Pendant les Jeux olympiques d’hiver de Beijing 2022, les épreuves de big air ont eu lieu dans le parc Shougang (ancien siège du groupe sidérurgique Shougang), et par la suite, ce vestige industriel est devenu une destination touristique populaire. Au cours de sa première semaine de réouverture, le 22 février, plus de 24 000 personnes ont réservé leur entrée.

 

Il s’agit d’un bon exemple de conservation et de mise en valeur du patrimoine industriel. Ces dernières années, le tourisme lié au patrimoine industriel s’est engagé dans une période de développement rapide en Chine.

 

Un processus de conservation

 

En 2003, le Comité international pour la conservation du patrimoine industriel (TICCIH) a défini dans une charte ce qu’il fallait entendre par « patrimoine industriel » : « [celui-ci] comprend les vestiges de la culture industrielle qui sont de valeur historique, technologique, sociale, architecturale ou scientifique. Ces vestiges englobent des bâtiments et des machines, des ateliers, des moulins et des usines, des mines et des sites de traitement et de raffinage, des entrepôts et des magasins, des centres de production, de transmission et d’utilisation de l’énergie, des structures et infrastructures de transport aussi bien que des lieux utilisés pour des activités sociales en rapport avec l’industrie, tels que des habitations, des lieux de culte ou d’éducation. »

 

Au milieu du XIXe siècle, la Grande-Bretagne a commencé à prêter attention à la protection du patrimoine industriel, plaçant le tourisme lié au patrimoine industriel dans la catégorie du tourisme lié au patrimoine culturel. C’est le germe du tourisme lié au patrimoine industriel.

 

La Chine se penche sur la conservation et la mise en valeur du patrimoine industriel depuis le début du XXIe siècle. Apprenant de l’expérience étrangère, elle a choisi des vieilles villes industrielles et des villes en perte de ressources pour mener des recherches.

 

En 2017, la première série de dix zones de démonstration du tourisme industriel (ou de centres touristiques visant le patrimoine industriel) au niveau national a été publiée. La même année, la première série de treize sociétés agréées liées au patrimoine industriel national a été annoncée, comprenant entre autres Ansteel (Liaoning), Wenzhou Alum Mine (Zhejiang) et l’usine de fer de Hanyang (Hubei). Jusqu’à présent, 166 sociétés de ce type ont été incluses dans cinq séries.

 

En 2018, la Chine a publié sa première liste de conservation du patrimoine industriel, 200 projets qui en relèvent ont été révélés en deux séries. Ils couvrent de nombreux domaines tels que la construction navale, l’industrie militaire et l’industrie ferroviaire.

 

En 2021, le ministère de l’Industrie et de l’Informatisation et l’Administration nationale du patrimoine culturel ont publié conjointement le Plan d’exécution pour la promotion du développement de la culture industrielle (2021-2025), qui vise à encourager les villes à créer divers projets de tourisme industriel et à bâtir des centres pilotes de tourisme industriel, en s’appuyant sur le patrimoine industriel local comme des anciens ateliers, des musées industriels et des usines modernes.

 

Des touristes sur le quai Taigucang, situé dans l’arrondissement de Haizhu à Guangzhou, le 24 décembre 2020

 

La mémoire d’une ville

 

En protégeant et en réutilisant les infrastructures d’origine, on transforme le patrimoine industriel en un outil permettant de comprendre la culture industrielle, tout en lui ajoutant des fonctions de loisir et de tourisme.

 

Ces dernières années, de nombreuses reconversions de sites réussies en Chine sont à souligner, par exemple le parc Shougang à Beijing, la Power Station of Art à Shanghai, l’InterContinental Shanghai Sheshan Shimao Hotel (construit dans une fosse de carrière abandonnée), le TESTBED 2 (un espace d’innovation culturelle) à Chongqing et la brasserie Tsingtao à Qingdao (Shandong). Préservant parfaitement la mémoire de la ville, ces lieux sont devenus de plus en plus populaires en tant que sites touristiques et culturels.

 

La capitale chinoise est considérée comme un pôle en matière de conservation et de mise en valeur du patrimoine industriel. Avec le vif engouement qu’il a rencontré sur Internet lors des JO d’hiver de Beijing, le parc Shougang reflète la magnifique transformation d’une aciérie centenaire. Il inclut une série d’installations commerciales entièrement équipées pour répondre aux différents besoins des visiteurs. On y trouve par exemple une librairie, un magasin de création culturelle et le magasin officiel des marchandises sous licence de Beijing 2022. De plus, le parc Shougang déploiera des efforts pour maximiser l’utilisation et l’activation des ressources des JO d’hiver.

