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Boualem Sansal, la force de la radicalité

Jacques Fourrier  ·  2017-03-23  ·   Source: Beijing Information
Mots-clés: Boualem Sansal; Fête de la Francophonie

Des accents camusiens

Albert Camus vient tout de suite à l’esprit tant les thèmes communs abondent dans l’œuvre de Boualem Sansal : cet amour pour la terre d’Algérie, bien sûr, mais aussi la passion de la vérité et de la justice, ainsi que le constat cru de l’absurdité au quotidien.

Dans son essai « Poste Restante : Alger : lettre de colère et d'espoir à mes compatriotes » publié en 2006 et censuré en Algérie, on retrouve l’écrivain en colère qui fait le point sur la situation depuis 1962. « Il est des paix qui sentent la mort et des réconciliations qui puent l'arnaque. Il n’y a rien de juste, rien de vrai dans l’affaire », écrit-il dans ce brûlot qui lui vaut toujours les foudres de l’intelligentsia algérienne. Ainsi, Ahmed Cheniki, dans une tribune du 20 mars 2016 dans le journal algérien Liberté, se demandait « Qu’est-ce qui fait courir Boualem Sansal ? », l’accusant de révisionnisme et de haine contre l’Algérie et les Algériens. Il y dénonce aussi le recours trop facile à Albert Camus, estimant que les écrivains algériens peuvent s’imposer en France sans être « obligés de sortir Camus à tout moment ou de chercher à vendre une Algérie qui fait partie de l’horizon d’attente de certains Européens ».

Dans son 6ème roman aux accents autobiographiques, « Rue Darwin », prix du Roman arabe 2012, Boualem Sansal revient dans cette rue au centre de Belcourt à Alger, à une centaine de mètres de l’immeuble où Albert Camus passa son enfance. Dans ce roman qui narre l’histoire de trois générations d’Algériens, il y décrit les épisodes tragiques de la période Boumediene à l’islamisme du FIS et du GIA. « Plus fort que la vérité au sein des familles est la paix, même si celle-ci se paie cher et pourrit les cœurs. Il y a aussi la honte, ce sentiment absurde et rébarbatif est un sacré frein à la vérité, je le savais plus que d’autres », écrit-il, un constat qui fait écho à celui d’Albert Camus dans « La Peste » : « Le mal qui est dans le monde vient presque toujours de l’ignorance. »

Algérie, entre lumière et suffocation

Il aura fallu les tragédies des années 1990 en Algérie pour que Boualem Sansal, polytechnicien et haut fonctionnaire au ministère de l’Industrie, se décide à l’âge de 50 ans de prendre la plume quand d’autres recouraient à la violence.

Dans « Gouverner au nom d’Allah », un essai paru en 2013, il dresse froidement l’inventaire de ces années de plomb. « Le bilan de cette confrontation entre les islamistes radicaux et le pouvoir algérien (1991-2006) est terrifiant : plus de deux cent mille morts, une économie dévastée, un pays détruit, des blessures sociales et morales irréparables, l’élite moderne du pays décimée, assassinée par les uns et les autres ou dispersée dans une émigration sans retour, l’image du peuple algérien ternie dans le monde pour très longtemps. »

Tous les lycéens francophones ont réfléchi sur cette citation de Rousseau : « L’Histoire est un grand miroir où l’on se voit tout entier ». Boualem Sansal regarde en face l’histoire de l’Algérie, une posture délicate quand les plaies ne sont pas refermées. Evoquant la colonisation, « un sujet récurrent entre l’Algérie et la France, constamment sur la table », il souligne les ressorts discursifs qui mènent à des positions irréconciliables, chacune à la recherche d’une légitimité.

Une démarche qui le rapproche de son ami Michel Onfray, le philosophe français avec lequel il compte collaborer. « Nous sommes dans la même radicalité, parce que le discours bon enfant ne produit rien. Le politiquement correct nous a muselés », constate-t-il.

Cette radicalité ne peut s’exprimer que si l’on peut déjouer les pièges de toutes les novlangues. « En Algérie, nous sommes analphabètes trilingues : nous avons perdu le français à cause de l’arabisation forcée, l’arabe est peu ou mal enseigné, nous avons perdu le kabyle et nos langues ancestrales. » Une déclaration controversée qui montre que Boualem Sansal sait que de la maîtrise d’une langue naît la réflexion critique.

Devant l’ambassadeur de France Maurice Gourdault-Montagne qui le recevait à la Résidence de France à Beijing le 10 mars, Boualem Sansal s’amuse d’un paradoxe : « Français jusqu’à l’âge de 13 ans, je me suis retrouvé francophone après l’indépendance de l’Algérie en 1962. C’est sans doute un cas unique », a-t-il lancé, son visage s’illuminant de rides facétieuses. Il pourrait faire sienne une remarque d’Albert Camus qui écrivait dans ses Carnets : « Oui, j’ai une patrie : la langue française ».

 

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