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Publié le 23/12/2014
Conférence centrale sur l'économie : la marche à suivre

Zhou Xiaoyan

Entre le 9 et le 11 décembre 2014 s'est déroulée à Beijing la Conférence centrale sur les affaires économiques. Cette rencontre économique fortement médiatisée se concentrait sur la diminution des risques liés au ralentissement économique et l'accélération des réformes dans certains domaines clés en 2015, sous le thème de la « nouvelle normalité ».

Au cours de cette rencontre, les autorités centrales de la Chine se sont accordées sur la continuation d'une politique monétaire prudente et de mesures fiscales proactives. La Chine continuera son développement économique tout en préservant la stabilité, et elle privilégiera les rééquilibrages structurels par l'amélioration de la qualité et de l'efficacité de la croissance.

La Chine est entrée dans une période de « nouvelle normalité ». Elle fait preuve de robustesse, d'un large potentiel économique, et le gouvernement dispose d'un large champ pour manœuvrer. Il est ressorti de la conférence, que la Chine devait adapter ses mesures macroéconomiques à cette nouvelle situation et maintenir son taux de croissance à un « niveau acceptable » en 2015.

Lors du Sommet de l'APEC qui a eu lieu en novembre 2014 à Beijing, le président chinois Xi Jinping avait caractérisé la « nouvelle normalité » comme suit : réorientation d'une expansion économique effrénée à une croissance relativement soutenue, amélioration continue de la structure économique du pays, et passage d'une croissance factorielle tirée par les investissements à une croissance soutenue par l'innovation.

« Les hauts dirigeants chinois mentionnent fréquemment la 'nouvelle normalité', car ils estiment que le rééquilibrage structurel est aujourd'hui plus important que le PIB », explique Li Yining, un économiste réputé. « L'heure est à l'ajustement structurel et il serait fortement préjudiciable à la Chine de ne pas saisir cette opportunité. »

Une croissance ralentie mais soutenue

Les dirigeants chinois montrent désormais une plus grande tolérance à l'égard d'une croissance ralentie. À maintes reprises, ils ont affirmé que le pays était capable de maintenir une croissance à un « niveau acceptable ».

Plombée par un marché immobilier en déclin et des conditions de crédit plus strictes, la croissance du PIB chinois est tombée à 7,3 % au troisième trimestre 2014, son taux le plus bas depuis la crise financière internationale.

C'est dans ce contexte, que les économistes et les principales institutions financières ont annoncé la baisse probable par le gouvernement de ses objectifs de croissance du PIB de 7,5 % à 7 %. Cette décision pour l'année 2015 pourrait d'ores et déjà avoir été prise lors de la Conférence centrale sur les affaires économiques, mais les objectifs détaillés ne seront vraisemblablement pas confirmés ni annoncés avant la réunion de l'Assemblé populaire nationale, qui aura lieu au début du mois de mars de l'année prochaine.

Dans l'un de ses rapports, JP Morgan prévoit une baisse des objectifs de croissance à 7,2 % pour 2015. Parallèlement à cela, UBS, la Banque de Chine, l'Académie chinoise des Sciences sociales et le Centre d'information national s'accordent, eux, sur des objectifs à 7 %.

Pour Zhang Guobao, ancien ministre adjoint à la Commission nationale pour le Développement et la Réforme (CNDR, l'un des principaux organismes de planification de l'économie chinoise) : « il est vraisemblable que les objectifs de croissance du PIB pour 2015 seront abaissés à 7 %. »

Zhang Zhuoyuan, analyste senior à la CNDR, explique qu'un objectif de 7 % est plus pragmatique pour 2015, et que ce devrait rester la norme pour quelque temps.

Le commentateur financier, Song Qinghui, estime quant à lui, que les objectifs de croissance ne doivent pas être trop élevés, afin de laisser plus de marge de manœuvre pour le rééquilibrage structurel et les réformes : « Ils ne doivent cependant pas non plus être trop bas, car cela pourrait entraîner une recrudescence de prêts irrécouvrables, de licenciements massifs et de mises en faillite. Il faut faire extrêmement attention aux conditions d'emploi et les autorités centrales doivent garder un œil attentif sur ce marché. »

Afin d'éviter un ralentissement plus important, la banque centrale de Chine a, le 22 novembre, abaissé son taux directeur de 0,4 point de pourcentage à 5,6 %, et son taux des dépôts à vue à un an de 0,25 point à 2,75 %.

Ces baisses très attendues sont intervenues au moment où la croissance économique du pays était à son plus faible depuis de nombreux mois. Dans l'une de ses déclarations, la Banque centrale annonçait que « cette baisse des taux de dépôt et de prêt [avait] pour but de ramener les taux d'intérêts actuels à un niveau convenable et d'abaisser les coûts de financements auxquels font face de nombreuses entreprises. »

Cependant, les marchés estiment que les baisses de taux seules sont loin d'être suffisantes. D'autres moyens, comme la réduction du taux des réserves obligatoires, devraient être utilisés pour contribuer à l'augmentation des liquidités sur le marché.

Une combinaison de mesures fiscales « proactives » et de mesures monétaires « prudentes » sont en place en Chine depuis 2010.

L'analyste en chef chez Shenyin and Wanguo Securities, Li Huiyong, estime qu'il ne devrait pas y avoir de bouleversement en 2015 : « La politique monétaire sera affinée vers un assouplissement et il devrait au moins y avoir une baisse du taux d'intérêts et une réduction du taux des réserves obligatoires. »

Un niveau d'inflation exceptionnellement bas augmente aussi la probabilité de mesures d'assouplissement que pourrait prendre la Banque centrale, car elle offre plus de marge de manœuvre à un assouplissement des conditions monétaires.

