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Publié le 07/07/2014
Traitement urgent des déchets

Zheng Yang

La priorité devrait être donnée à l'incinération pour traiter les déchets des villes au développement avancé, aux ressources terrestres limitées et à densité de population élevée. C'est une technique reconnue internationalement pour la gestion des déchets.

La Chine a un grave problème de déchets. Au point que si tous les déchets de la nation la plus peuplée du monde étaient empilés, ils attendraient la hauteur d'un gratte-ciel à 500 étages. Et loin d'être immobile, ce problème grossit à un rythme de 8 à 10 % chaque année, presque aussi rapidement que le PIB du pays.

Au cours de la dernière décennie, la Chine a encouragé l'urbanisation à une échelle sans précédent, et le nouveau mode de vie urbain produit à son tour bien plus de déchets qu'avant. Selon un rapport de la Banque mondiale, la Chine a désormais dépassé les États-Unis pour devenir le premier pays producteur de déchets au monde.

L'invasion des déchets

La croissance rapide des déchets a dépassé la capacité de traitement de nombreuses villes, créant dans un tiers d'entre elles un dilemme d'« invasion de déchets ». Pour résoudre ce problème, le gouvernement central a prévu d'investir 263 milliards de yuans (42 milliards de dollars) au cours du 12e Plan quinquennal (2011-2015) pour la construction d'usines de traitement à travers le pays. Cela devrait permettre d'élever le taux d'élimination non polluante à 95 % en 2015.

« La priorité devrait être donnée à l'incinération pour traiter les déchets des villes au développement avancé, aux ressources terrestres limitées et à densité de population élevée », estime Zhang Yi, directeur de l'Institut de design en ingénierie sanitaire environnementale de Shanghai. « C'est une technique reconnue internationalement pour la gestion des déchets. »

Les incinérateurs ne prennent que 5 % de l'espace nécessaire aux décharges, qui étaient encore utilisées pour gérer 70 % des déchets en Chine en 2012. L'incinération demande seulement deux heures pour éliminer des déchets qui prendraient normalement plusieurs décennies à se décomposer dans le sol. Plus important encore, l'incinération ne produit que 2 % de la pollution émise par les décharges.

Les objections à l'incinération

Selon Zhang, la Chine comptera plus de 300 incinérateurs de déchets d'une capacité quotidienne de traitement de 300 000 tonnes d'ici à la fin de l'année 2015.

Cela sonne comme une réussite, mais ce n'est qu'un pan de l'histoire. En réalité, les opposants à la construction d'incinérateurs ont largement entravé le bon déroulement des opérations. La routine « décision de construction – protestations liées à l'environnement – abandon du projet » a été observée régulièrement pour des dizaines d'initiatives à Beijing, Guangzhou, Shenzhen et d'autres villes au cours des dernières années. Le 12 mai, les protestations de milliers de citoyens à Hangzhou, capitale de la province du Zhejiang, ont encore fait échouer la construction d'un incinérateur de déchets dans la ville.

La plupart des manifestants pensaient que l'incinérateur était l'incarnation du mal, qu'il produirait des gaz dangereux et endommagerait leurs conditions de vie et leur santé, tout en diminuant la valeur de leurs biens immobiliers.

Le gouvernement s'efforce d'améliorer l'image négative des incinérateurs. Le 16 mai, la Chine a adopté une nouvelle norme de sécurité environnementale, qui réduit les émissions de dioxine tolérées à un dixième du niveau précédent, s'alignant ainsi avec la norme adoptée par l'Union européenne en 2000.

Gagner la confiance de la population

Si la technologie de pointe et l'amélioration des normes sont importantes, la confiance du public est également essentielle. Avant l'escalade des protestations à Hangzhou, le gouvernement local avait essayé d'atténuer les préoccupations du public à travers la tenue d'une conférence de presse au cours de laquelle des experts ont fourni des explications. Selon eux, le nouvel incinérateur à Hangzhou n'aura aucun effet néfaste sur l'environnement local puisqu'il utilise une technologie de pointe et suit strictement les normes de l'UE.

Mais ces explications n'ont guère atténué les craintes des résidents inquiets qui préféraient croire en ce qu'ils avaient vu dans les incidents environnementaux passés.

En 2013, plus de 7 000 incidents liés à la pollution ont eu lieu à travers le pays, soit une augmentation de 31 % par rapport à l'année précédente. Un rapport des Amis de la Nature, une organisation non gouvernementale dédiée à la protection de l'environnement, a indiqué que certains projets liés à l'environnement, bien que fortement contestés, ne sont pas aussi dangereux que le public veut bien le croire.

Dissiper les doutes et regagner la confiance du public sera le grand défi à venir. Liu Yangsheng, professeur de sciences environnementales à l'Université de Pékin, a appelé à plus d'efforts pour accroître la transparence des politiques gouvernementales ainsi que l'implication accrue du public dans la planification de tout projet ayant une incidence sur leurs conditions de vie.

Il est aussi important d'assurer que les normes de sécurité sont véritablement respectées tout au long des projets. Ceci est délicat, car les amendes imposées en cas d'infraction sont trop faibles pour décourager les entreprises de polluer. À la fin de l'année 2013, une entreprise minière a été condamnée à une amende de 30 millions de yuans (4,8 millions de dollars), un record à l'époque dans une affaire de pollution, mais l'amende ne représentait que 0,3 % des profits nets de l'entreprise.

Le respect des normes de sécurité

Établir un système de collecte sélective des ordures ménagères peut aussi aider, explique Ma Jun de l'Institut des affaires publiques et environnementales à Beijing. Par le tri des ordures, les matériaux qui génèrent des gaz toxiques ne seront pas envoyés dans les incinérateurs, réduisant ainsi le risque de pollution, a-t-il dit.

Cette méthode est largement utilisée dans de nombreux pays développés. Le Japon a déjà réussi à réduire de moitié la quantité de déchets déposés dans les incinérateurs de moitié en deux ans grâce à la promotion d'un tel système.

La collecte séparée n'est pas un concept nouveau en Chine. En 2000, huit villes chinoises, dont Beijing, Shanghai, Guangzhou et Shenzhen, ont été sélectionnées pour un projet pilote d'encouragement au tri des déchets. La tentative a échoué en raison des habitudes sociales bien ancrées et des coûts croissants auxquels font face les autorités locales.

Zhang Yi a avancé qu'un système de collecte séparée est un processus de long terme qui repose sur les résidents. Les habitudes de tri des familles ont plus d'impact que tous les efforts du gouvernement, a-t-il noté.

Dans le cadre d'un programme lancé en juin 2014, Guangzhou a invité plus de 10 000 citoyens à visiter les sites de traitement des déchets locaux. Cette initiative vise à faire de la ville un bon exemple de la collecte séparée, et à éviter que des incidents comme les protestations de masse survenues à Hangzhou ne se reproduisent.

 

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