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L’Axe central de Beijing,un patrimoine vivant

SHAN JIXIANG*  ·  2022-08-04  ·   Source: La Chine au présent
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Angle nord-ouest de la Cité interdite, le 12 novembre 2021 

 

L’Axe central de Beijing est un ensemble colossal de bâtiments et d’espaces urbains d’une longueur de 7,8 km, qui part des Tours de la cloche et du tambour au nord pour aller jusqu’à Yongdingmen au sud. C’est un condensé de la civilisation orientale au caractère à la fois harmonieux, symbolique et cérémonial s’étendant sur plus de 700 ans.

L’architecte Liang Sicheng a dit un jour qu’en matière de traitement global, Beijing reflétait pleinement l’architecture traditionnelle de la nation chinoise ainsi que la sagesse et l’audace de l’urbanisme. Le magnifique ordonnancement propre à Beijing est produit par l’établissement de cet axe. M. Liang aura ainsi influencé la candidature de l’Axe central de Beijing.

Un patrimoine vivant

L’Axe central de Beijing est construit selon le concept d’aménagement traditionnel chinois. Le terme « axe central » ne fait pas référence à une route, mais à de riches paysages culturels et de modèles architecturaux symétriques. C’est à la fois l’axe central le plus long du monde, mais aussi un espace riche en significations qui met en valeur la culture et les concepts traditionnels chinois. L’Axe central de Beijing intègre la culture chinoise traditionnelle avec des concepts d’urbanisme et d’aménagement paysager.

L’Axe central de Beijing a hérité de l’agencement urbain et des concepts de planification depuis la dynastie des Zhou. Il est le fruit de 3 000 ans de culture chinoise et a guidé les changements dans l’espace urbain : c’est le pilier et l’âme de la ville, et il contient l’histoire commune et la mémoire culturelle. L’Axe central de Beijing est au cœur de l’agencement urbain et c’est l’épine dorsale du modèle d’urbanisme. Les rues et les hutong des deux côtés de l’Axe central conservent une configuration et une texture uniques, permettant au vieux Beijing de former une grande zone symétrique. Cela a contribué au caractère si particulier de sa magnificence et de son ordonnancement, ainsi qu’à la délimitation d’un espace urbain ouvert et régulier. L’Axe central de Beijing est empreint d’un fort sentiment d’intégrité, de stabilité et d’appartenance, et animé par une force centripète, un attrait et une cohésion d’une grande puissance.

L’Axe central de Beijing est également porteur de la culture et des existences de toutes les classes sociales, de la vie des gens les plus ordinaires dans la ville extérieure, à celle des officiels dans le centre-ville, et des empereurs dans la ville impériale et le palais.

Si l’on ne comprend pas l’histoire de l’Axe central de Beijing, il est impossible de comprendre son présent, et de prédire son avenir. L’Axe central de Beijing n’est pas seulement un support matériel, c’est aussi un support spirituel. Il incarne un concept important de la civilisation chinoise, qui préconise l’harmonie entre l’homme et la nature, entre les hommes, ainsi que dans le for intérieur de chacun. Notre monde est celui du développement pacifique et du progrès continu. L’Axe central de Beijing nous fait ressentir l’esprit de la nation chinoise et la poursuite de la justice et de la paix. C’est aussi un patrimoine vivant, où le concept chinois traditionnel d’urbanisme de capitale se perpétue et influence la ville moderne pour la guider vers l’avenir.

 

 

La participation de toute la population

Depuis mon retour d’études à l’étranger dans les années 1980, mon parcours est associé à la protection et à la mise en valeur de l’Axe central et du vieux Beijing. J’ai d’abord travaillé au Bureau municipal du patrimoine culturel de Beijing, à la Commission municipale de la planification de Beijing, à l’Administration d’État du patrimoine culturel et enfin au Musée du Palais, dans lequel j’ai eu la chance de participer à des projets de restauration de bâtiments et du patrimoine.

