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Publié le 27/01/2014
Google veut rentrer dans les foyers

Liu Jia

Avec le rachat de Nest pour un total de 3,2 milliards de dollars, Google effectue sa deuxième plus grosse acquisition derrière le rachat des activités de téléphonie mobile de Motorola.

Le 3 janvier, un jour après que des rumeurs aux Etats-Unis laissaient entendre que la société américaine Nest, spécialisée dans les équipements « intelligents » pour la maison, aurait obtenu un financement de 150 millions de dollars, un entrepreneur d'une start-up chinoise dans les technologies de l'information se rendait au siège de la société. Il y trouva porte close. « La société ne reçoit plus de visiteurs ».

Alors que les spéculations allaient bon train, il est probable qu'à ce moment-là, les négociations étaient entrées dans une étape cruciale. Personne ne pouvait penser que dix jours plus tard, Google faisait main-basse sur Nest pour un montant de 3,2 milliards de dollars.

Cet entrepreneur chinois, interviewé par l'hebdomadaire « China Business News », exprime sa surprise. « C'est vraiment un peu inattendu, estime-t-il. Au début, Nest vendait des thermostats dans les boutiques d'Apple, ce qui lui a permis de s'implanter sur les marchés, pour finalement être racheté par Google, un adversaire redoutable d'Apple »

L'empreinte d'Apple est profonde chez Nest. Son fondateur et PDG Tony Fadell était un ancien vice-président de la division iPod d'Apple. Unanimement considéré comme le père de l'iPod, il a quitté Apple pour des raisons personnelles en 2008. Deux ans plus tard, en mai 2010, avec l'ancien directeur en charge des logiciels d'Apple, Matt Rogers, il fonde la société de Nest Labs. Sur les 300 employés de l'entreprise, près d'une centaine ont travaillé à Apple.

Cette start-up vaut maintenant beaucoup d'argent. Google a effectué sa seconde plus grosse acquisition pour un montant de 3,2 milliards de dollars, après celle des activités de téléphonie mobile de Motorola

Pourquoi Google a-t-il déboursé 3,2 milliards de dollars pour une start-up créée il y a moins de quatre ans ?

Apple a probablement joué un rôle dans le montant élevé de ce rachat. Nest et Apple ont noué des liens très serrés et en même temps, Apple a participé à l'offre de rachat, ce qui n' pas manqué d'attirer l'attention de Google. Le montant élevé de ce rachat envoie aussi un signal. Google entre dans ce qui constitue l'ADN d'Apple et peut ainsi la contrôler. Le géant de l'Internet va étendre son activité stratégique sur le marché des équipements domestiques.

Selon les documents publiés, Nest Labs fabrique actuellement des thermostats et des détecteurs de fumée. Les thermostats numériques « intelligents » possèdent une interface et de nombreux capteurs. Leur connexion au réseau sans fil peut permettre de connaître les habitudes des utilisateurs. C'est en quelque sorte l'iPod du thermostat. Le détecteur de fumée peut se connecter au thermostat Nest et appartient aussi à cette gamme de produits « intelligents » développés par la société. Ces deux types de produits sont d'une conception à la fois simple et élégante ; ils sont dotés d'une technologie à toute épreuve qui leur permet de conquérir une clientèle nombreuse. Ils sont de plus disponibles dans les boutiques Apple.

Pour reprendre les propos de Larry Page, le PDG de Google : « Le thermostat de Nest Labs permet d'économiser l'énergie et les détecteurs de fumée et de monoxyde de carbone garantissent la sécurité des membres de la famille ».

En fait, Google avait déjà testé un appareil permettant les économies d'énergie semblable au thermostat « intelligent » de Nest, mais ce dernier met l'accent sur la régulation intelligente, alors que les produits de Google permettaient une plus grande efficacité énergétique dans un foyer. De plus, grâce à la collecte de données, il pouvait développer certaines applications et services. Dans une certaine mesure, ces deux aspects sont complémentaires.

