Un jeune entrepreneur tanzanien a su tirer parti des opportunités commerciales offertes par un marché chinois prometteur.

Les acteurs du commerce du monde entier ont rencontré de grandes difficultés dans le domaine de l’importation et de l’exportation, notamment des retards de livraison en pleine pandémie de COVID-19. Le Tanzanien George Solomon Njau, co-fondateur de Chap Cargos Logistics, prestataire de services logistiques spécialisé en transport maritime entre la Chine et l’Afrique, ne fait pas exception.

M. Njau explique à CHINAFRIQUE qu’un nombre insuffisant de containers a perturbé les calendriers d’expédition et a prolongé les durées d’expédition, ce qui a fait grimper les frais liées aux activités de son entreprise. Face à ces défis, le jeune homme reste optimiste. Ses expériences de gestion de start-up en Chine l’ont rassuré : le pays constitue encore l’endroit idéal pour faire du commerce, tant pour les Chinois que pour les étrangers, y compris lui, jeune Africain. « Les objectifs de nos activités peuvent plus facilement aboutir, grâce aux politiques favorables et à un environnement des affaires amélioré. »

S’aventurer en Chine

George Solomon Njau prend la parole lors d’un sommet technologique à Shanghai en décembre 2020.

L’aventure de M. Njau a démarré il y a trois ans, alors qu’il était un étudiant à l’âge de 20 ans spécialisé en informatique à l’Université de Wenzhou-Kean, au Zhejiang. S’inspirant des géants chinois dans le secteur de la livraison de nourriture, tels que Meituan et Eleme, il a repéré un marché de niche et développé ensuite une application nommée Hamster International.

La plupart des étrangers vivant en Chine rencontrent des difficultés lors de leur utilisation des applications chinoises à cause de la barrière linguistique. M. Njau a eu l’idée de créer une application dédiée à ce groupe cible, en proposant des services de commande de nourriture et des informations utiles en anglais.

Malgré leurs effectifs peu nombreux, les étrangers vivant en Chine demeurent tout de même des consommateurs cible pour les entrepreneurs innovants. Son application a donc un grand potentiel. Des fonds ont été levés auprès d’investisseurs, du gouvernement local et d’actionnaires et une équipe de 50 personnes s’est rapidement formée. Suite à un test réussi dans son université, l’équipe a développé leur activité commerciale dans d’autres quartiers de la ville de Wenzhou. Sans la pandémie, M. Njau aurait pu l’étendre à d’autres villes chinoises telles que Beijing et Shanghai. COVID oblige, le nombre d’étrangers a considérablement diminué en Chine, entraînant une baisse des commandes et des revenus.

Pour surmonter cette période difficile, le jeune homme a fini par créer sa deuxième entreprise, Chap Cargo Logistics, après avoir terminé ses études. « Elle permettra d’augmenter les revenus et d’aider Hamster International à survivre sur le marché. »

M. Njau a créé la nouvelle entreprise avec son ami kényan Jeyzan Alinur, travaillant également pour l’application Hamster International. Enregistrée en Tanzanie, l’entreprise a installé des entrepôts à Guangzhou, en Chine, et à Dar es Salaam, en Tanzanie.

La première commande n’a pas tardé à être enregistrée. Le client est un grossiste commercialisant des vêtements d’occasion à Dar es Salaam. L’équipe l’a aidé à trouver un fournisseur chinois plus approprié qu’avant. L’ayant aidé à payer le fournisseur, l’entreprise a expédié ses marchandises à Dar es Salaam depuis Yiwu, au Zhejiang.

En réalité, M. Njau fait face à une concurrence sévère face aux géants chinois, notamment le groupe Alibaba, qui a ouvert une ligne directe de fret aérien entre la Chine et l’Afrique avec sa branche logistique Cainiao Smart Logistics Network. Le jeune Tanzanien reste confiant. Par rapport à ces entreprises se développant rapidement dans de nombreux pays africains, l’avantage de sa société se trouve dans un engagement plus approfondi auprès des clients. « Nous avons des bureaux et un entrepôt en Tanzanie. De plus, nous possédons des distributeurs qui peuvent facilement aller à la rencontre des clients, et vice versa », précise-t-il.

L’entreprise est en cours de développement. Elle a récemment expédié un container rempli de téléviseurs fabriqués à Foshan, au Guangdong, à destination de Dar es Salaam, pour International China Alliance, société commerciale réputée de la Tanzanie.

Se passionner pour le commerce

Le personnel de Chap Cargos Logistics à Dar es Salaam, en Tanzanie, en juillet.

M. Njau n’aurait jamais pu imaginer qu’il ferait du commerce un jour. Avant son départ en Chine, sa voie était toute tracée : terminer ses études universitaires pour trouver un emploi stable. Les années passées à Wenzhou, ville chinoise célèbre pour sa culture entrepreneuriale, l’ont fait changer d’avis. Diplôme en poche, il a décliné l’opportunité de poursuivre ses études au Canada et une offre de l’emploi dans une banque. « J’ai refusé de travailler en tant qu’employé. Ma passion est le commerce. »

Au cours de son séjour à Wenzhou, il est entré en contact avec de nombreux hommes d’affaires. Il a également participé à de multiples conférences et événements qui l’ont fortement inspiré. « Si eux ont réussi à faire du commerce, je peux bien me lancer également », confie-t-il.

Concernant les étrangers souhaitant créer une entreprise en Chine, il leur propose de suivre de très près les politiques concernées du gouvernement, qui sont favorables pour les Chinois aussi bien que pour les étrangers. « Si vous pensez créer une entreprise en Chine, dites-vous que vous contribuez à l’emploi et au PIB de la Chine, ce qui favorise dans une certaine mesure le développement chinois », indique-t-il. Dans son cas, il a obtenu le premier financement pour lancer Hamster International à hauteur de 200 000 yuans (31 332 dollars) du gouvernement local. Il s’agit d’une grande motivation pour lui.

Selon lui, au lieu de perdre leur temps à jouer aux jeux vidéo, les jeunes devraient fréquenter des conférences et d’autres activités similaires pour nouer des liens avec des personnes appropriées, s’adaptant à leur objectif de vie. Lui, il n’a pas hésité à tirer profit de cette démarche. Il a acquis beaucoup de connaissances et de ressources, y compris un soutien financier. Cet engagement lui a même permis de visiter le siège d’Alibaba à Hangzhou, au Zhejiang, où il a pu serrer la main de Jack Ma, fondateur d’Alibaba.

Malgré les obstacles rencontrés par l’entreprise Hamster International, M. Njau conserve de bonnes perspectives pour l’avenir. « Les relations économiques et commerciales entre la Chine et l’Afrique représentent une part importante de l’économie mondiale depuis longtemps. Il s’agit d’une grande opportunité de faire partie de cette étroite relation, car nous estimons que le commerce sino-africain sera parmi les plus importants au monde dans quelques années », indique-t-il.

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