En juillet 2001, Beijing a remporté la candidature pour l’organisation des Jeux olympiques de 2008 et la construction urbaine à grande échelle a alors démarré. À cette époque, j’étais directeur de la Commission de planification de Beijing et nous nous préoccupions surtout de l’intrusion de grands bâtiments dans le paysage culturel de l’Axe central et de la Cité interdite. Beijing a alors planifié les projets visant à construire les grands ensembles à l’extérieur du quatrième périphérique, notamment la construction du quartier ouest de Zhongguancun, la zone de sites de compétition des JO au nord, et le quartier des affaires à l’est. Au cours de cette période, nous avons formulé le Plan de protection de la ville impériale de Beijing, participé à l’élaboration du Plan directeur du Parc olympique de Beijing, et présidé à l’examen préliminaire pour la conception de dizaines de projets importants de construction. Une zone tampon du patrimoine culturel mondial de 14 km2 et une zone de contrôle pour les constructions ont été délimitées autour de la Cité interdite et du Temple du ciel, afin de protéger une grande partie des siheyuan et des hutong. C’est précisément à cause de cette barrière qu’il est aujourd’hui possible de poser la candidature de l’Axe central de Beijing sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Le gouvernement municipal de Beijing, tout comme les habitants, ont déployé des efforts importants pour protéger et transmettre le patrimoine de cet axe. Ainsi, des transformations ont été effectuées à l’hôpital de Beihai et au centre commercial Tianyi d’origine, d’une hauteur respective de 23,7 m et 18 m. Ces immeubles dénaturaient l’intégrité historique de la rue Di’anmenwai, de l’Axe central de la Tour du tambour ainsi que la vue depuis le pavillon Wanchun dans le parc Jingshan. Par ailleurs, l’hôpital de Tiantan a été relocalisé pour protéger le Temple du ciel dans son ensemble. L’hôpital de Jishuitan a été abaissé, de sorte qu’on puisse voir le mont Xishan à l’ouest depuis le pont Yinding. Par ailleurs, le lieu où l’empereur rendait hommage aux ancêtres et participait aux rites pour les bonnes récoltes était devenu la cour de récréation de l’École de Yucai. Il est désormais intégré à l’Autel de l’agriculture et en 2019, une zone d’exposition a été créée pour que les gens puissent non seulement mieux comprendre les rites associés à l’agriculture et aux récoltes, mais aussi participer aux labours de printemps et aux récoltes d’automne. En 2021, des fouilles archéologiques à Zhengyangmen ont permis d’exhumer la sculpture zhenshuishou à l’angle sud-est, d’une grande importance non seulement pour la protection de l’Axe central de Beijing, mais aussi pour la candidature à son inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Beijing a également restauré de nombreux bâtiments anciens, comme les Tours de la cloche et du tambour, le palais Shouhuang du parc Jingshan et la Tour d’archers de Zhengyangmen. La candidature de l’Axe central prend ainsi en compte la gouvernance du vieux Beijing, la protection de l’histoire et de la culture de la ville, l’amélioration des conditions de vie de la population et la construction d’infrastructures.

L’objectif principal de cette candidature n’est pas seulement d’inscrire l’Axe central de Beijing sur la Liste du patrimoine mondial, mais plus important encore, d’encourager la protection du vieux Beijing dans son ensemble, de renforcer la valeur historique et culturelle de Beijing, de promouvoir la culture et la civilisation chinoise, de mettre en valeur le style de ville-capitale de Beijing, et d’améliorer le niveau de gestion urbaine, le cadre de vie et le développement durable. La protection de l’Axe central de Beijing, sa mise en valeur et l’amélioration de l’environnement nécessitent la participation de toute la société, et cela continuera même après son inscription à l’UNESCO.

 

Gilbert Van Kerckhove, résident de longue date de Beijing, dans un siheyuan transformé en lieu de détente, le 29 octobre 2018

 

Objectif : transmettre le patrimoine

Le concept de protection du patrimoine a évolué ces dernières années. Par le passé, la protection du patrimoine avait un aspect statique et s’attachait principalement aux éléments culturels, ainsi qu’aux éléments naturels et aux paysages culturels qui avaient perdu leur fonction initiale, comme des vestiges, des mausolées ou la Grande Muraille, alors que la protection du patrimoine culturel a un aspect dynamique, comme la conservation des villages traditionnels et ethniques et des villes d’eau du Jiangnan. Avant, on se concentrait sur le patrimoine ancien, alors que maintenant, le patrimoine moderne et contemporain est inclus. On est passé des bâtiments anciens à des ensembles architecturaux et villes historiques, d’un site particulier à une surface entière. Sont aussi désormais concernés les routes culturelles, notamment pour le commerce des matières premières, les échanges culturels et les corridors de migration humaine. Auparavant, on privilégiait la protection des palais, des temples et des bâtiments historiques monumentaux, alors que maintenant sont inclus les habitations traditionnelles, l’architecture locale, le patrimoine industriel et les grandes marques, plus proches du quotidien des gens. Finalement, on est passé des éléments matériels aux éléments immatériels, tous deux étant indissociables et devant être protégés dans leur ensemble.

