économies développées et les économies en développement nécessitent chacune des « réformes structurelles ». Afin d'encourager la réindustrialisation, les Etats-Unis ont mis en place huit centres d'innovation manufacturière à la fin de cette année. De partout, on attache davantage d'importance au développement par l'innovation et à la coopération internationale dans ce domaine. A un autre niveau, le Partenariat Trans-Pacifique (TPP), le Partenariat économique régional intégral (RCEP) et d'autres formes de négociations ont également connu des développements substantiels. Le partenariat des BRICS, le processus de l'APEC et le mécanisme du G20 ont notamment obtenu d'importants résultats, et les investissements dans les infrastructures et l'interconnectivité ont été applaudis.

La cinquième concerne la question du processus de dédollarisation dans la réorganisation du système financier international. Pour préserver la position d'hégémonie des Etats-Unis dans la finance internationale, le Sénat américain a de nouveau rejeté le plan d'ouverture à la participation et à la gouvernance du FMI, qui lui avait été proposé par ce dernier en 2010. Il est clair que le remaniement de l'ordre financier international a encore un long chemin à parcourir et doit faire face à une forte opposition de la part des Etats-Unis.

2. Un monde de moins en moins paisible

Cette année, trois événements ont bouleversé le monde. Tout d'abord, la crise ukrainienne. Le conflit dans l'est de l'Ukraine a eu de sérieuses répercussions au niveau de l'ordre international et sur le plan géopolitique. Les relations entre l'Occident et la Russie sont tombées à leur plus bas niveau depuis la fin de la guerre froide, et le continent européen est redevenu le théâtre des confrontations géopolitiques. La crise ukrainienne a constitué un nouveau risque traditionnel sécuritaire, provoquant une « nouvelle guerre froide » et toutes les souffrances liées au conflit armé. Le renouveau de la Russie a rencontré une vive opposition, et l'intégration de la Communauté des Etats Indépendants a subi un revers. Certaines normes dans les relations internationales, comme le respect de la souveraineté nationale, le respect de l'intégrité territoriale et le principe de non-ingérence, ont été bafoués. Ainsi furent mis en lumière les deux poids et deux mesures du monde occidental dans les relations internationales. On a aussi pu assister à la rivalité entre les trois grands ensembles géopolitiques qui composent le monde, à savoir l'Asie-Pacifique, le Moyen-Orient et l'Europe, dont l'interaction et les objectifs parallèles influencent l'évolution profonde de la situation stratégique internationale.

Ensuite, cette année a vu l'apparition de l'organisation « Etat islamique » (Daesh), devenue l'organisation terroriste la plus puissante et la plus influente dans le monde. Sa montée en puissance en Syrie et en Irak a bouleversé le paysage politique du nord de l'Afrique et du Proche- et Moyen-Orient. Les objectifs de la guerre américaine en Irak et ses réformes démocratiques ont été réduits à néant. Au-delà de sa volonté d'éradiquer Israël, Daesh met aussi à l'épreuve les intérêts stratégiques géopolitiques de l'Iran et la sphère d'influence de la Russie au Moyen-Orient. Cette organisation terroriste a promis l'occupation du Xinjiang et constitue une menace sérieuse pour la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Chine. Daesh appelle les extrémistes et les terroristes du monde entier à se joindre à leur « guerre sainte » et à étendre la menace terroriste aux quatre coins de la planète. Tous les groupes terroristes ont calqué ses pratiques, que ce soit la secte Boko Haram ou le fondamentalisme armé de Lybie, et les Etats-Unis, malgré le soutien de 22 pays dans cette lutte contre Daesh, n'ont pas réussi à entraver son expansion.

Enfin, la réapparition du virus Ebola a provoqué la mort de plus de 5 000 personnes et sonné l'alerte sur la santé publique internationale.

D'autres facteurs viennent aussi perturber la planète : les disputes territoriales maritimes et terrestres, les dures épreuves du changement climatique, le cyberterrorisme, la sécurité aérienne et la sécurité alimentaire. En Occident, les politiques de division et le populisme sont grandissants ; l'Afrique, l'Asie et l'Amérique latine connaissent l'instabilité politique ; les révolutions colorées jouent une nouvelle partition ; et la compétition pour le pôle nord s'intensifie.

