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La réélection d’Emmanuel Macron : vers une politique étrangère équilibrée

Men Jing  ·  2022-04-25  ·   Source: La Chine au présent
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Rassemblement à Paris pour fêter la réélection d'Emmanuel Macron dans la soirée du 24 avril 2022 (l’heure locale)  

 

Le président français sortant Emmanuel Macron a été réélu au second tour de l’élection présidentielle le 24 avril, une première en 20 ans. À en juger par le bilan de ces cinq dernières années, c’est un dirigeant relativement pragmatique, tant sur le plan des relations sino-françaises que sino-européennes. Le terme « équilibre » résume sa politique étrangère. Partant des intérêts français, il s’efforce de parvenir à un équilibre dans tous les aspects : entre les intérêts français et de l’Union européenne (UE), entre les intérêts de l’UE et des États-Unis, et entre les intérêts idéologiques et pragmatiques. Au cours des cinq prochaines années, les relations sino-françaises et sino-européennes seront donc marquées par la continuité.  

Apposer un label « France » sur l’UE 

Depuis son entrée en fonction, M. Macron s’est engagé à jouer le rôle de premier plan de la France au niveau de l’UE et à apposer le label « France » sur la direction du développement de l’UE. La France a également travaillé à injecter la puissance de l’UE dans ses relations bilatérales avec la Chine afin que le comportement de la France soit plus persuasif et influent. En mars 2019, M. Macron avait invité la chancelière allemande de l’époque Angela Merkel et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker à participer à une réunion lors de la visite du président Xi Jinping en France. En novembre 2019, lorsque M. Macron s’était rendu en Chine, il avait invité Phil Hogan, alors commissaire européen à l’agriculture puis commissaire européen au commerce, et Anja Karliczek, ministre de l’Éducation et de la Recherche d’Allemagne, pour l’accompagner avec sa délégation. Depuis 2020, bien que les sommets Chine-France et Chine-UE se soient tenus en ligne en raison de l’épidémie, M. Macron a également invité à plusieurs reprises les dirigeants de l’UE, et la chancelière allemande Angela Merkel, à assister aux discussions. Le fait de lier étroitement la France à l’UE peut non seulement accroître le poids de la voix de la France au sein de l’UE, mais cela permet également de s’appuyer sur la force de l’UE pour préserver les intérêts de la France. 

Le premier semestre de cette année est un moment très particulier, la France occupant la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne. Cette opportunité ne survient que tous les 13 ans et demi et permet à la France de relever d’un cran son propre agenda politique au niveau de l’UE. Lorsque l’Allemagne occupait la présidence tournante au second semestre 2020, les négociations sur l’Accord global d’investissement Chine-UE avaient été conclues. Sa signature avait cependant été mise en suspens en raison des sanctions sur la question du Xinjiang et des contre-sanctions de la Chine. Avec la réélection de M. Macron, et même s’il ne lui reste plus beaucoup de temps, il est dans l’intérêt de la France d’encourager sa signature. La Chine et l’UE devraient saisir cette opportunité pour amener l’UE à réexaminer cet accord afin qu’il puisse être signé rapidement.  

Un coup de pouce à la coopération Chine-UE sur les marchés tiers  

La Banque mondiale prévoit que d’ici 2040, les besoins annuels d’investissement dans les infrastructures de l’Afrique dépasseront 300 milliards de dollars, dont une grande partie sera construite par des entreprises chinoises. En 2018 et 2021, l’UE a promulgué le Document sur la connectivité eurasienne et le Global Gateway d’une valeur de 172 milliards de dollars américains, proposant respectivement de renforcer la coopération avec l’Asie et l’Afrique, et à n’en point douter, la coopération tripartite Chine-UE-Afrique sera la tendance. La France a saisi cette opportunité pour parvenir à un consensus avec la Chine et prévu la construction de 7 projets d’infrastructures d’une valeur de plus de 1,7 milliard de dollars américains en Afrique, en Asie du Sud-Est et en Europe de l’Est, faisant de la France le premier pays à établir un mécanisme de coopération intergouvernementale en marchés tiers avec la Chine. De plus, à la mi-février de cette année, le 4e cycle de la liste des projets pilotes de coopération en marchés tiers Chine-France a été signé, ce qui incitera certainement l’UE et la Chine à approfondir et élargir leur coopération dans ce domaine. En tant que leader de l’UE, la France se placera également en tête dans la coopération avec la Chine. 

