Dans la mythologie occidentale, Noé construisit une arche pour y embarquer toutes sortes de bêtes et d'oiseaux afin d'échapper à un déluge et survivre ainsi à la « fin du monde ». Une semence, une cellule, du sang, de la salive, de l'ADN, des données, tout cela semble peu important, mais ces éléments constituent les bases de la science et des secteurs de la biologie de l'avenir.  

Depuis le 22 septembre, la Banque nationale de gènes (BNG) qui a entamé ses opérations à Shenzhen, dans la province méridionale du Guangdong, a pour mission de « préserver le présent et créer l'avenir ». La Chine va se munir ainsi d'une « Arche de Noé », pour véhiculer les échantillons génétiques ainsi que le code génétique des humains et des autres êtres vivants.  

Qu'est–ce que la Banque nationale des gènes ? 

La Banque nationale des gènes de Chine, unique dans le pays, a pour objectif de protéger, développer et utiliser avec efficacité les ressources génétiques, de relever le niveau de développement dans les recherches en sciences de la vie et des secteurs de la biologie en Chine, de garantir la sécurité des informations biologiques du pays, et de s'efforcer de développer les sciences de la vie dans le monde.  

Pour Mei Yonghong, son directeur, la BNG est différente des trois grandes banques de gènes mondiales aux Etats–Unis, dans l'Union européenne et au Japon. Il s'agit non seulement d'une banque de données, mais aussi d'une version intégrée de toutes les sortes de banques disponibles dans le monde : banques d'échantillons d'organismes vivants, banques de données, banques de la diversité biologique et banques des maladies. La BNG comprend aussi une banque des organismes vivants, notamment des ressources animales et végétales, des micro–organismes, et des ressources marines.  

Actuellement, la BNG a déjà stocké 10 millions d'échantillons vivants de diverses ressources biologiques. Elle a établi des données sur l'information génétique ainsi que des normes concernant la collecte, le stockage et la gestion des échantillons biologiques et des standards techniques. Elle a aussi publié une trentaine d'articles dans des revues scientifiques réputées comme « Nature », « Sciences » et « Cellules ».  

La Banque nationale des gènes, un peu comme la Banque du sang en Chine 

Cette BNG concerne tout un chacun. Wang Jian, PDG de Huada Gene, estime qu'il faut conserver les spécimens de chaque étape cruciale de la vie humaine : à la naissance avec les cellules souches,  à 20 ans avec les cellules immunitaires, à 30 ans avec les cellules reproductrices. La BNG est justement l'endroit où sont stockés les échantillons et les données, comme une Banque du sang.  

Depuis de nombreuses années, Wang Jian stocke ses propres données relatives à sa santé. Il connaît parfaitement toutes les modifications qui sont intervenues et de plus, il conçoit sa propre diète, ses exercices et son rythme de vie en fonction de ces données. Selon lui, avec l'accroissement de la capacité de stockage de la BNG, il y aura encore plus de gens à l'avenir qui stockeront et maîtriseront leurs propres données relatives à la santé pour mener une vie encore plus saine.  

La « Banque nationale » de la vie, une plateforme ouverte 

L'humanité reconnaît de plus en plus l'importance des ressources génétiques et de la protection de la diversité biologique sur la terre, comme à Svalbard, en Norvège, avec la Banque mondiale des semences, au Musée d'histoire naturelle des Etats–Unis et à la Banque des échantillons biologique du Royaume-Uni. Les données biologiques de ces trois banques contiennent presque tout ce qui concerne l'ADN, l'ARN et les protéines.  

Xu Xun, le directeur exécutif de la BNG, explique : « La Chine avait un besoin urgent de ce genre de plateforme pour le stockage, la gestion et l'utilisation rationnelle efficaces des échantillons biologiques et des données génétiques spécifiques au pays à l'échelle du pays ».  

La BNG va maintenir une attitude ouverte. « Au niveau de la préservation des semences, nous devons nous soutenir mutuellement et avancer main dans la main à l'échelle mondiale », explique un responsable de la Banque mondiale des semences de Svalbard, qui attend de coopérer avec la Chine à l'avenir dans ce domaine. « La BNG est une plateforme ouverte ; les ressources d'une banque de gènes a toujours des limites, nous espérons que grâce à de meilleurs mécanismes, pour que l'on puisse compléter les connaissances et l'utilisation des ressources génétiques que la nature donne à l'humanité », souligne M. Mei, qui précise que la BNG traversera évidement les frontières à l'avenir pour intégrer davantage de ressources dans la monde.  

« La BNG fait aussi face à des défis importants, surtout pour l'harmonisation vis–à–vis des conventions et des normes internationales, explique Wang Ren, directeur général adjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. Nous sommes certains que la BNG aura un impact profond à l'avenir dans le développement des sciences et technologies génétiques. »