L'une des principales mesures de l'inflation, l'indice des prix à la consommation (IPC), a augmenté de 1,4 % en Chine, en glissement annuel pour le mois de novembre dernier. C'est la plus faible augmentation depuis novembre 2009, selon le Bureau national des Statistiques (BNS). L'Indice des prix à la production (IPP), qui mesure l'inflation au niveau des prix « départs usines » des produits, a quant à lui baissé de 2,7 % en glissement annuel pour ce même mois. Il s'agit de la plus forte baisse enregistrée au cours de ces 18 derniers mois.

Wang Jun, un économiste senior au Centre de Chine pour les échanges économiques internationaux, estime que le pays doit maintenant faire face à une pression déflationniste grandissante : « Cette tendance devrait se confirmer en 2015 et nécessite des réponses immédiates de la part du gouvernement central en ce qui concerne la politique monétaire. Le combat contre la déflation signifie que la prudence de la politique monétaire chinoise devrait être affinée, tout en se penchant vers un assouplissement ». Il estime que les baisses des taux d'intérêts et des taux de réserves obligatoires pourraient être « utilisées alternativement l'année prochaine pour regagner la confiance du marché ».

Un rapport de Goldman Sachs indique aussi que la tendance pour 2015 serait principalement marquée par des mesures fiscales proactives et une politique monétaire prudente, mais que l'attitude du gouvernement ne serait pas confinée à ces expressions, comme le démontre la récente baisse du taux d'intérêt en novembre.

Un rythme de réformes accéléré

L'un des développements les plus productifs de la Conférence centrale sur les affaires économiques 2013 fut la décision d'établir un groupe dirigeant central pour l'approfondissement exhaustif de la réforme, afin que celle-ci soit menée à travers tous les domaines de la société.

Le groupe s'est réuni par sept fois en 2014 et a su apporter des progrès concrets dans le domaine des mesures fiscales, dans le système du hukou (enregistrement des ménages), dans les transferts de terrains ruraux, dans la zone de libre-échange de Shanghai, dans les efforts contre la corruption et dans la réforme judiciaire.

La Conférence centrale sur les affaires économiques 2014 estime que des progrès importants seront réalisés en 2015 au niveau de la finance, des entreprises d'État, de la politique de tarification et du système du hukou, mais aussi dans les initiatives, telles que la ceinture économique de la Route de la Soie terrestre et la Route de la Soie maritime du XXIe siècle.

Pour Liu Yuanchun, doyen adjoint de la Faculté d'économie à l'Université Renmin de Chine : « Le fait que la Chine soit entrée dans une 'nouvelle normalité' économique indique que le pays devra appliquer ces réformes de manière vigoureuse dans les secteurs clés, de manière à répercuter les bénéfices des réformes, désentraver la vitalité du marché, et soutenir ainsi la croissance. »

Le 30 novembre 2014, la Chine a commencé à solliciter l'opinion publique sur un projet de règlement concernant l'établissement d'un fonds de garantie des dépôts, qui devrait être opérationnel d'ici 6 mois à 1 an. Les discussions sur ce programme, qui constituerait un élément important dans la protection de la stabilité financière, étaient en cours depuis de nombreuses années.

Guo Tianyong, professeur à l'Université central des Finances et de l'Économie, estime que les réformes de libéralisation financière en Chine avaient profondément besoin d'un tel programme.

Pour Zhu Ning, professeur en finances à l'Université Jiao Tong de Shanghai, la mise en place d'une garantie des dépôts devrait grandement accélérer la réforme de libéralisation des taux d'intérêts en Chine : « Le manque d'un tel système a sévèrement entravé d'autres réformes financières. Une fois que les taux d'intérêts seront complètement libéralisés en Chine, le secteur bancaire chinois pourra être le témoin de vrais changements. »

Une autre tâche importante dans l'agenda économique de la Chine est de renforcer l'intégration régionale et de promouvoir le commerce en redonnant vie aux anciennes routes commerciales.

Dans un discours prononcé à l'Université Nazarbaïev au Kazakhstan en septembre 2013, le président chinois Xi Jinping a proposé d'établir une ceinture économique de la Route de la Soie similaire à celle qui existait il y a plus de 2 000 ans, afin de renforcer les liens politiques et économiques entre la Chine et les pays eurasiatiques.

Lors d'un voyage officiel en Indonésie en octobre 2013, Xi Jinping avait aussi proposé de faire renaître l'ancienne route maritime de la Soie, afin de promouvoir les liens avec les nations de l'ASEAN.

Ces initiatives ont pour but de renforcer la connectivité et les liens économiques avec l'Asie centrale et l'Asie du Sud, par la construction de routes, de ports et d'aéroports reliant ces deux régions. Le 8 novembre 2014, la Chine annonçait qu'elle contribuerait pour 40 milliards de dollars à la mise en place d'un fonds pour les infrastructures de la Route de la Soie, afin de renforcer la connectivité en Asie.

« Ces deux initiatives seront d'une importance stratégique à moyen et long terme pour la diplomatie chinoise, l'intégration régionale et la mise à niveau industrielle », estime Guan Qingyou, assistant du doyen de l'Institut de recherches de Minsheng Securities.

Zhang Yansheng, secrétaire général du Comité académique de la CNDR, estime que les industries chinoises, qui nécessitent une forte main d'œuvre et d'importantes ressources, bénéficieront grandement de ces Routes maritime et terrestre de la Soie : « Cela devrait permettre d'augmenter les exportations chinoises en produits, équipements et main d'œuvre. »

 

 

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