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Publié le 16/06/2014
Devenir entrepreneur

par Ni Yanshuo

Aux yeux de la plupart des Chinois, travailler pour des multinationales ou des organismes gouvernementaux à la sortie de ses études supérieures est un signe de prestige, tandis que les magasins en bordure de route sont le reflet d'une réussite sociale moins importante.

Les temps changent et Wu Jie, un étudiant de troisième cycle spécialisé dans la gestion d'entreprise, diplômé de l'Université agricole de Jiangxi en juillet 2013, suit la nouvelle tendance. Il a ouvert une boutique à Nanchang, la capitale de la province du Jiangxi, où il vend des produits en toile, principalement des sacs.

« Cette petite boutique n'est pas simplement un moyen de gagner ma vie. À mes yeux elle représente le début de ma carrière », a déclaré Wu Jie à Beijing Information. Après un peu moins d'un an, sa boutique lui a rapporté plus de 150 000 yuans (24 470 dollars).

Cette année, avant la remise des diplômes qui tombe habituellement en juin-juillet, neuf agences du gouvernement chinois, y compris le ministère des Ressources humaines et de la Sécurité sociale et le ministère de l'Éducation, ont publié conjointement un avis dans lequel elles s'engagent à travailler ensemble pour aider les diplômés à créer leur entreprise. Les mesures d'incitation, telles qu'un soutien politique, financier et matériel seront renforcées. Les universités et les lycées sont également encouragés à former leurs élèves aux affaires. Selon l'avis, le gouvernement aidera 800 000 diplômés universitaires à lancer leur entreprise entre 2014 et 2017.

« Il est vraiment nécessaire que le gouvernement prenne des mesures pour encourager plus d'étudiants à se tourner vers la création d'entreprise », a déclaré Xin Changxing, vice-ministre des Ressources humaines et de la Sécurité sociale. « Inciter les diplômés [d'aujourd'hui] à devenir entrepreneurs peut ensuite contribuer à créer plus d'emplois pour leurs successeurs. »

Soutien du gouvernement

L'immense population de la Chine, qui compte aujourd'hui plus de 1,3 milliard d'habitants, exerce une pression sur les diplômés qui sont à la recherche d'un emploi. Les statistiques montrent qu'en 2014, 7,27 millions d'étudiants seront diplômés d'établissements d'enseignement supérieur, soit l'équivalent de la population totale de la Sierra Leone et de la Guinée équatoriale. « Dans ce contexte, encourager les diplômés à créer des entreprises est une option pertinente », a déclaré Xin Changxing lors d'une conférence de presse le 31 mai.

Selon ce dernier, seulement 1 % des diplômés universitaires chinois choisissent de créer leur entreprise alors que dans les pays développés, le pourcentage est de 20 à 30 %.

Une enquête effectuée auprès d'étudiants diplômés l'année dernière montre que les défis majeurs liés à la création d'entreprise sont le manque de fonds et d'expérience et la difficulté à trouver des locaux. Ainsi, les neuf organismes gouvernementaux ont mis en place des politiques de soutien adéquates. Les universités et autres institutions connexes de l'enseignement supérieur doivent assurer l'éducation et la formation de leurs élèves en matière de création d'entreprise afin d'aider les étudiants à acquérir une certaine expérience. Les services compétents pour l'industrie et le commerce doivent abaisser le seuil nécessaire au lancement d'une nouvelle société, et les banques sont appelées à faciliter les demandes de prêts bancaires et à offrir des prêts à taux d'intérêt réduits.

Depuis le 1er mars, la loi modifiée sur les entreprises chinoises a mis un terme au capital social minimum auparavant requis pour établir une entreprise.

Former les entrepreneurs

Outre les efforts du gouvernement, de nombreux établissements d'enseignement supérieur jouent aussi un rôle dans la formation des futurs entrepreneurs.

« Je suis très heureux de savoir que plusieurs universités, y compris la mienne, vont lancer une formation entrepreneuriale pour les étudiants », a déclaré Zhou, un étudiant à l'Université des Sciences et Technologies de Suzhou. Bien que seulement en troisième année, il est surnommé « le patron » par ses camarades de classe car il tient un étal au marché pendant son temps libre. Zhou a indiqué qu'il continuerait son activité en ouvrant une boutique après l'obtention de son diplôme.

De nombreuses universités ont déjà lancé des cours et formations relatifs au monde des affaires. Par exemple, l'Université de la jeunesse chinoise des sciences politiques a importé le programme KAB (« know about business » en anglais, « comprendre l'entrepreneuriat »). Il est actuellement enseigné dans six classes.

L'université industrielle et commerciale de Yiwu est un autre exemple. Située dans la province du Zhejiang, un des centres d'affaires de la Chine, la faculté est célèbre pour son école d'entrepreneuriat. Dans cette école, les élèves apprennent exclusivement à faire des affaires en ligne, principalement sur taobao.com, la plus grande plateforme commerciale en ligne chinoise pour les activités C2C et B2C. Les étudiants n'ont pas besoin de remettre des devoirs et leurs résultats sont calculés sur la base de la réussite de leur entreprise au cours de la durée universitaire.

Bon état d'esprit

Les experts estiment que les efforts fournis pour promouvoir l'entrepreneuriat restent insuffisants et que davantage de temps devrait être consacré à la préparation mentale des étudiants pour les ouvrir au monde des start-ups.

« Beaucoup d'étudiants sont réticents à l'idée de créer une start-up car ils attribuent cette démarche à ceux qui ont échoué aux examens d'entrée à l'université », a déclaré Lu Jingping, un expert des affaires sociales. « Cela devrait changer pour que la création d'entreprise soit vue comme un moyen de suivre son rêve. » Il a toutefois admis que ce serait une tâche de longue haleine.

« Il est vrai que certains de mes camarades de classe pensent que tenir un étal n'est pas un travail digne de ceux qui ont reçu un enseignement supérieur. Ils me demandent même d'arrêter en disant qu'ils pourraient perdre la face du fait qu'ils sont mes camarades de classe », a déclaré Zhou. « Mais je ne suis pas d'accord. Je vais continuer. »

Besoin de prudence

Bien qu'il soit beaucoup plus facile pour les étudiants de lancer leur entreprise, les experts expliquent que faire des affaires n'est pas une tâche facile et que cette activité n'est pas faite pour tout le monde.

Wang Yining travaille aujourd'hui dans une entreprise de design à Shanghai, mais il a une expérience entrepreneuriale douloureuse. À la suite de l'obtention de son diplôme en 2011, il a créé un studio de design avec deux de ses camarades de classe. Il a cependant été contraint de mettre la clé sous la porte moins d'un an plus tard, à cause du manque de clients.

Wang n'est pas un cas isolé, et de nombreux diplômés échouent à créer leur entreprise en raison de l'abondance des difficultés et défis auxquels ils doivent faire face.

« Nous encourageons les étudiants à créer leur entreprise, mais nous espérons qu'ils feront une étude exhaustive et rationnelle avant de se lancer », a déclaré Wang Yanru, professeur de l'Université de la jeunesse chinoise des sciences politiques. « Ils doivent être pleinement préparés avant de se mettre à leur compte. »

 

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