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La nature tire la sonnette d’alarme

JI JING  ·  2023-09-14  ·   Source: La Chine au présent
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Ces dernières années, les phénomènes météorologiques extrêmes sont de plus en plus fréquents à travers le monde. En juillet 2021, des pluies catastrophiques dans la province du Henan en Chine ont fait 398 morts ou disparus, en 2022, le sud de la Chine, auparavant humide, a souffert d’une grave sécheresse et de fréquents incendies de forêt, et cette année, l’hémisphère Nord a connu des températures caniculaires, le mois de juillet ayant été le plus chaud jamais enregistré des 120 000 dernières années. « L’ère du réchauffement climatique est terminée, place à l’ère de l’ébullition mondiale », s’est alarmé António Guterres, le secrétaire général des Nations unies, lors d’une conférence de presse sur le climat le 27 juillet. 

Du 29 juillet au 1er août 2023, de fortes pluies provoquées par le typhon Doksuri ont frappé le nord de la Chine, les villes de Beijing et de Tianjin et la province du Hebei ont été durement touchées. Le 9 août, les autorités locales ont annoncé qu’au 8 août, 33 personnes avaient été tuées dans les inondations de Beijing, dont cinq lors des opérations de sauvetage et que 18 autres étaient toujours portées disparues. Il s’agit des précipitations les plus importantes qu’ait connues la capitale chinoise au cours des 140 dernières années. Dans le Hebei, au 10 août, 29 personnes avaient trouvé la mort suite aux fortes pluies, tandis que 16 autres étaient toujours portées disparues. 

Selon le dernier rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), l’organe des Nations unies chargé d’évaluer les données scientifiques relatives au changement climatique, le changement climatique induit par l’homme affecte déjà de nombreux phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes dans toutes les régions du monde. Dans la plupart des régions, la fréquence et l’intensité des chaleurs extrêmes ont augmenté, au même titre que les fortes précipitations. Et si des événements extrêmes comme l’intensité des épisodes de chaleur extrême, des vagues de chaleur marine et des fortes précipitations, des sécheresses, de la proportion de cyclones tropicaux intenses et des incendies de forêt, se sont produits dans le passé, ils continueront de se produire à l’avenir, mais plus fréquemment et dans un monde plus chaud.  

Gong Daoxiao, ingénieur en chef adjoint à l’Académie de planification et de conception urbaines de Chine, partage cette vision et appuie sur le fait que les facteurs qui jouent sur le changement climatique doivent être pris en compte lors de la conception et de la construction des zones urbaines.   

Les pluies, le nouveau défi 

Lors d’une interview, Chao Qingchen, directrice du Centre national du climat de Chine, a déclaré que depuis le début du siècle, les pluies extrêmes sont devenues très fréquentes dans tout le pays. Ces dernières années, bien que la quantité des précipitations n’ait pas changé de manière significative, l’intensité horaire a augmenté. Aujourd’hui, il y a moins de petites pluies, mais plus de fortes pluies. 

Elle a ajouté qu’auparavant le sud était connu pour ses fortes précipitations, mais que ces dernières années, le nord était de plus en plus en proie aux sévères intempéries. La tempête de pluie provoquée par le typhon Doksuri en est le parfait exemple. 

En fait, le nord a toujours été plutôt sec, avec beaucoup de surfaces dures et un drainage des eaux insuffisant, les infrastructures de nombreuses villes ne sont donc pas en mesure de faire face à des précipitations extrêmes. « Les systèmes de drainage souterrains sont la principale méthode pour faire face aux précipitations, mais avec l’urbanisation rapide, la rénovation et la construction de ces systèmes n’ont pas suivi l’évolution des catastrophes naturelles », déclare Mme Chao. 

