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Deux décennies de passion |
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LIU TING, membre de la rédaction · 2025-04-29 · Source: La Chine au présent | |
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« J’ai trouvé en Chine un équilibre qui me convient et un style de vie que j’apprécie particulièrement. Je suis heureux de vivre au sein d’un peuple attachant qui m’a si bien accueilli, et il me semble avoir réussi à m’intégrer à celles et ceux que je considère aujourd’hui comme ma seconde famille », déclare Patrick Donovan à La Chine au présent. Né en 1958, le Français n’a jamais regretté la décision courageuse qu’il a prise de venir travailler en Chine, à Ningbo (Zhejiang), en 2002. Il y mène une vie épanouie depuis plus de 20 ans. « Je me sens aujourd’hui moitié français et moitié chinois. »
Premiers pas en Chine
M. Donovan est venu en Chine pour la première fois en avril 1991 lors d’une visite touristique à Shanghai. Pendant une semaine, il a été impressionné par l’immensité, le dynamisme et la vitalité de la ville. « Je me revois encore en train de me frayer un chemin sur les trottoirs bondés de l’avenue de Nanjing en plein centre-ville, une avenue qui est un peu l’équivalent des Champs-Élysées à Paris. Alors que de nombreux trolleybus se suivaient à la queue leu leu, passant tous près de nous, des milliers de personnes, souvent des visiteurs venant des quatre coins du pays, déambulaient dans les nombreux magasins grands ouverts, créant un tumulte joyeux comme une ambiance de fête. On pouvait aisément ressentir que non seulement la Chine s’était bel et bien éveillée et qu’elle était en plein boom économique, mais que l’histoire mondiale des prochaines décennies ne s’écrirait pas sans elle. »
Cette expérience, bien que brève, a semé en lui le désir de revenir un jour pour une période plus longue afin de pouvoir découvrir d’autres villes et d’autres provinces. Ce qu’il ignorait alors, c’est que s’il allait effectivement revenir une dizaine d’années plus tard en Chine, ce ne serait pas pour deux ou trois semaines comme il le prévoyait, mais pour plus de deux décennies.
Avant cela, M. Donovan avait une carrière prometteuse en France. Dans les années 1980, une époque où l’informatique était encore un domaine émergent, il a commencé à travailler dans un centre informatique. Grâce à ses efforts, il a gravi de nombreux échelons, passant de technicien junior à directeur informatique chez un constructeur automobile en moins de quinze ans. Malgré cette réussite, il souffrait de la routine. Le désir de changement et l’attrait pour la Chine se faisaient de plus en plus pressants.
L’opportunité s’est présentée en 2002. M. Donovan a reçu une proposition d’expatriation en tant qu’ingénieur chez un fabricant de téléphones portables pendant deux ans à Ningbo, une ville portuaire située au sud de Shanghai. Il n’a pas hésité longtemps avant d’accepter l’offre.
À son arrivée, il a découvert une ville de taille moyenne, loin de l’effervescence de Shanghai. Cependant, il a été rapidement séduit par son charme et la qualité de vie. Au fur et à mesure, il s’est familiarisé avec les lieux et s’est adapté progressivement, au point de tomber amoureux de cette ville. Pour mieux s’intégrer à la vie locale, il a commencé à apprendre la langue chinoise. Grâce à cette expérience, il a fait connaissance de son enseignante Zhang Zhaoxia, qui deviendra plus tard son épouse. Le couple a aujourd’hui trois filles. Sa mission de deux ans en tant qu’ingénieur prenant fin, il a décidé de rester et de s’installer définitivement.
Patrick Donovan et ses trois filles qui ont grandi en Chine (PHOTOS FOURNIES PAR PATRICK DONOVAN)
HelloNingbo : plus qu’un site web et qu’un magazine
M. Donovan a constaté qu’au début des années 2000, où tous les outils de traduction en ligne que nous avons aujourd’hui à notre disposition n’existaient pas encore, le quotidien n’était pas facile pour un étranger qui ne parlait pas le chinois. « La barrière de la langue omniprésente était un problème majeur, car si personne ne parlait français, hormis quelques rares professeurs d’université, l’anglais était également une langue très peu parlée », souligne-t-il.
Reconnaissant les défis auxquels les nouveaux expatriés font face, M. Donovan a créé en 2003 un site web en anglais qui rassemblait toutes sortes d’informations utiles aux expatriés de Ningbo. Sur la proposition de son épouse, il l’a nommé HelloNingbo. Le site proposait des listes d’hôtels, de bars, de restaurants avec photos, adresse, tarifs et bien d’autres détails. Chaque entrée disposait même d’un mini-plan avec le nom des rues aux alentours, permettant une localisation rapide. « De plus, nous proposions des cartes à imprimer que l’on pouvait montrer aux chauffeurs de taxi, avec l’adresse de chaque établissement où l’on comptait se rendre. »
En quelques années, le site web s’était considérablement étoffé avec, entre autres, un calendrier listant les spectacles qui avaient lieu au grand théâtre, les concerts et les nombreuses soirées dans les bars et les hôtels, ainsi que des reportages sur l’actualité de la ville, et l’affichage d’horaires et de tarifs de trains et d’avions.