Des relations sino-françaises équilibrées 

En termes de relations sino-françaises, M. Macron s’emploiera à équilibrer les relations économiques et commerciales, à réduire le déficit commercial de la France avec la Chine, et à ouvrir le marché chinois aux produits français. Il avait pris la tête d’une importante délégation en Chine en 2018 et 2019 et signé des accords de coopération économique et commerciale avec la Chine dans l’énergie nucléaire, l’aéronautique, l’aérospatiale, l’agriculture et la biomédecine notamment. Avec la signature d’un accord phytosanitaire, les restrictions sur les exportations de bœuf français avaient été levées, permettant à la France de passer devant l’Allemagne. Cependant, le déséquilibre commercial entre la Chine et la France persiste. En 2020, les exportations de la France vers la Chine se sont élevées à 17,5 milliards d’euros (en baisse de 16,3 % sur un an), et les importations en provenance de Chine se sont élevées à 56,4 milliards d’euros (en hausse de 6 % sur un an). M. Macron s’efforcera donc de renforcer le commerce avec la Chine et d’accroître les exportations au cours de son second mandat. La Chine est le 1er partenaire commercial de l’UE, le 7e marché d’exportation de la France et sa 6e source de produits importés. Le renforcement de la coopération économique et commerciale sert les intérêts des deux parties et constitue également une pierre angulaire importante dans leur partenariat. Tant la Chine que la France verront d’un bon œil la poursuite du développement des relations économiques et commerciales, et donneront une impulsion aux relations dans d’autres domaines.  

M. Macron s’est éloigné politiquement et idéologiquement de la Chine tout en s’efforçant d’obtenir et de récolter les dividendes de la coopération. La France poursuivra sa politique cohérente en matière de droits de l’homme et s’unira aux pays qui nourrissent le même idéal pour faire pression sur la Chine sur Hong Kong, le Xinjiang et d’autres questions. 

Depuis que Joe Biden a pris ses fonctions, les relations entre l’UE et les États-Unis vont beaucoup mieux et des dialogues de haut niveau sur la Chine ont été lancés. Bien que l’UE et les États-Unis aient dans une large mesure des positions et des intérêts similaires, M. Macron ne s’aligne pas avec les États-Unis dans ses relations avec la Chine. Lors de discussions avec l’Atlantic Council, un groupe de réflexion de Washington, au début de l’année dernière, il avait clairement indiqué que l’UE ne devait pas s’allier aux États-Unis contre la Chine, même si elle était plus proche des États-Unis en termes de valeurs. 

En raison du conflit entre la Russie et l’Ukraine, la coopération entre l’UE et les États-Unis s’est encore renforcée. Ce conflit portera néanmoins directement atteinte aux intérêts de l’UE et de ses États membres. M. Macron avait contacté M. Poutine à plusieurs reprises avant que la Russie ne lance son opération militaire contre l’Ukraine et s’était rendu à Moscou pour le rencontrer. Depuis le déclenchement du conflit, et bien que M. Macron se soit rangé du côté des États-Unis, il n’a pas rompu le contact avec la Russie. Tout en condamnant la guerre, il a rejeté les accusations de « génocide » portées par Joe Biden. Dans la région Indo-Pacifique, si la France a renforcé sa coordination et sa coopération avec les États-Unis, elle a néanmoins affiché son intention de ne pas prendre parti.  

Depuis son accession au pouvoir, M. Macron a fait pression pour doter l’UE d’une autonomie stratégique. Même si ce concept avait été proposé dans la stratégie globale de l’UE en 2016, M. Macron l’a mis en action et y a étroitement lié son nom. Au cours de son second mandat, il mettra probablement davantage l’accent sur l’indépendance de la politique étrangère de l’UE vis-à-vis des États-Unis. 

En tant que partenaire et concurrent important de la France, la Chine est un enjeu incontournable et important pour M. Macron aussi bien au niveau de la France que de l’UE. Après sa réélection, il déterminera de manière plus autonome ses objectifs et sa politique étrangère en recherchant un équilibre entre l’économie et la politique. On peut donc s’attendre à ce que les relations Chine-France et Chine-UE évoluent dans une direction positive. 

  

*MEN JING est directeur du Centre d’études européennes à l’Université normale de Chine orientale  

 

 

  

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