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Emeutes à Lhassa>>> Opinions
Publié le 07/04/2008
Restaurer la confiance

La vie dans la ville de Lhassa a repris son cours normal à la suite de violentes émeutes

Jing Xiaolei (envoyé spécial à Lhassa)

Le 26 mars, à 19h30 le soir venait à peine de poindre. L'atmosphère dans la ville de Lhassa, capitale de la région autonome du Tibet et destination touristique internationale, était anormalement calme. De nombreux magasins et restaurants avaient déjà abaissé leurs grilles. La circulation était faible, les passants avaient quasiment déserté les trottoirs, et l'on pouvait observer, de temps à autre, des véhicules de police effectuant une patrouille.

« Vous ne pouvez vous imaginer la peur que j'ai ressentie lorsque que j'ai vu ces malheurs à la télévision », a reconnu Li Fasheng, un jeune Tibétain de sept ans, suivant sa scolarité en classe préparatoire à l'école primaire n°1 de la capitale préfectorale. Il était l'un des rares piétons à effectuer une promenade sur la place du Palais du Potala, accompagné de ses parents.

Les malheurs que désignait ce bambin éclatèrent le 14 mars lorsque des émeutiers se livrèrent à un véritable saccage de la ville, incendiant des bâtiments, pillant des banques, des écoles et des commerces, et lançant aveuglément des pierres, frappant et tuant des civils.

« Mon école a fermé ses portes pendant six jours car nous ne pouvions pas sortir dans les rues, en raison du danger », se souvient Li devant notre journaliste, ajoutant que sa peur avait désormais disparu depuis que son père lui avait indiqué que le « malheur » s'était dissipé.

De tragiques souvenirs

« Le 14 mars, dans la matinée, j'entendis les émeutiers crier à gorge déployée à l'extérieur de la porte. Ils jetèrent des pierres sur la façade de l'hôpital et brisèrent de nombreuses vitres du deuxième étage », se remémore Zhandui, un docteur tibétain âgé de 63 ans, directeur de la clinique externe de l'Hôpital de la Région autonome du Tibet.

La clinique dirigée par Zhandui se situe à proximité du monastère de Jokhang, lieu d'origine des émeutes. La population, effrayée par les émeutiers, se précipita dans la clinique afin d'y trouver refuge.

« Je n'avais aucune idée du motif qui les amena à s'en prendre à nous. J'étais proprement scandalisé par les débordements des émeutes cependant je dus me contenter de fermer le portail d'entrée afin de les empêcher de pénétrer dans l'enceinte de l'hôpital », poursuivit Zhandui. « Ces débordements continuèrent pendant près de deux heures, cependant, grâce au ciel, on ne dénombra aucun blessé dans notre clinique. »

« Je n'aurais jamais imaginé qu'un tel déferlement de violence puisse se produire sous mes yeux, devant le portail de l'hôpital. Ce que ces casseurs ont effectué n'a rien résolu, au contraire, ils ont fait du tort à la stabilité et la paix dans cette zone », a-t-il renchéri.

Ces actes criminels ont légué de nombreux souvenirs tragiques dans l'esprit de nombreuses personnes, ce qui devrait rester gravé dans leurs mémoires à tout jamais.

Tang Qingyan, propriétaire d'un magasin de vêtements dans le centre-ville de Lhassa, a encore les larmes aux yeux lorsqu'il évoque le jour où cinq vendeuses de son magasin furent brûlées vives en raison des incendies provoqués par les émeutiers.

« Lorsque leurs corps calcinés furent localisés, on a découvert que certaines jeunes femmes avaient conservé les poings serrés », se rappelle douloureusement le propriétaire du magasin, qui emménagea il y a quelques années dans la ville de Lhassa depuis la province voisine du Sichuan. L'âge de ces victimes s'étendait de 19 à 24 ans, l'une d'entre elle était une jeune femme tibétaine.

Se tenant devant son magasin réduit en cendres, qui a été par la suite transformé en mémorial, visité quotidiennement par une chapelle de curieux, M. Tang a réaffirmé qu'il n'avait pas l'intention de quitter la ville de Lhassa et qu'il poursuivrait ses activités commerciales, estimant qu'il n'existe qu'une poignée de malfaiteurs favorables à la création des conflits et de la haine.