« Après les vêtements (équipements portables), la nourriture (les biosciences, la forme et la santé), les déplacements (Android automobile), Google ne pouvait pas ne pas entrer dans les maisons. Nest est équivalent à un smartphone dans la maison, son potentiel d'imagination est énorme » déclare Li Tao, directeur du développement de la téléphonie mobile de CSDN, à « China Business News ».

D'après Li Tao, Google est de fait toujours une société qui attache la plus haute importance à la collecte des données. « Avec des données, vous pouvez offrir des services, des produits, comme les données des utilisateurs recueillies dans la maison ou dans la voiture, et relier intégralement ces données avec les individus et les rendre de plus en plus complètes pour dresser un portrait sans cesse plus précis de la personnalité de l'individu. Dans cette perspective, Google pourra fournir encore plus de services ».

En fait, Tony Fadell a également souligné que le thermostat n'était pas la technologie de base de Nest. En novembre dernier, au cours d'une interview, il a plutôt mis en avant l'intégration de l'informatique en nuage pour la communication, les algorithmes, les capteurs et le confort d'utilisation. Cela signifie que les chercheurs de Nest s'intéressent à l'étude du comportement dans la maison, et le thermostat n'est que la première étape dans leur compréhension.

Cela peut également signifier que le thermostat Nest ne représente qu'une avancée minime. Selon des milieux informés, une fois que Google aura acquis de l'expérience dans l'environnement du système d'exploitation Android, il se servira de la plate-forme que constitue Nest pour combiner la conception, les algorithmes, les données et le matériel afin de créer un nouvel environnement qui équipera les maisons « intelligentes ».

Pendant ce temps, Nest peut aussi s'appuyer sur Google pour mieux relever les défis de la concurrence. Selon Tony Fadell, Nest propose des services très ciblés et les opportunités sont très nombreuses en Europe. Des obstacles se dressent cependant, notamment du point de vue légal, de la logistique et du recrutement local. Google peut contribuer à relever ces défis. En outre, il faut investir dans un système de soutien technique à la clientèle et acquérir des serveurs. Google peut fournir des ressources en infrastructures, alors que les gestionnaires de Nest peuvent se concentrer sur la différenciation des produits et des services.

Au cours de ces dernières années, de nombreux fabricants d'appareils électroménagers comme Samsung, Sony, Haier ou Changhong, ont cherché comme Google à pouvoir contrôler ce type de plate-forme et ainsi réaliser la connectivité des appareils électroménagers et des équipements de la maison.

Au Salon de l'électronique grand public de cette année, Samsung a présenté le concept de Smart Home (« maison intelligente »), une application qui vise à contrôler en connectant tous les appareils électroménagers et équipements « intelligents ». Yoon Boo-geun, PDG et directeur de la division électronique grand public de Samsung, a déclaré à la presse que la large gamme de produits de Samsung, sa capacité de recherche et développement et de production intégrée, ainsi que son réseau de partenaires à travers le monde, permettait à tous les produits numériques présents dans la vie quotidienne d'être interconnectés ; c'est selon lui la solution de base dans l'agencement domestique.

Liu Tibin, directeur général de Changhong, a également déclaré que la nouvelle stratégie de Changhong, grâce à différents terminaux intelligents, aux plates-formes de services reposant sur un réseau informatique en nuage et au développement d'un modèle d'affaire correspondant pour la datamasse, introduit des solutions collaboratives intégrées. Cela permet l'entrée des produits grand public de Changhong, comme les appareils électroménagers, les téléphones et autres produits de télécommunication, dans l'âge de l'internet pour leur donner une compétitivité renouvelée.

Suite à cette acquisition de Google, les cours des titres des sociétés Hejing Technologies et Yitoa Intelligent Control, des entreprises chinoises spécialisées dans les équipements intelligents, ont augmenté pour atteindre leur limite quotidienne. Selon des initiés, la production d'équipements intelligents fera un bond en 10 ans pour passer de 5 milliards de yuans en 2010 à 1 000 milliards en 2020. Le marché des terminaux intelligents sera multiplié par 20 en dix ans pour passer à 800 milliards de yuans.

 

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