Il y a plus de deux mille ans, l’envoyé impérial chinois Zhang Qian a ouvert la voie vers les « Contrées occidentales », regroupées de nos jours sous le nom d’Asie centrale. Cette voie, autrefois empruntée par des caravanes de chameaux, chargées de soie, de thé, de porcelaines et d’épices, est devenue la célèbre Route de la Soie.

Aujourd’hui, le Xinjiang ne cesse d’élargir son ouverture au monde extérieur depuis la mise en valeur de l’Ouest de la Chine et l’initiative « la Ceinture et la Route » (ICR). Cette tendance se voit particulièrement soutenue par l’instauration de la Zone pilote de libre-échange (ZLE) du Xinjiang, qui offre des opportunités de développement sans précédent à la région.

Un écran géant du Centre de dédouanement et de triage du commerce électronique transfrontalier de la zone franche intégrée au port d’Alashankou affiche des données pour chaque commande.

Vent favorable de l’ICR

À la frontière nord-ouest de la Chine, les monts Jungar Alatau et les monts Birliktau se font face, formant un passage étroit qui mène vers l’Asie centrale. Au col de montagne du côté chinois, se trouve le port frontalier d’Alashankou de la préfecture autonome mongole de Börtala. À la gare de triage, les convois de train de fret Chine-Europe entrants et sortants attendent leur départ.

À quelques jours de la fête du Printemps, Bai Zhaoxin, un agent de transit de 29 ans, s’affaire en bravant un froid sibérien – les vents de force supérieure à 8 y soufflent plus de 160 jours par an. Sous ses instructions, les grues à portique transfèrent les conteneurs sur les wagons plats d’un train à un autre.

« Les trains de fret Chine-Europe, avant d’entrer en gare d’Alashankou, circulent sur une voie large dans des pays comme le Kazakhstan, tandis que la Chine adopte la voie normale. La différence entre les deux est de 85 mm. Un train Chine-Europe ne peut pas aller d’un bout à l’autre. Avant qu’il passe la frontière, il faut opérer un transbordement », explique-t-il. Issu d’une famille de cheminots et nouvellement installé dans cette jeune ville, il espère que le vent favorable de l’ICR souffle de plus en plus fort, quitte à travailler plus dur.

« Nous devons profiter de ce vent favorable », abonde Guo Hua, directeur adjoint de l’atelier de fret de la gare d’Alashankou. Selon lui, Alashankou possède le plus grand terminal intérieur de transbordement ferroviaire d’Asie avec une superficie de 19 700 m2, 2 643 m de rails et deux aires de dépôt de conteneurs. Grâce à un investissement total de 100 millions de yuans, le terminal a une capacité de transbordement annuelle de 200 000 EVP, augmentant considérablement le volume de fret du port.

« En passant par Alashankou pour arriver en Europe, on a la distance de transport la plus courte, le temps de trajet le plus court et le coût de transport le plus bas sur la Ceinture économique de la Route de la Soie », indique Li Jianglin,

vice-maire exécutif d’Alashankou. Le plus grand port terrestre du Xinjiang, situé sur une importante artère énergétique du pays, a transité 22,384 millions de tonnes de marchandises, soit 318,33 milliards de yuans d’import-export, grâce à l’ICR.

Avec un long coup de sifflet, Guan Xizhi a donné le départ au train en direction du Kazakhstan. « En un mois, nous devons effectuer entre 21 et 28 voyages, beaucoup plus qu’avant », confie-t-il. Au cours de l’année écoulée, il a constaté une augmentation significative de l’efficacité de la ligne Chine-Europe et a été témoin de l’ouverture grandissante de cette nouvelle ville sur le monde extérieur grâce à l’ICR.

Transbordement ferroviaire au port de Khorgos

De territoire enclavé à front de l’ouverture

Khorgos, dans la préfecture autonome kazakhe d’Ili, est le port routier de classe I le plus ancien, le plus grand et le plus complet de l’ouest du pays, connu sous le nom de « port d’or ».

« Khorgos » signifie « l’endroit où des caravanes de chameaux passent ». Poste stratégique de l’ancienne Route de la Soie, Khorgos est aujourd’hui un passage majeur sur la ligne Chine-Europe et une vitrine importante de l’ICR, reflétant le dynamisme du commerce international.