Le 21 mars, le bilan officiel dressé par les autorités de 18 civils décédés auquel s'ajoute la mort d'un agent de police, fut publié dans un communiqué de presse du gouvernement régional du Tibet. En outre, 241 agents de police ont été bléssés, dont 23 grièvement.

Les dommages causés par les émeutes s'élèvent à 244 millions de yuans (plus de 22 millions d'euros), d'après les enquêtes du gouvernement local.

L'unité porteuse d'espoir

Afin de garantir le retour à la paix et à la stabilité, les forces de maintien de l'ordre de la région autonome du Tibet diffusèrent un communiqué le 15 mars, intimant les émeutiers à cesser leurs violences et proposant leur clémence à l'égard à ceux qui se livreraient volontairement aux forces de police. Plus de 280 personnes impliquées dans les émeutes du 14 mars se rendirent aux forces de police jusqu'au 25 mars, selon le Bureau de la sécurité publique de Lhassa.

Les enquêtes menées par la police révèlent que certaines personnes furent contraintes de participer aux troubles et que la participation de certains fut même rétribuée par les sécessionnistes.

« Ils m'avaient menacé de réduire ma maison en cendres si je ne participai pas à ce mouvement », a reconnu Basang, un Tibétain de 43 ans, qui suivit un groupe d'émeutiers qui s'en prit à un magasin et à un policier. Après avoir aperçu le communiqué de la police à la télévision, il se livra aux autorités. « Je reconnais ma culpabilité. Je promets de ne plus réaliser à l'avenir quelque action qui puisse nuire à la stabilité sociale », a-t-il juré.

Le 17 mars la ville de Lhassa avait pratiquement retrouvé la stabilité. Les commerces rouvrirent leur porte tandis que les agences gouvernementales et les écoles reprirent leurs activités normales, selon le maire de Lhassa, Doje Cezhug.

« Je ne pense pas que de tels débordements de violence puissent se reproduire de nouveau », indiqua Liu Hongjun, un homme d'affaires originaire du Sichuan, propriétaire d'un petit commerce d'alimentation, à notre journaliste. « Nous sommes tous partisans d'un environnement social paisible, la violence n'amène rien de bénéfique, pas plus pour les Tibétains que pour les Hans. »

M. Li reprit ses activités commerciales le 20 mars. Bien que les affaires ne soient pas aussi fructueuses qu'à l'accoutumée, en raison des dégâts provoqués par les émeutes, il a précisé être confiant quant au retour à la normale, à plus ou moins long terme.

« Cela fait maintenant sept ans que je réside à Lhassa, et que je connais une foule de Tibétains. Leur gentillesse est exemplaire et ils ne rechignent jamais à donner de l'argent lorsqu'ils rencontrent un mendiant », a reconnu Li.

La compréhension mutuelle et la coexistence harmonieuse de longue date qui scellent l'unité entre les résidents locaux de diverses ethnies, ont permis à la ville gravement touchée par les émeutes, de renouer avec la confiance et une vie paisible.

« Le premier enseignement que nous devons tirer des dernières violences est que nous devons afficher davantage d'unité afin d'éviter que de telles tragédies se produisent de nouveau », a estimé Lhapa, un habitant de Lhassa officiant dans un hôpital local.

« J'étais véritablement ravi de revoir mes camarades de classe lorsque nous reprîmes le chemin de l'école le 17 mars, à la suite des violences », a exprimé Wang Hongchao, un étudiant de l'ethnie Han, suivant sa scolarité au collège n° 2 de Lhassa, devant notre journaliste. Son école fut également touchée par les émeutes, avec deux bâtiments détruits par les flammes.

« Je ne pense pas que notre amitié ait été menacée par cette tragédie. En fin de compte, ces émeutiers ne sont pas représentatifs de tous les Tibétains », a-t-il ajouté.

« Nous ressentons le devoir de perfectionner la sensibilisation à la lutte contre le séparatisme ».

« J'espère que l'influence des derniers troubles sera dissipée dès que possible. A la différence des adultes, il est bien plus important de semer les grains de l'amour et de la paix dans ces âmes juvéniles », a indiqué le directeur du collège, précisant que le gouvernement régional avait déjà consacré 15 millions de yuans (1,37 million d'euros) afin de réhabiliter les deux bâtiments du collège, détruits par les émeutes.



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