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Publié le 23/06/2014
Le pouvoir des mots

Deng Yaqing

À l'ère de la mondialisation, l'industrie des langues est devenue un élément indispensable aux transactions transfrontalières et à l'expansion d'une société multinationale.

D'ailleurs, l'industrie des langues est sortie de la sphère stricte de la traduction et de l'interprétation pour faire figure sur la chaîne industrielle internationale. « Dans un contexte de mondialisation, la promotion des services langagiers, qui permettent d'accélérer la restructuration économique et de faciliter la transmission culturelle, est un chemin incontournable pour le développement d'un pays », a dit Lu Jijian, directeur adjoint du commerce des services du ministère chinois du Commerce, à l'occasion d'un forum.

Le forum, intitulé « Langage, élément-clé du succès mondial », s'est tenu le 29 mai dans le cadre de la troisième édition de la Foire internationale du commerce des services de Beijing (CIFTIS). Il a été organisé par l'Association des traducteurs de Chine (ATC) ainsi que Globalization and Localization Association (GALA), Localization World, et l'entreprise Rockant Training and Consulting.

« Le forum sert de plate-forme permettant aux fournisseurs et consommateurs de services langagiers d'échanger leurs points de vue et de promouvoir les nouvelles technologies », a expliqué Wang Gangyi, vice-président du Groupe de publication internationale de Chine (CIPG).

Les services langagiers, une industrie émergente, ont été pour la première fois mis en avant lors de la Conférence sur l'industrie internationale des langues 2010 en Chine. Dans son allocution, Guo Xiaoyong, vice-président de l'ATC, a dit : « La mondialisation et le développement rapide des technologies informatiques ont fait naître un nouveau mode de services langagiers, qui intègrent la traduction, la localisation, les technologies langagières, les services-conseils multilingues et l'enseignement des langues.»

Les services langagiers, qui avaient fait leur première apparition en Chine à la fin des années 1970 avec l'application de la politique de réforme et d'ouverture du pays, ont connu un plein essor depuis l'adhésion de celui-ci à l'Organisation mondiale du commerce en 2001. Selon les statistiques de l'ATC, le nombre des entreprises spécialisées dans la fourniture de services langagiers est passé de 16 en 1980 à 37 197 en 2011, soit une croissance de 30,3 % en glissement annuel.

Selon le Rapport 2012 sur l'industrie chinoise des services langagiers, l'industrie des langues est prévue de générer une valeur de production annuelle estimée à 260 milliards de yuans (41,78 milliards de dollars), d'engager plus de 2 millions de professionnels et d'héberger plus de 60 000 entreprises d'ici fin 2015.

Développement durable

Or, la plupart de ces entreprises sont des TPE qui ont du mal à innover, a dit M. Wang. En conséquence, elles proposent des services de traduction et d'interprétation similaires sur un marché bas de gamme, conduisant à la dégradation de l'environnement de l'industrie des langues dans son ensemble, selon les analyses du Rapport.

Willy Brandt, ancien chancelier allemand, exprimait un sentiment largement répandu lorsqu'il disait : « Si je vous vends quelque chose, je parle votre langue. Si j'achète, dann müssen sie Deutsch sprechen [vous devez parler allemand]. » Dans le cadre du commerce international, parler la langue maternelle de votre client permet de témoigner de votre respect, ce qui valorise la signification de la localisation.

« La localisation est l'approche la plus efficace dans le monde des affaires », a déclaré Andrew Lawless, président de Rockant Training and Consulting, une société américaine spécialisée en conseil et formations sur la localisation.

« Ce que les consommateurs achètent, ce ne sont pas les produits eux-mêmes, mais leurs idées de fabrication », a indiqué M. Lawless, qui a pris Apple Inc. comme exemple. Selon lui, ce géant de l'électronique dispose de connaissances et de techniciens comparables à ses concurrents. La clé de son succès réside dans son concept d'affaires.

À la différence des autres fabricants d'ordinateurs, Apple se présente à ses clients en disant que « tout ce que nous faisons défie l'industrie où nous sommes, et nous le faisons en rendant nos produits magnifiques et conviviaux. »

M. Lawless a suggéré aux professionnels des langues d'établir une relation de confiance avec leurs clients potentiels. En d'autres termes, les consommateurs se tournent toujours vers ceux qui partagent leurs convictions.

« Les entreprises de services langagiers devraient faire savoir aux clients qu'elles sont conscientes de la valeur de la localisation et du pouvoir des technologies, qui sont capables de rendre leur travail aussi efficace et convivial que possible », a déclaré M. Lawless, en indiquant que cette approche est beaucoup plus pertinente que le recours aux bas prix.

Le rapport qualité-prix

Si de nombreux producteurs chinois tentent d'acquérir une bonne part de marché en baissant leurs prix, une compétition sur les prix semble être la meilleure façon de faire perdre des profits et des contrats à l'industrie des langues.

« D'un côté, les professionnels des langues n'hésitent pas à offrir leurs services à des prix bon marché ; de l'autre, l'expérience nous enseigne que plus vous facturez, plus les gens vous respectent », a signalé M. Lawless, en suggérant que les entreprises doivent renoncer aux clients qui ne paient pas leurs services à la hauteur de leur valeur.

Néanmoins, aux yeux des consommateurs, un prix élevé ne correspond pas forcément à une meilleure qualité. Selon une enquête récemment conduite par Common Sense Advisory, une société de recherche sur le marché basée dans le Massachusetts, 60 % des consommateurs et 50 % des professionnels des langues interrogés ne pensent pas que la qualité soit proportionnelle au prix.

Les entreprises devraient assurer à leurs clients que s'ils paient plus cher, la localisation fera l'objet d'une plus grande attention, et des technologies langagières plus avancées seront engagées dans la traduction, a dit Donald A. DePalma, fondateur de Common Sense Advisory.

La compétition sur les prix mise à part, le développement de l'industrie des langues chinoise a d'autres défis à relever, y compris l'écart entre les régions et la pénurie des professionnels hautement qualifiés. En un mot, il lui reste un long chemin plein d'obstacles à parcourir.

Encadré

L'Association des traducteurs de Chine

Établie en 1982, l'ATC est la seule association nationale dans le domaine de la traduction en Chine, assumant un double statut d'association académique et d'organisation professionnelle.

Engagée dans la recherche, la formation et les échanges de personnel, l'ATC tient à améliorer l'autodiscipline et la régularisation du milieu de la traduction, à protéger les droits et intérêts légitimes des traducteurs et des interprètes, ainsi qu'à faciliter les échanges et la coopération.

Composée d'instituts, d'entreprises et d'individus spécialisés dans la traduction, l'interprétation, la localisation et la terminologie, l'ATC dispose de membres dispersés en Chine comme à l'international.

 

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