« Je suis conscient de ma lourde responsabilité d’assurer le bon fonctionnement des trains. » Au port ferroviaire de Khorgos, Geiensi Tuluhan, 35 ans et d’ethnie kazakhe, inspecte les trains Chine-Europe entrants et sortants dans la zone du dépôt de chargement. Depuis son arrivée au poste de police de la gare de Khorgos en 2019, il a veillé à ce que plus de 30 000 trains Chine-Europe circulent en toute sécurité.

Depuis la mise en circulation du premier train Chine-Europe en 2016, le port ferroviaire de Khorgos a vu plus de 30 000 rames le traverser, et il est aujourd’hui relié à 45 villes de 18 pays par 77 lignes, contre seulement trois villes de deux pays au départ. Khorgos est devenu un véritable « couloir d’or » terrestre de la logistique internationale, relève Yu Rong, directeur adjoint du Centre de commandement pour la sécurité ferroviaire de Khorgos.

« S’implanter à Khorgos permet à mon entreprise d’économiser un tiers du coût de fret, entre autres. » Gu Haifeng, venu du Zhejiang, a choisi Khorgos pour se lancer dans l’exportation de voitures. En avril 2023, il a créé Khorgos Asia-Europe International Supply Chain Co.

« Depuis sa création, notre entreprise a exporté plus de 2 000 voitures, et le volume des commandes maintient une croissance comprise entre 30 % et 40 %. » Gu Haifeng explique qu’il y a actuellement une forte demande de voitures dans les cinq pays d’Asie centrale, en Russie, dans l’Union européenne et au Moyen-Orient, et les voitures d’entre 100 000 et 200 000 yuans sont particulièrement populaires. Il espère qu’avec l’élargissement de l’ouverture, les exportations chinoises de véhicules deviendront plus centralisées, plus groupées et plus standardisées.

La situation géographique du Xinjiang est particulièrement avantageuse avec cinq ports menant à huit pays et reliant l’Europe et l’Asie. Le Xinjiang compte le plus grand nombre de ports terrestres en Chine. Parmi les 20 de classe I, 17 sont ouverts toute l’année.

Sur les onze premiers mois de 2023, le volume total de l’import-export du Xinjiang s’est élevé à 320,53 milliards de yuans, en hausse de 47,4 % en glissement annuel, la deuxième plus forte croissance régionale du pays. C’est la première fois que le commerce extérieur du Xinjiang dépasse la barre des 300 milliards de yuans.

Des touristes prennent des photos à la frontière sino-kazakhe.

La plus jeune ZLE de la Chine en plein essor

Le 1er novembre 2023, la ZLE du Xinjiang a été officiellement inaugurée, devenant la 22e du pays et la première dans la région frontalière du nord-ouest du pays, coïncidant avec le 10e anniversaire de la construction des ZLE en Chine.

Le 3 novembre 2023, une succursale de la Bank CenterCredit du Kazakhstan s’est installée dans le Centre international de coopération frontalière Chine-Kazakhstan de Khorgos. « À l’heure actuelle, plusieurs dizaines d’entreprises du Kazakhstan sont venues ouvrir des comptes et mener des affaires, et de nombreuses personnes en Chine sont également venues consulter avec l’intention de coopérer », note Jiangshaya Bateerhali, gestionnaire de compte à la succursale de la Bank CenterCredit du Kazakhstan. Et d’ajouter que la succursale proposera le règlement en monnaie locale entre la Chine et le Kazakhstan, le dépôt et le retrait d’espèces, le transport transfrontalier d’espèces et le règlement transfrontalier en principales devises internationales.

Le Centre international de coopération frontalière Chine-Kazakhstan de Khorgos, où se trouve cette banque, est la première zone de coopération économique et commerciale transfrontalière établie entre la Chine et un pays étranger. Il offre une gamme de services qui couvrent les négociations commerciales, l’exposition et la vente de marchandises, l’entreposage et le transport, les hôtels et les restaurants, les installations de services commerciaux, les services financiers et l’organisation de divers types de foires économiques et commerciales internationales.

« Les citoyens de la Chine et du Kazakhstan peuvent profiter de 30 jours de libre circulation transfrontalière avec un passeport sans visa. Il est autorisé de porter 8 000 yuans de marchandises hors taxes par jour à toute personne qui entre sur le territoire chinois via le Centre », déclare Jiayidaer Alimasi, un responsable de ce centre.

Surfant sur le vent favorable de la ZLE du Xinjiang, un certain nombre de projets sont mis en place. Cette ZLE, la plus jeune de Chine, navigue vers un lendemain meilleur.