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La Grande-Bretagne face à un choix cornélien

Dominic James Madar  ·  2016-06-16  ·   Source: Beijing Information
Mots-clés: Grande-Bretagne; choix cornélien; monde

Les partisans du Leave et du Remain fourbissent leurs arguments pour tenter de convaincre les indécis à quelques jours du référendum britannique qui devra décider si la Grande-Bretagne reste ou non dans l'Union européenne. Les deux camps sont toujours au coude à coude, mais ce qui est certain, c'est que le soir du 23 juin, le résultat fera date en Europe et dans le monde entier.   

Le 23 juin, le Royaume-Uni va organiser un référendum pour décider de rester ou non dans l'Union européenne (UE). Les Britanniques vont exprimer leur volonté ou non à rompre le lien avec l'entité supranationale, et fait sans précédent s'il se produisait, de quitter l'UE. L'issue du referendum reste indéterminée. Un sondage YouGov du 31 mai montre que les deux camps, ceux du Remain (ceux qui veulent rester dans l'UE) et du Brexit (ceux qui veulent sortir de l'UE), sont au coude à coude à 41 % des intentions de vote. Un autre sondage Observer/Opinium du 4 juin place les partisans du Brexit à 43 %, contre 40 % pour le camp du Remain.

Quels sont les arguments qui peuvent faire pencher la balance dans un sens ou dans l'autre ? D'après Sandra Kröger, de l'Université d'Exeter, experte dans les questions de politique européenne, tout dépendra de critères démographiques en termes d'âge et de milieu social. « L'économie et l'immigration sont deux questions importantes, mais elles peuvent en fait avoir des implications différentes selon les votants », explique-t-elle à Beijing Information.   

 

Un membre à part   

Les relations du Royaume-Uni avec l'UE ont toujours été tumultueuses, et ce depuis que le pays a été admis dans la Communauté économique européenne (CEE) il y a 43 ans. Un membre important, mais tout de même à part, en tant que pays insulaire situé à la périphérie occidentale du continent européen. Toujours dans l'ombre de son empire sur lequel « le soleil ne se couche jamais » et marqué par les luttes âpres avec ses rivaux européens, le pays a cultivé son isolement. La Grande-Bretagne est aussi éloignée culturellement du continent qu'elle l'est géographiquement.   

Pour compliquer les choses, la Grande-Bretagne n'est pas membre fondateur. Ce sont la France, l'Allemagne de l'Ouest, la Belgique, l'Italie, les Pays-Bas et le Luxembourg qui ont créé la CEE en 1957. En 1963 pourtant, la Grande-Bretagne avait voulu rejoindre l'entité mais la France avait opposé son véto. Le président Charles de Gaulle craignait en effet que le Royaume-Uni ne soit un « cheval de Troie américain ». Il redoutait une mainmise américaine trop étendue si le pays devenait membre de la CEE. Il aura fallu attendre le 1er janvier 1973 pour que le Royaume-Uni intègre le bloc. Le pays a depuis été l'un des deux Etats à se voir accorder une clause dérogatoire, d'abord en n'entrant pas dans la zone Schengen (dans laquelle les contrôles frontaliers ont été supprimés pour 26 pays membres de l'UE), et ensuite en restant hors de la zone euro et de l'union monétaire (qui comprend 19 membres de l'UE).   

 

Le camp du Remain  

« Britain Stronger in Europe », c'est le slogan des partisans du Remain, est une campagne qui bénéficie du soutien du premier ministre britannique David Cameron. Il a fait allusion à la position unique du Royaume-Uni dans l'UE lors d'un discours à Londres le 22 avril. « Nous sommes dans le marché unique mais nous ne sommes pas entrés dans la monnaie unique. Nous pouvons voyager, vivre et travailler dans les autres pays européens, mais nous avons conservé nos frontières », a-t-il martelé. Lors d'un débat sur la chaîne Sky News le 2 juin, David Cameron a estimé que « la Grande-Bretagne ne réussit pas en abandonnant, mais nous réussissons quand nous commençons à faire quelque chose avec enthousiasme ». Il a affirmé qu'une sortie de l'UE rendrait le pays, et donc les foyers, plus appauvris, entraînant moins d'emplois, des salaires plus bas et moins de revenus. Il a aussi mis en garde contre les dangers potentiels d'une sortie, rappelant que c'était son devoir de le faire en tant que premier ministre. Il a laissé entendre que l'UE avait permis d'empêcher la guerre sur le continent, et que la guerre avait potentiellement plus de chances de se reproduire si la Grande-Bretagne se retirait. « Au cours du siècle passé, sur notre continent, nous avons eu à deux reprises un bain de sang terrible entre les nations », a-t-il rappelé.   

Chris Bryant, un membre du Parlement et président de la Chambre des représentants pour l'opposition, a déclaré à Beijing Information : « Nous réalisons bien plus en commun de quelque camp où l'on se trouve qu'en y allant seuls ».  Il estime que le Royaume-Uni le regretterait si elle tournait le dos à l'Europe et choisissait l'isolement, qualifiant d'inquiétants les gouvernements très conservateurs polonais et hongrois. « Je pense que l'Europe et l'UE offrent une lueur de mesures saines et intelligentes, et c'est l'une des choses les plus importantes que nous pouvons offrir au monde », a-t-il soutenu.   

En dehors de la Grande-Bretagne, de nombreux dirigeants comme la chancelière allemande Angela Merkel et le président chinois Xi Jinping, ont fait savoir qu'ils préféraient que le Royaume-Uni reste dans l'UE. Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a exprimé la position de la Chine dans ce dossier. « La Chine a toujours soutenu le processus d'intégration de l'Union européenne […] Nous espérons sincèrement que la Grande-Bretagne et l'UE pourront résoudre leurs différences de manière correcte », a-t-elle fait savoir.    

