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Cette île où la magie opère

  ·  2016-07-27  ·   Source: Beijing Information
Mots-clés: Xiamen;Chine

L'île aux pianos 

Le lien musical entre Kulangsu et M. Hu sonne comme une évidence. Le nom « Kulangsu » est lui-même musical. Dans le dialecte du sud de la province du Fujian, il combine trois caractères : ku, qui veut dire roulement de tambour, lang, qui signifie la marée, et su, qui veut dire île. Le nom tient son origine du bruit des vagues à marée montante lorsqu'elles s'écrasent sur un rocher géant, situé sur la côte sud-ouest de l'île, produisant un bruit similaire à celui d'un roulement de tambour. Ce nom est tout à fait justifié, du fait que Kulangsu est aussi appelée la « terre natale de la musique » et « l'île aux pianos », précise Zhu Yan, conservateur au Musée du piano, création de M. Hu devenue fierté et gloire de Kulangsu. « La musique a toujours fait partie intégrante de l'île », ajoute M. Zhu, assis dans ce musée harmonieux et lumineux, au milieu d'un jardin fleuri, les yeux rivés sur la mer. « L'Association des musiciens chinois a contribué à la notoriété de Kulangsu de par le grand nombre de musiciens qu'elle a produit. L'île compte également plus de 600 pianos ».  

M. Zhu retrace l'arrivée de la culture du piano dans les années 1840, lorsque des gens d'ailleurs sont arrivés sur l'île avec leurs familles. Certains avaient amené des pianos, et c'est ainsi que l'instrument a fait sa place sur l'île. Lin Erjia, commercial possédant le jardin Shuzhuang où se situe le Musée du piano, a rapporté son tout premier piano à Kulangsu en 1913, pour décorer sa maison. Les écoles gérées par les églises en ont aussi apporté. « Les gens ne viennent pas à Kulangsu uniquement pour la beauté des paysages, mais aussi pour la musique », confie M. Zhu. « Nous avons déjà deux musées dédiés aux instruments de musique, et allons en construire un troisième. Nous y exposerons des instruments des pays voisins et des pays africains, ajoutant alors une pierre à l'édifice de notre héritage musical ».  

L'itinéraire des visiteurs inclut inévitablement une visite au Musée du piano et à son acolyte, le Musée de l'orgue. A eux deux, ils rassemblent plus de 200 pianos et orgues que M. Hu a réuni ces quatre dernières décennies. C'était d'abord un loisir, puisé dans la fascination de M. Hu pour le Musée des instruments musicaux situé près de son école de musique à Bruxelles. Réalisant la valeur inestimable que ces instruments représentaient en tant qu'archives de l'histoire de la musique,  il a décidé de construire un musée similaire à Kulangsu afin de pouvoir le partager avec plus de monde.  

Le Musée du piano a été inauguré en l'an 2000 et le Musée de l'orgue cinq ans plus tard. Les spectacles musicaux qu'ils proposent aux visiteurs, ainsi que de rares et majestueux morceaux de piano et d'orgue pleins d'histoire, font tout leur charme. Au Musée de l'orgue, par exemple, un immense orgue de six mètres de haut, vieux de plus de 100 ans et toujours en état constitue une première exposition impressionnante. L'instrument a été construit en 1909 par Norman and Beard, fabriquant d'orgues norvégien, dont la première boutique a ouvert en 1887. L'instrument est composé de 1 350 tuyaux et ses trois énormes claviers lancent un sacré défi aux personnes souhaitant s'y atteler.  

Mais Zhang Xiaoqiao, 30 ans, spécialiste du piano et de l'accordéon du Conservatoire de musique de Shanghai et également employée du musée, est imperturbable, faisant courir ses doigts avec expertise sur les touches en jouant Marche nuptiale de Felix Mendelssohn, sous l'admiration des visiteurs.  

 « M. Hu, sans enfants, considérait ses orgues et ses pianos comme ses enfants », confie Wang Xiayi, guide du musée. « Il était persuadé qu'un musée d'instruments de musique était primordial pour la préservation de la culture, et voulait construire le musée à Kulangsu, puisque l'île est connue comme l'Ile de la musique. Tous les instruments du musée proviennent de sa propre collection et ont été importés d'Australie ». La conception du Musée du piano a été réalisée par M. Hu lui-même, qui a méticuleusement déterminé où chaque piano devait être  placé. Son équipe se rappelle très bien des nombreux appels qu'il passait depuis l'Australie pour s'assurer que le travail avançait correctement. En plus d'ouvrir aux visiteurs ce merveilleux monde du piano, le Musée du piano leur permet de découvrir des icônes de la musique étrangères, comme Richard Wagner, Franz Schubert et Johannes Brahms, ainsi que des maestros chinois comme les pianistes concertistes Lang Lang et Fu Cong. 

L'histoire de la musique est indéniablement liée au développement socio-économique mondial et le musée permet de se rendre compte qu'un simple piano est bien plus qu'un simple piano. Le piano en plastique créé par Lindner en 1945, par exemple, reflète la morosité généralisée des années 40. Se remettant à peine de la Grande Dépression qui a frappé en 1929, le monde est plongé dans la Seconde Guerre mondiale une décennie plus tard. Bien que la guerre ait pris fin en mai 1945, l'économie mondiale est dévastée. Le fabriquant de piano irlandais s'est donc vu obligé d'utiliser en majeure partie des composants en plastique pour réduire les coûts et permettre à la musique de suivre son cours.   

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