Yang Wenlin, directeur au Soudan de la Société hydroélectrique Trois-Gorges (CTG), n'a aujourd'hui qu'une seule date cochée sur son calendrier : le 2 février, jour de la cérémonie de mise en service des premières turbines hydrauliques du barrage sur la rivière Atbara, situé à 460km au nord de la capitale soudanaise, Khartoum.

La construction a été lancée en 2010 par la China International Water & Electric Corporation (CWE), filiale de la CTG. Les autorités soudanaises y attachent une grande importance. Ces dernières années, le président Omar el-Béchir, le vice-président, le ministre des Affaires d'Etat et celui des Ressources hydrauliques et électriques sont tous venus sur place. Un petit aérodrome a même été construit pour faciliter leurs visites, a précisé M. Yang lors d'une interview accordée récemment à la chaîne de télévision de la province chinoise de Ningxia et à l'agence de presse Xinhua.

Le projet du Haut-Atbara suscite également la curiosité des habitants locaux, certains demandant avec impatience à M. Yang la date de la mise en service du barrage. La capacité de son réservoir atteindra trois milliards de mètres cubes qui, une fois construit, sera en mesure d'approvisionner quelque 500.000 hectares de terre cultivable et profitera à un tiers de la population soudanaise.

Surnommé la "fournaise du monde", le Soudan est renommé de sa chaleur insupportable. De février à mai, les pics de température peuvent atteindre 50 degrés Celsius. La saison des pluies arrive ensuite en juin, déluges et bourrasques alternant les trois mois suivants. Outre la chaleur, la sécheresse et les maladies contagieuses, les employés doivent aussi faire face aux sables sédimenteux et aux courants de cet ancien fleuve, aujourd'hui affluent du Nil.

Ce projet constitue la troisième plus grande construction entreprise par la CWE au Soudan. Même si l'on est expérimenté, la construction d'un barrage est plus exigeante que jamais. Ici, l'emplacement, la géologie ou encore les conditions météo ont contrarié l'exécution du projet.

Mais celui-ci a finalement été achevé. Si la société est connue par son acronyme CWE, certains habitants l'ont réinterprété en "Chinese Work Everyday" (les Chinois travaillent tous les jours)...

Dès le début de ce projet, les bâtisseurs chinois ont travaillé jour et nuit pour parfaire le plan de construction, cherchant inlassablement à se conformer au mieux aux normes internationales. Tous ces efforts ont été récompensés : la qualité et les standards de construction chinois ont été reconnus par le gouvernement soudanais.

De leur côté, les employés chinois ont beaucoup appris de leur vie au Soudan. Pour eux, chaque jour passé en Afrique a représenté une expérience insolite qui leur a touché le coeur. Si les Soudanais souffrent majoritairement de la pauvreté et d'une pénurie de ressources, ils ont tous choisi d'y faire face avec optimisme et sourire. Une leçon de vie pour les Chinois.

Dépositaires des attentes d'habitants locaux en quête de prospérité, ces bâtisseurs venus d'Asie se sont épanouis sur cette terre sauvage. Aujourd'hui, ce barrage sur l'Atbara représente non seulement un repère symbolique dans l'est du Soudan, mais aussi un fruit important de l'initiative "la Ceinture et la Route".