Le président américain Barack Obama a prononcé une allocution le 22 avril à Londres pour soutenir sans équivoque le camp du Remain. « Le marché unique apporte des bénéfices extraordinaires au Royaume-Uni. Et cela finit par avoir des effets bénéfiques pour les Etats-Unis », a-t-il dit, soulignant ainsi la relation spéciale entre les deux pays. Il s'est aussi montré très optimiste sur la stratégie américaine de négocier des accords commerciaux avec le bloc européen plutôt qu'individuellement avec le Royaume-Uni. « Il y aura peut-être au bout du compte un accord commercial entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis, mais cela ne se produira pas rapidement et le Royaume-Uni se trouvera en dernière position », a-t-il estimé, disant que c'était crucial car tenter de conclure des accords sur des bases fragmentaires se révèle inefficace.   

 

Le camp du Brexit  

Si de nombreuses institutions comme le Fonds monétaire international et la Banque d'Angleterre ont mis en garde contre les risques d'une sortie et si les chefs d'Etat pèsent de tout leur poids pour soutenir le camp du Remain, les partisans du Brexit se sont lancés vigoureusement dans la bataille. Boris Johnson, l'ancien maire de Londres et figure de proue des Conservateurs, a fait valoir ses arguments au quartier général de campagne de « Vote Leave » le 9 mai. « Nous pouvons voir les prés ensoleillés au-delà. Je pense qu'il serait insensé de ne pas saisir cette occasion unique pour prendre cette porte », a-t-il exhorté son auditoire, ajoutant que l'institution européenne avait connu « une métamorphose spectaculaire ces 30 dernières années ». « Continuer à insister sur le fait que l'UE, c'est l'économie, c'est comme si on disait que la mafia italienne n'était intéressée que par l'huile d'olive et l'immobilier. C'est vrai, mais cela ne renseigne pas véritablement sur les objectifs réels de cette organisation, a-t-il dit. Elle devient toujours plus centralisatrice, plus interventionniste et anti-démocratique. »  

Boris Johnson critique aussi l'UE, qui compromet sérieusement la souveraineté britannique. « La perte de contrôle démocratique est nuisible spirituellement, et socialement risquée », a-t-il soutenu, rejetant les avantages économiques. « Il est absurde que la Grande-Bretagne, historiquement un grand pays du libre-échange, n'ait pas été capable depuis 42 ans de signer des accords de libre-échange avec l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Chine, l'Inde et les Etats-Unis. »  

Liam Taylor, qui fait campagne pour le Brexit, a aussi mis en avant des arguments économiques et politiques pour sortir de l'Europe. « En cette période qui voit d'autres parties du monde croître rapidement, la Grande-Bretagne se retrouve coincée dans le bloc protectionniste déclinant de l'UE », a-t-il déclaré à Beijing Information. Comme Boris Johnson, il a suggéré que la Grande-Bretagne aurait davantage de flexibilité pour commercer avec de grandes économies émergentes comme l'Inde et la Chine si le pays quittait l'institution.     

Un des points les plus pertinents mis en avant par les partisans du Brexit est le manque de contrôle des flux migratoires qui existe dans les pays membres de l'UE, en raison de la libre circulation des personnes dans la zone. Selon M. Taylor, le Brexit permettrait à la Grande-Bretagne de bénéficier d'un système d'immigration plus juste qui « ne ferait plus de discrimination entre les travailleurs qualifiés hors UE et qui serait capable d'attirer les meilleurs talents du monde entier ». Critiquant vertement la rigidité de l'UE, il estime qu'en raison de sa structure bureaucratique vieillissante, « elle a montré qu'elle était une relique démodée du siècle passé. C'est une union analogique dans un âge numérique ». Il a aussi encore plus critiqué la nature non démocratique de l'UE et rejeté sur l'incompétence de l'UE la crise actuelle de l'euro, le ratage dans la réponse à la crise des migrants et les faibles réactions devant l'interférence russe en Ukraine. Si la Grande-Bretagne sortait de l'UE, elle « pourrait jouer un rôle directeur pour créer une Europe meilleure, plus prospère, et plus démocratique », a-t-il déclaré à Beijing Information.   

 

La grande inconnue   

Jamais un pays n'est sorti de l'UE et il est donc extrêmement difficile de prévoir l'impact potentiel pour le Royaume-Uni et l'Europe. Mme Kröger l'admet, mais elle estime que « le Royaume-Uni a plus à perdre d'une sortie de l'UE que l'UE de voir une sortie du Royaume-Uni ». D'un point de vue politique, elle estime que « l'UE peut devenir plus protectionniste et moins néo-libérale », même si elle pense que l'impact pourra varier en fonction des Etats et de leur engagement commercial avec le Royaume-Uni.   

Le Brexit pourrait aussi déclencher une crise sur le continent, créant un effet domino avec d'autres pays qui pourraient suivre l'exemple britannique vers la sortie. Mme Kröger reconnaît que le camp des eurosceptiques gagne du terrain depuis quelques années, disant à Beijing Information que « parfois, cette montée peut être liée aux mesures concrètes prises par l'UE […] mais que « cela a davantage à voir avec la façon dont on présente le débat au niveau intérieur ». Dans le cas contraire, si le Remain l'emportait, notamment avec une forte marge, la confiance envers l'UE s'en trouverait de nouveau renforcée.   

Le référendum approche rapidement pour les deux camps et il reste à convaincre les indécis. Ce sont eux qui pourraient faire basculer la situation. Quel que soit le résultat, les implications pour la Grande-Bretagne, l'Europe, et le monde seront considérables.   

 

Beijing Information   

  

  

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