Elle a suggéré que les services météorologiques de ces villes évaluent les risques liés aux tempêtes de pluie et que ces risques soient pris en considération dans la planification urbaine et dans la conception, la gestion et la construction de grands projets. Par exemple, il serait nécessaire de se demander si le système de drainage, les canalisations et l’alimentation électrique peuvent résister à de fortes pluies, et si les panneaux d’affichage peuvent résister à des vents violents. 

Ce processus nécessite une coordination entre les services de météorologie, de logement et de construction urbaine, de gestion des urgences et d’aménagement hydraulique. Cela nécessite également un budget, que certaines villes du nord ne prévoit pas forcément. 

Selon Li Xiaojiang, ancien président de l’Académie de planification et de conception urbaines de Chine, de nombreuses villes ont négligé les investissements dans la prévention et la réduction des catastrophes au profit de rues larges, de grandes places et de gratte-ciels. Certaines villes ont construit de nouveaux quartiers dans des zones basses ou des zones sujettes aux catastrophes naturelles, en mettant de côté les risques pendant leur expansion. 

M. Li ajoute que certaines villes ont développé de manière inconsidérée des espaces souterrains, augmentant ainsi le risque de catastrophes et les difficultés des opérations de sauvetage. Lorsqu’il a participé à la reconstruction de Zhengzhou (Henan) après les inondations qui ont ravagé la ville le 20 juillet 2021, il a constaté que de nombreux parkings souterrains présentaient des problèmes de drainage, ce qui a rendu les sauvetages plus difficiles. Il a recommandé d’améliorer en permanence les normes de prévention des catastrophes et d’augmenter les investissements dans les installations de prévention. 

Mme Chao souligne que le gouvernement devait accorder une attention particulière à l’« équité » lors de l’élaboration de stratégies visant à atténuer les effets des événements météorologiques extrêmes. Par exemple, les zones rurales entourant les villes peuvent être plus sévèrement touchées par les tempêtes de pluie parce qu’elles doivent parfois absorber les eaux de crue libérées par lesdites villes. En outre, ces zones abritent souvent un grand nombre de personnes vulnérables, notamment des personnes âgées, des enfants et des personnes handicapées. 

Elle indique que lors de la dernière tempête de pluie, certaines zones dans le district de Mentougou en banlieue de Beijing où de nombreuses maisons situées dans les montagnes ont été détruites par les inondations, et avaient du mal à compenser les pertes subies. Elle a donc suggéré la création de fonds spéciaux au niveau national, avec la participation du secteur privé, afin de fournir une compensation et une assistance spéciale aux personnes vulnérables qui ont subi des pertes.   

Appel au changement 

Il y a cinq ans, Sun Ying, scientifique en chef du Centre national du climat de Chine, a mené des recherches sur les températures élevées (supérieures à 35 °C). Ses recherches ont montré que les journées avec de telles températures commenceraient plus tôt et se termineraient plus tard dans l’année. Mais Mme Sun, qui vit à Beijing et étudie le changement climatique depuis plus de 20 ans, ne s’attendait pas à ce que ce changement se produise aussi rapidement. Cette année, les chaleurs de Beijing sont arrivées plus tôt. « Les températures élevées de 2022 et de 2023 sont anormales. L’année dernière dans la région du fleuve Changjiang et cette année dans le nord de la Chine, elles ont battu des records », explique-t-elle. 

Le phénomène de hautes températures est susceptible de déclencher une série de réactions en chaîne. L’année dernière, les températures élevées persistantes ont provoqué une grave sécheresse dans la région du fleuve Changjiang. La réduction du débit d’eau a affecté la production d’énergie hydroélectrique et a causé une pénurie d’eau pour l’usage domestique et industriel. 

Mais le changement climatique ne se limite pas à la hausse des températures. Selon un rapport des Nations unies sur le changement climatique, la température moyenne mondiale en 2019 était supérieure de 1,1 °C à celle de la période préindustrielle. Certains pourraient penser que la hausse n’est pas assez significative, mais selon les estimations de Mme Sun, à chaque augmentation d’un degré Celsius de la température, la teneur en eau de l’atmosphère croît d’environ 7 %, ce qui entraîne une multiplication des précipitations extrêmes. 