3. Le jeu toujours plus complexe des grandes puissances

Les troubles sécuritaires et géopolitiques, engendrés par la double politique d'expansion vers l'Est des Etats-Unis et de l'Europe, ont provoqué une contre-offensive forte de la part de la Russie, et replacé celle-ci dans une période de relations conflictuelles avec le monde occidental. Les deux parties ont appliqué des mesures antagonistes de mise sous pression, d'isolation et de sanctions. La crise ukrainienne représente une guerre de substitution pour les Etats-Unis, qui font ainsi d'une pierre deux coups. Celle-ci leur permet d'affaiblir la Russie et de ramener l'Europe dans leur giron afin de raviver l'OTAN. Pendant ce temps, l'Europe tente de préserver au mieux ses intérêts et d'apaiser les tensions en rappelant les accords de Minsk. Après avoir annexé la Crimée, un bras de fer a opposé la Russie et l'Europe sur la situation ukrainienne mais sur l'échiquier international, le Kremlin a manœuvré de façon impressionnante. Tout d'abord, Moscou a renforcé sa stratégie de rééquilibrage vers l'Est et accru ses relations de coopération stratégique d'ensemble avec la Chine. Ensuite, Moscou a montré ses muscles dans les régions sensibles pour les Etats-Unis dans toutes les directions possibles, avec notamment des bombardiers stratégiques ou des sous-marins, et en menant des actions répétées dans les zones stratégiques du Moyen-Orient, d'Amérique latine, du nord-est de l'Asie, des deux pôles ainsi que sur internet. Enfin, Moscou a profité des contradictions et des divergences entre l'Europe et les Etats-Unis pour renforcer les contacts et les négociations avec l'Europe.

La rivalité entre la Chine et les Etats-Unis d'une part, et la Chine et le Japon d'autre part, est entrée dans une zone d'eaux profondes. Les Etats-Unis doivent se battre sur plusieurs fronts, mais c'est en Asie-Pacifique que leur action reste la plus forte, avec une stratégie en plusieurs volets de rééquilibrage vers cette région. Sur le plan militaire, les Etats-Unis ont augmenté leurs investissements dans certains domaines, comme les systèmes d'alertes rapides et longue distance en Asie de l'est ou les drones de surveillance longue endurance, renforçant de facto leur surveillance rapprochée de la Chine. Par ailleurs, certains principes directeurs de coopération avec le Japon dans le domaine de la défense ont été modifiés, les Etats-Unis réaffirmant ouvertement que le traité de coopération mutuelle et de sécurité entre les Etats-Unis et le Japon s'applique aussi aux îles Diaoyu. Avec les Philippines, les Etats-Unis ont signé un accord renforçant leur coopération dans le domaine de la défense et levant partiellement les restrictions sur les exportations d'armes vers le Vietnam. Ils planifient également d'accroître le nombre de leurs troupes en Australie. Au niveau politique, les Etats-Unis ont renforcé intégralement leurs alliances et leurs partenariats. Ils soutiennent le Japon, tentent d'attirer l'Inde, et ont augmenté la force de leurs interventions dans les différends territoriaux concernant les îles d'Asie de l'est. Le président Obama a rendu visite au Japon, à la Corée, à la Malaisie, aux Philippines et au Myanmar, pour proposer une aide sécuritaire ou financière. Les Etats-Unis tentent d'établir des mécanismes de sécurité d'Asie-Pacifique et de mener les régulations régionales. Au niveau économique, ils ont conduit les négociations du TPP, atténué leurs différends avec le Japon, et après avoir concocté des règles fallacieuses de bonnes relations commerciales, ont « invité » la Chine à les rejoindre.

Le Japon, quant à lui, continue sa radicalisation vers l'extrême droite. Il poursuit une stratégie de « normalisation de l'Etat », tente d'émasculer le pacifisme de sa constitution, de lever l'interdiction sur son droit de défense collective, et de se débarrasser des restrictions spécifiques à sa défense, en poussant à l'internationalisation des forces japonaises d'autodéfense et à l'intégration de ses forces armées par l'armée américaine.

Les Etats-Unis et le Japon tentent de contenir ensemble la Chine, afin de prendre la main dans le conflit territorial en mer de Chine méridionale, sous couvert du « droit » et des « règles internationales ». Les Etats-Unis ne tiennent aucunement compte des réalités fondamentales et du droit international, et leur partialité sur cette question viole leurs engagements. Les accusations sans fondement contre la Chine, et la coordination et le soutien qu'ils apportent au Japon, ont pour seul but de promouvoir leurs intérêts géopolitiques stratégiques et économiques. L'internationalisation, la régionalisation et la judiciarisation des revendications en mer de Chine méridionale s'intensifient et les négociations politiques et les compromis deviennent de plus en plus complexes.