 

Par ailleurs, le Kappa Shougang Infinite Park a rouvert au public le 1er mars. Ce parc sportif continuera à organiser des événements de skateboard et d’escalade pour créer une base d’entraînement d’influence et une marque d’événement à la mode.

 

Le succès de l’Exposition universelle 2010 à Shanghai a ouvert une nouvelle voie pour la protection et la reconversion du patrimoine industriel de cette ville. Un exemple emblématique est la Power Station of Art : ce lieu, comprenant l’ancien atelier principal et la cheminée de la centrale électrique de Nanshi érigée en 1985, a été reconverti et est devenu le « Pavillon du Futur » de l’Expo. Par la suite, il a été transformé en une plateforme culturelle pleine de chaleur humaine et de charme artistique.

 

Le Musée du verre de Shanghai doit son origine à l’usine n° 1 de fabrication du verre de Shanghai. En 2015, il a été classé comme attraction touristique nationale de niveau 4A. Ayant à la fois les caractéristiques communautaires et internationales, il est à la pointe de l’expérience interactive de visite muséale.

 

Situé dans l’arrondissement de Yuzhong à Chongqing, le TESTBED 2 était autrefois l’usine d’impression de billets de la Banque centrale de la République de Chine, puis l’Imprimerie n° 2 de Chongqing après la fondation de la République populaire de Chine. Le contraste saisissant entre l’aspect extérieur ancien du bâtiment et son style moderne intérieur en fait un lieu de tournage populaire. En 2021, il a été inclus dans la première série de zones de rassemblement de consommation culturelle et touristique nocturne au niveau national. La brasserie Tsingtao, qui a été incluse dans la deuxième série du patrimoine industriel national, entend conjuguer tourisme et création culturelle. Elle a fondé le Musée de la bière Tsingtao, dans lequel on peut voir plus de 500 sortes de produits de création culturelle liés à la bière, en plus de connaître le processus de production de la bière. Ce musée est devenu un site populaire auprès de la jeunesse.

 

Dans les villes de troisième ou quatrième rangs dans l’ouest de la Chine, la transformation d’anciens sites industriels remporte également un succès populaire. Le site industriel de la Guerre de résistance contre l’agression japonaise de Changleyuan (à Baoji, dans le Shaanxi), le mieux conservé de son genre à l’intérieur du pays, a été parfaitement reconverti, avec un studio de cinéma. De plus, la scénographie des lumières permet une visite de nuit.

 

Des touristes découvrent le brassage au Musée de la bière Tsingtao, le 28 mars 2020.

 

Respecter les conditions locales

 

« Inspirée par des idées étrangères dans le domaine du patrimoine industriel, la Chine s’essaie à un nouveau développement. En raison des formes multiples des musées et des parcs d’entrepreneuriat culturel, les résultats obtenus sont variés », constate Wen Tong, professeur du département de tourisme à l’Université Jinan (à Guangzhou).

 

D’après lui, il faut faire des plans et adapter les mesures en fonction des conditions locales, pour revitaliser le patrimoine industriel. Il cite en exemple certains projets réussis dans le Guangdong : le parc Qijiang à Zhongshan (qui est à l’origine un chantier naval) et le quai Taigucang à Guangzhou.

 

En tant que célèbre ville historique et culturelle ayant une histoire de plus de 2 000 ans, Guangzhou possède une splendide culture industrielle. Fin 2020, elle a inclus plus de 200 bâtiments du patrimoine industriel et plus de 40 zones historiques de style industriel dans la liste de conservation du patrimoine industriel. Ce classement permet de récolter des données pour la prochaine étape de la planification scientifique, de la protection en fonction des particularités et d’une reconversion efficace.

 

Construit en 1904, le quai Taigucang était autrefois le terminal le plus fréquenté de la zone portuaire de Neigang du port de Guangzhou. Il est également un important vestige du port de commerce extérieur et de transport de Guangzhou à l’époque moderne. Depuis 2008, il s’est graduellement transformé en un espace de nouvelles activités économiques : bureaux, expositions, cinéma, restauration, etc.

 

« La protection et la mise en valeur du patrimoine industriel impliquent de porter une attention particulière au développement de la piste touristique, indique M. Wen. La route touristique du patrimoine industriel de l’Allemagne, mondialement renommée, consiste en la transformation du patrimoine industriel de la région de la Ruhr. Elle permet aux visiteurs de découvrir en profondeur l’évolution de la civilisation de l’industrie du charbon et de l’acier de l’Allemagne s’étendant sur des centaines d’années. »

 

*LI CUNGEN est journaliste à Yangcheng Evening News.