« De nombreuses personnes pensent que les changements climatiques se traduisent principalement par des températures plus élevées. Pourtant, la hausse des températures nest que le début du problème. Comme la Terre est un système où tout est lié, un changement à tel ou tel endroit peut avoir des répercussions partout ailleurs », peut-on lire dans un article expliquant le changement climatique sur le site officiel de l’Organisation des Nations unies, « les conséquences des changements climatiques sont notamment les suivantes : sécheresses intenses, pénuries deau, graves incendies, élévation du niveau de la mer, inondations, fonte des glaces polaires, tempêtes catastrophiques et déclin de la biodiversité ». 

Selon Zhai Panmao, chercheur à l’Académie chinoise des Sciences météorologiques et coprésident du groupe de travail I du GIEC, les futurs événements extrêmes seront étroitement liés à l’ampleur du réchauffement climatique. 

La Chine a redoublé d’efforts pour renforcer sa résilience face au changement climatique. La Stratégie nationale pour l’adaptation au changement climatique 2035, dévoilée par le ministère de l’Écologie et de l’Environnement et 16 autres ministères et commissions du Conseil des Affaires d’État en juin 2022, souligne la nécessité de moderniser les systèmes nationaux de prévention des catastrophes climatiques et de réduire la vulnérabilité économique face aux risques croissants liés au changement climatique. 

Ce document montre l’engagement de la Chine à déployer des efforts en matière d’atténuation du changement climatique et d’adaptation à celui-ci. Il propose de renforcer l’évaluation des risques climatiques urbains et invite les villes à établir des cartes des risques climatiques urbains. La capacité de charge climatique doit être pleinement prise en compte dans la construction urbaine, le développement industriel, la conservation écologique et les services publics. Les urbanistes doivent être réfléchis dans leur planification, et freiner toute expansion susceptible d’entraîner une augmentation des risques de catastrophes. 

La stratégie prévoit que d’ici à 2035, les capacités chinoises de surveillance et d’alerte sur le changement climatique atteindront le niveau international avancé, que le système de gestion et de prévention des risques climatiques sera mature, que les principaux risques de catastrophes seront efficacement évités et contrôlés, que la technologie et le système de normes pour l’adaptation au changement climatique seront plus complets, et qu’une société qui vise à mieux adapter le développement social et économique, ainsi que la vie et le travail des hommes, au changement climatique sera établie. 

Cependant, le chemin est semé d’embûches. Selon un rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) datant de 2022, les niveaux atmosphériques des trois principaux gaz à effet de serre, à savoir le dioxyde de carbone, le méthane et l’oxyde nitreux, ont tous atteint de nouveaux records en 2021. 

Selon M. Zhai, avant que la neutralité carbone mondiale ne soit atteinte, la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes continuera d’augmenter, c’est pourquoi nous devons entreprendre dès à présent un travail d’alerte et de prévention.  

Zhang Wenjian, secrétaire général adjoint de l’OMM, déclare qu’un système d’alerte précoce pour les phénomènes extrêmes tels que les vagues de chaleur et les tempêtes tropicales, permettant d’alerter la population 24 h à l’avance, peut réduire 30 % des pertes. Il pourrait aider à coordonner les actions pour minimiser les impacts imminents. 

Mme Sun estime que la Chine doit faire davantage pour sensibiliser le public aux phénomènes météorologiques extrêmes. « J’ai vu une femme âgée sortir avec un enfant lors d’une journée extrêmement chaude à Beijing cette année, elle n’avait aucune idée des conséquences des phénomènes météorologiques extrêmes. Par rapport aux pays développés, notre éducation aux catastrophes dans les écoles est inadéquate. Si nous commençons maintenant, la sensibilisation de la société pourra enfin s’améliorer », conclut la scientifique. 

  

*JI JING est journaliste à Beijing Information. 

 

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