4. La situation de la Chine au niveau international

Sur le plan international, la situation de la Chine s'est, par la force des choses, relativement détendue et apaisée, mais c'est aussi le résultat des succès de la diplomatie de grande puissance à caractéristiques chinoises.

La Chine pratique une diplomatie à la chinoise. Elle favorise la confiance en Asie, notamment par les CICA (Conférence pour l'interaction et les mesures de confiance en Asie), au cours desquelles, elle a développé le nouveau concept asiatique et le nouveau concept de sécurité asiatique. Elle a organisé à Beijing le meilleur sommet de l'APEC de l'histoire et engagé le processus de libre-échange en Asie-Pacifique. Elle s'évertue par ailleurs à mettre en place une banque d'investissement asiatique, une banque de développement des BRICS et un fonds de la Route de la soie, afin de mener à bien l'initiative « Une ceinture et une route ». Avec chaque partie, elle tente de créer une communauté d'intérêts et de destin ouverte et inclusive, et a obtenu ainsi d'importants résultats.

La Chine encourage un développement sain des relations entre grandes puissances. Au niveau de l'environnement stratégique international et plus particulièrement dans le contexte de dégradation sécuritaire en Occident, la tendance russe de « mesures préventives de sécurité envers l'Ouest et de coopération économique envers l'Est » s'accélère. La coopération pratique et stratégique accrue entre la Chine et la Russie a connu une période truffée d'opportunités. La Chine tire avantage d'un renforcement des relations de partenariat stratégique intégral avec la Russie, et cette coopération pragmatique a connu d'importantes réussites. La Chine encourage fortement la mise en place d'un nouveau type de relations entre grandes puissances, notamment entre la Chine et les Etats-Unis. Les Etats-Unis reconnaissent l'importance des relations sino-américaines et soulignent que le renforcement de ses relations avec la Chine constitue le noyau dur de la stabilité en Asie-Pacifique. Dans le même temps, leurs exigences vis-à-vis de la Chine pour une coopération mutuellement gagnante ne cessent d'augmenter. Les Etats-Unis accueillent volontiers les investissements toujours plus nombreux des Chinois sur leur territoire. Ils reconnaissent que les investisseurs chinois, entreprises nationales chinoises incluses, maintiennent un environnement favorable aux investissements à l'intérieur du pays. Ils ont réaffirmé leur engagement dans les réformes d'ouverture aux investissements, en accord avec le droit pour tous les investisseurs d'être traités de façon juste et équitable. Parallèlement à cela, ils ont annoncé de nouvelles mesures pour les visas délivrés aux Chinois. Les Etats-Unis insistent sur leurs intérêts communs et leur volonté de coopération avec la Chine sur des sujets comme la dénucléarisation de la Corée du Nord, la question du nucléaire iranien, la réduction des gaz à effet de serre ou le Moyen-Orient. Face à l'Europe, la Chine s'efforce de rassembler ces deux grandes puissances, ces deux grands marchés et ces deux grandes civilisations, afin de créer des partenariats communs de paix, de croissance, d'ouverture et de civilisation, et de donner un nouveau souffle à la coopération sino-européenne.

La Chine contrôle activement les divergences, a proposé une « double approche » pour résoudre le conflit en mer de Chine méridionale, est parvenue à un accord de principe en quatre points avec le Japon, a amélioré ses relations avec le Vietnam, et s'est accordée avec les Etats-Unis sur des règles concernant les collisions maritimes involontaires. Par ailleurs, la Chine et les Etats-Unis ont signé la mise en place d'un mécanisme de notifications mutuelles pour les opérations militaires importantes, ainsi que des règles de conduite pour la sécurité militaire maritime et aérienne dans les eaux internationales.

La Chine a lancé un nouveau cycle de réforme et d'ouverture, libérant la force du marché et du capital. Ses opportunités et perspectives de développement sont radieuses, son influence internationale grandit, et sa place et son prestige dans le monde s'en trouvent renforcés.

 

【Présentation des auteurs】

Chen Xulong est chercheur et directeur du Département de stratégie internationale à l'Institut de recherches sur les questions internationales de Chine.

Su Xiaohui est chercheur et directeur adjoint du Département de stratégie internationale à l'Institut de recherches sur les questions internationales de Chine.

 

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