Le succès d’HelloNingbo a largement dépassé les attentes de M. Donovan. Un grand nombre d’étrangers à Ningbo de toutes nationalités et de tous horizons lui ont dit qu’HelloNingbo leur avait évité de nombreux écueils et qu’ils avaient ainsi pu bénéficier d’une meilleure qualité de vie durant leur séjour. Par ailleurs, beaucoup d’étrangers qui étaient encore dans leur pays d’origine lui ont confirmé que le site internet les avait grandement aidés à découvrir la ville et à mieux préparer leur départ.
HelloNingbo était devenu si populaire que son épouse a fini par établir une société d’assistance pour les étrangers qui souhaitent s’installer ou vivent déjà à Ningbo. Plus tard, le couple a même été contacté par un éditeur de magazines pour lancer une version papier d’HelloNingbo. Ainsi le premier numéro mensuel du magazine a vu le jour en janvier 2008 avec des récits d’expatriés qui vivaient sur Ningbo et des reportages sur les nouveaux restaurants et les spectacles à venir. Il y avait également un listing complet de près de 300 adresses, mis à jour à chaque nouvelle parution.
« De fait, je suis heureux d’avoir pu modestement participer au rayonnement de Ningbo à l’étranger et d’avoir pu servir le pays qui m’a si bien accueilli », dit-il. Après cinq années de travail acharné, M. Donovan et son épouse, qui avaient développé bénévolement le site web et le magazine, ont décidé de se retirer lorsque des magazines similaires sont apparus. « Si nous avons gardé une certaine nostalgie de l’aventure HelloNingbo, nous n’oublierons jamais les moments de joie et d’amitié qu’elle nous a procurés. »
Témoin du développement de la Chine
En plus de deux décennies, M. Donovan a pu assister à la transformation spectaculaire de la ville, qui est devenue une mégapole peuplée de plus de 10 millions d’habitants, avec des infrastructures ultramodernes, une économie florissante et une scène culturelle dynamique. « En résumé, la petite ville de Ningbo s’est littéralement métamorphosée pour devenir aujourd’hui une agglomération moderne, verte, accueillante, pratique et qui a réussi un ultime défi, celui de conserver son charme d’antan. Ce travail de titan achevé en un peu plus de vingt ans peut se résumer en trois mots : spectaculaire, impressionnant, magnifique ! »
M. Donovan considère Ningbo comme sa deuxième maison et il s’est toujours engagé à contribuer à son développement. Depuis 2003, il fait du bénévolat, obtenant le surnom affectueux de « Yang Lei Feng » (« Lei Feng occidental », du nom de la figure héroïque modèle). Il balaie les rues, rend visite aux personnes âgées et aux enfants handicapés, et a même participé à lutter avec son extincteur contre un incendie qui s’était déclaré dans une résidence. « J’aime aider, mais c’est aussi ma manière de remercier le pays qui m’a accueilli. »
M. Donovan explique que s’il a choisi de rester en Chine, c’est qu’il apprécie le fait que ce pays a réussi le pari difficile de se transformer en un pays ultramoderne où les technologies de pointe sont présentes un peu partout, tout en conservant son histoire, sa culture et ses traditions millénaires. « La Chine a gardé son âme ancestrale, ce qui la rend différente de bien des autres pays modernes sur notre planète », remarque-t-il. Il constate que les Chinois restent un peuple pacifique et respectueux des autres. « Ainsi, la délinquance quasi inexistante en Chine fait que l’on se sent en toute sécurité où que l’on soit, et quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit. Pour moi, cette tranquillité d’esprit et cette liberté, aujourd’hui rarissime, de pouvoir vivre pleinement sa vie et en toute quiétude, n’a pas de prix. »
Il a également constaté qu’au cours des 20 dernières années, la Chine n’a cessé d’élargir son ouverture. Il s’est notamment réjoui du fait que depuis novembre 2024 jusqu’à fin décembre 2025, les visiteurs en provenance de France, d’Allemagne, d’Italie, des Pays-Bas, d’Espagne, de Suisse, de Belgique et de Monaco notamment peuvent voyager en Chine sans visa pour une durée maximale de 30 jours, qu’il s’agisse de voyages d’agrément, d’affaires ou de visites familiales. « Bravo et merci à la Chine de pratiquer une politique d’ouverture à un moment où beaucoup d’autres pays font l’inverse. »
Il regrette cependant les stéréotypes et les préjugés véhiculés sur la Chine par certains médias occidentaux. « Si j’avais l’occasion de transmettre un message aux Français, ce serait de ne pas suivre aveuglément ce qui peut être dit, répété et affirmé dans les médias, mais plutôt de profiter de l’exemption actuelle de visa pour venir visiter la Chine, découvrir ses trésors historiques, goûter sa cuisine légendaire et s’étonner de sa modernité. La réalité des choses passe par notre vision et notre expérience. »
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