L'avenue des Champs-Elysées est éclairée par les lumières de Noël à Paris, en France, le 19 novembre 2023. (Xinhua/Gao Jing) 

Après une croissance proche de zéro au premier trimestre, un rebond inattendu de 0,6% au deuxième trimestre en partie grâce à une envolée des exportations aéronautiques et navales et un recul de 0,1% au troisième trimestre, l'économie française stagne au quatrième trimestre. La Banque de France prévoit une croissance de 0,1%, l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) table sur une croissance nulle, d'autres n'excluent pas la possibilité d'une croissance négative. 

Les projections s'accordent sur le fait que la reprise hexagonale, plombée par un fort ralentissement de l'économie mondiale et par une politique monétaire qui reste très restrictive, sera lente aux premiers mois de l'année 2024. 

LE REPLI DE L'INFLATION SE CONFIRME 

La France ne fait pas l'exception parmi les principales économies européennes où la croissance restera relativement atone par rapport à celle de l'Amérique du Nord et des grandes économies asiatiques. 

Durement frappée par le choc des prix de l'énergie en 2022 et le conflit Russie-Ukraine, la croissance du PIB dans la zone euro devrait rester faible à court terme : 0,6% en 2023 et 0,9% en 2024. Mais s'améliorera peu à peu à mesure que l'inflation ralentira et que les salaires réels se redresseront, selon les dernières évaluations de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). 

La France, bonne élève de la zone euro en 2022 avec une croissance de 2,6%, va voir sa croissance refluer et passer de 0,9% en 2023 à 0,8% en 2024, selon le think-tank basé à Paris. 

La Banque de France prévoit aussi une croissance de 0,9% en 2024 pour le pays avec le repli de l'inflation confirmé. Ceci résulte principalement du resserrement de la politique monétaire depuis juillet 2022, inédit par son amplitude depuis la création de la zone euro. 

Toutefois, malgré de meilleurs chiffres que prévu pour le mois de novembre, l'inflation française reste plus élevée que dans les autres pays européens alors qu'il y a un an, grâce aux mesures "coûte que coûte" de protection du pouvoir d'achat, tel que bouclier tarifaire et remise carburant, la France a constaté une flambée des prix beaucoup plus modeste que chez ses voisins. 

Ces mesures, qui coûteront plus de 100 milliards d'euros aux finances publiques, étalent mécaniquement l'inflation sur une plus longue durée que dans les pays où l'Etat est moins protecteur. De plus, pour restaurer les finances publiques, le gouvernement français a décidé de progressivement supprimer les aides massives en 2023 et 2024. Ainsi, "les effets de base moins favorables en France qu'ailleurs continueront à jouer un rôle dans les mois à venir, et l'inflation devrait baisser un peu moins vite que dans les pays voisins", selon l'analyse de la banque ING. 

LE CHOMAGE REPART EN HAUSSE 

Un autre facteur d'inquiétude vient du bond en arrière du taux de chômage. Progressivement diminué de 9,5% en 2017 à 7,1% au début de 2023, le taux de chômage en France a augmenté à 7,2% au deuxième trimestre avant d'atteindre 7,4% au troisième trimestre. L'Insee prévoit que la tendance au ralentissement de l'emploi se poursuivra au cours des prochains trimestres. 

La hausse du chômage s'explique par l'impact du ralentissement économique et aussi par "l'atténuation de l'effet d'apprentissage". Le régime d'apprentissage, fortement subventionné par l'Etat, qui permet à l'étudiant d'alterner entre études et travail formel à temps partiel, avait contribué pour un tiers à la hausse de l'emploi entre fin 2019 et fin 2022. 

"Le solde entre les entrées et les sorties en contrats d'alternance est désormais quasi nul, ce qui contraste avec les très fortes augmentations passées des entrées", précise le quotidien économique Les Echos. 

Par conséquent, le taux de chômage devrait augmenter jusqu'en 2025 pour atteindre 7,8%, prévoit la Banque de France. 

Pour beaucoup d'analystes, cet affaiblissement du marché du travail devrait limiter le rebond attendu de la consommation des ménages, malgré une hausse attendue des salaires réels grâce à la baisse de l'inflation. Plus généralement, la croissance atone, la hausse des taux d'intérêt et du chômage pèseront sur les recettes fiscales, entraînant une nouvelle détérioration des finances publiques. 

UNE FLEXIBILITE TEMPORAIRE POUR DEPENSER 

A cause de son niveau de la dette publique qui s'envole d'année en année, la France redoute une dégradation de sa note par des agences de notation. En 2023, Moody's et S&P ont choisi de maintenir leur évaluation de la solvabilité de la dette française, tandis que Fitch a abaissé d'un cran la note de la France. 

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire s'est dit "déterminé" à réduire le déficit public et à "accélérer le désendettement" de la France. La dette publique, qui a dépassé les 3.000 milliards d'euros au premier trimestre 2023, s'établit à 3.088,2 millards d'euros au troisième trimestre, soit 111,7% du PIB. 

Le gouvernement français prévoit un déficit public à 4,9% du PIB et un endettement à 109,7% du PIB pour 2024, avec une croissance économique à 1,4%, jugée "trop optimiste" par nombreux d'analystes. 

Avec l'accord européen sur la réforme des règles budgétaires finalisé en fin décembre, la France a obtenu la flexibilité temporaire qu'elle exige dans le rythme de réduction des déficits pour se donner des moyens d'investir dans l'avenir ou d'accomplir des réformes structurelles qui vont améliorer son potentiel de croissance à long terme.