Est-il plus important de protéger le patrimoine culturel ou de le mettre en valeur ? C’est une question dont les experts, les universitaires, les gouvernements et les entreprises discutent depuis longtemps, mais qui a été résolue avec la protection de l’Axe central.

La pratique a prouvé que la protection et le développement peuvent se compléter. Le Parc des vestiges de Huangchenggen à l’est de l’Axe central de Beijing qui abrite les vestiges de l’enceinte est de la ville impériale des dynasties des Ming et des Qing est un exemple typique. Cette section avait été abandonnée et démolie à la fin de la dynastie des Qing et de la République de Chine, et est devenue plus tard un amas de maisons et de petits marchés. Au cours du développement du quartier commerçant de Wangfujing, la zone a été démolie et rénovée, et les ruines de l’enceinte de la ville impériale et de la porte Dong’anmen ont été découvertes. Après des fouilles archéologiques, le parc a été construit. Il existe ainsi une bande d’espace vert public dans le noyau urbain. De la rue Ping’an à l’avenue Chang’an, sa longueur totale est de 2,8 km et l’espace vert couvre 90 % de la superficie où les gens peuvent se promener et se livrer à leurs loisirs. Dans le nord du parc, une section de l’enceinte de la ville impériale a été reproduite conformément à l’originale et le sud, les vestiges de Dong’anmen sont protégés et il est possible de comprendre l’histoire de la ville impériale. Autour du Parc des vestiges de Huangchenggen se trouvent la Cité interdite et le Grand Canal, classés au patrimoine mondial, ainsi qu’un certain nombre d’éléments du patrimoine culturel comme le bâtiment rouge de l’Université de Beijing et l’ancien site de l’Université sino-française, formant un espace culturel d’une grande richesse. Les habitants qui ont été déplacés ont vu leurs conditions de vie s’améliorer. Cette transformation et ce développement protègent le patrimoine culturel, et sont bénéfiques à la construction urbaine et à l’amélioration des conditions de vie des gens.

Le véritable but de la protection et de la mise en valeur du patrimoine culturel est de transmettre la culture de nos ancêtres aux générations futures d’une manière saine, complète et authentique.

 

 

Faire vivre l’Axe central de Beijing

En janvier 2022, nous avons invité le professeur Lü Zhou, un contributeur du texte de candidature de l’Axe central de Beijing, à donner un discours pour présenter la valeur patrimoniale de l’Axe central de Beijing lors d’une exposition thématique à l’Institut de recherche sur le développement culturel de l’arrondissement de Dongcheng. Nous l’avons également filmé pour l’émission de télévision The Shape of Culture afin de raconter la vie de gens ordinaires.

Pour cette émission, 24 sites inscrits au patrimoine mondial ou en cours de déclaration ont été sélectionnés. En se promenant, en parlant et en faisant l’expérience des lieux, les éléments les plus essentiels du patrimoine culturel chinois sont présentés au public. Lors du tournage dans l’Axe central de Beijing, nous avons entre autre invité M. Lü et Zhang Jin, une experte. Nous sommes d’abord allés à la salle de la planification pour discuter de l’urbanisme. J’ai ensuite emmené quelques invités au sud des Tours de la cloche et du tambour à l’extrémité nord, et M. Lü a fait de même à l’extrémité sud à Yongdingmen, et nous nous sommes retrouvés sur la place Tian’anmen. Au cours de notre promenade, les gens ont pu découvrir le charme de l’Axe central. Après avoir vu cette émission, on a une sensation différente, que l’on passe par les hutong ou que l’on visite le complexe palatial.

L’inscription de l’Axe central de Beijing sur la Liste du patrimoine mondial nécessite la participation active et les efforts conjugués de tous les pans de la société. C’est un processus qui permet d’améliorer globalement la gestion urbaine et le cadre de vie urbain. Nous faisons tout ce travail pour faire connaître à tous l’histoire de l’Axe central de Beijing, comprendre sa valeur et le chérir.

*SHAN JIXIANG est directeur du Comité académique du Musée du Palais et président de la Société chinoise pour le patrimoine culturel.

 

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