法语词典:
中文 English Deutsch 日本語 Chinafrique
Suivez-nous sur
  • descriptiondescription
Accueil Chine Monde Economie Culture Environnement Documents
Accueil >> Culture

Le « Jet Li camerounais »

Li Xiaoyu  ·  2021-01-20  ·   Source: Chinafrique
Mots-clés: Jet Li camerounais; Li Mubai; Taiji Quan

Retour sur un maître de kung-fu camerounais et son histoire fortement liée à la culture chinoise.

Li Mubai (au centre) entouré des élèves de l’Institut Confucius de l’Université de Youndé II. (COURTOISIE)

Tous les mercredis, peu importe la météo, les habitants venus des quatre coins de la ville de Yaoundé sont nombreux à faire le déplacement pour suivre le cours de kung-fu ouvert à tous, proposé par l’Institut Confucius de l’Université de Yaoundé II. Des exercices de base aux enchaînements de mouvements simulant un combat, en passant par des clés de bras et des valeurs morales, le contenu du cours est riche et varié. Les élèves sont tellement intéressés qu’ils ne veulent plus quitter la salle, même après le cours. Leur grande motivation nourrit en retour leur maître Erisien Fabrice Mba, connu sous son nom chinois, Li Mubai, qui lui va comme un gant.

En effet, passionné pour les arts martiaux chinois depuis son enfance, il a emprunté le patronyme « Li » aux acteurs Bruce Lee et Jet Li, dont il est fan. Son professeur de « sport-santé » lui a donné le prénom Mubai (littéralement « bois blanc »), par référence au bois de coffrage qui sert à fabriquer des moules, symbolisant sa vocation de former un maximum de jeunes Africains tout aussi passionnés, motivés et impliqués que lui.

Là où le rêve commence…

Li Mubai est né en 1979 à Sangmélima au Cameroun. Orphelin de père, il a été élevé par sa mère seule, gérante d’un petit stand au marché alimentaire local, qui peinait à subvenir à leurs besoins. Il lui arrivait d’aller à l’école en haillons, affamé et pieds-nus. Face aux autres élèves de sa classe, dont la plupart étaient issus de familles aisées, chouchous de l’équipe enseignante, il se sentait souvent exclu, sous-estimé et en manque d’affection.

Son frère aîné travaillait comme projectionniste au cinéma. Pour l’empêcher de traîner dans les rues, celui-ci l’emmenait souvent le week-end sur son lieu de travail. C’est là que Li Mubai a découvert les moines du temple Shaolin pour la première fois. « J’ai été totalement subjugué par les prouesses des acteurs Bruce Lee, Jackie Chan, etc. qui réagissaient avec courage face aux injustices en se servant du kung-fu comme arme », se remémore-t-il.

En 1986, il a vécu un autre moment manquant en observant un travailleur chinois exécutant une danse étrange combinant de très beaux mouvements au Palais des Congrès de Yaoundé. Il ne savait pas encore qu’il s’agissait de Taiji Quan. Fasciné, il s’est mis à l’imiter à distance. Le Chinois l’a invité à pratiquer avec lui. « Son geste m’a fait comprendre qu’il m’appréciait et voyait quelque chose en moi. J’avais besoin de savoir que je valais quelque chose et que l’on pouvait me voir autrement qu’un enfant perdu. » C’est depuis ce jour-là qu’il considère le kung-fu comme un héritage et une voie lui permettant d’être lui-même : rien n’aurait pu entraver sa détermination naissante.

À l’épreuve des maîtres Shaolin

Li Mubai lors de son séjour au temple Shaolin en 2019. (COURTOISIE)

À la mort de sa mère en 2000, il a décidé de s’installer à Yaoundé avec deux objectifs : continuer ses études et devenir l’un des meilleurs pratiquants de kung-fu du pays. Malheureusement, il n’existait pas encore de fédération qui encadrait les pratiquants dans ce domaine. C’est alors qu’il a eu l’idée de créer une association reconnue par l’État et faisant la promotion de la culture chinoise.

Difficile à réaliser, ce projet a finalement vu le jour le 10 avril 2010, avec la création de l’Association pour la promotion de la pratique des arts martiaux chinois au Cameroun (ASPPAMC). En moins de deux ans, l’association a fait connaître les arts martiaux chinois dans 22 grands établissements scolaires publics et privés de Yaoundé. C’est ainsi qu’elle a été remarquée par l’Institut Confucius de l’Université de Yaoundé II, auquel elle s’est associée pour s’intégrer à ses activités en octobre 2011.

Lorsque celui-ci l’a prévenu que le temple Shaolin accueillait des étudiants étrangers, son visage s’est illuminé de joie. « Continuer mon apprentissage du kung-fu au temple Shaolin était un mystérieux rêve que je faisais chaque nuit sur mon petit lit en bambou. »

Le rêve a fini par devenir réalité : entre juillet 2015 et octobre 2019, il s’est rendu au temple Shaolin à trois reprises pour se perfectionner, se faire évaluer et obtenir une reconnaissance en tant que maître de kung-fu gradé par les moines, et ce grâce à une bourse de l’Institut Confucius. Cette expérience lui a permis de côtoyer les trois joyaux du grand trésor du temple Shaolin, à savoir les arts martiaux, la médecine traditionnelle chinoise (MTC) et le bouddhisme zen. Il maîtrise également le mandarin, servant même de traducteur aux autres étrangers lors de ses études à Shaolin.

Si, au début de son apprentissage, il percevait le kung-fu comme un outil de défense et une arme efficace permettant de s’imposer et de prendre le dessus sur les autres, il a finalement pris conscience que c’est un art martial également doté d’un puissant enseignement qui améliore un individu, le libère de la médiocrité, le pousse au surpassement de soi et le met au service des autres. Comme l’indique le maître Shi Yanchen, « tout comme le soleil ne brille pas pour lui-même et que les rivières ne boivent pas leurs eaux, le pratiquant de kung-fu comme la Nature, vit pour aider les autres ».

Mettre en valeur la culture chinoise

À son retour du temple Shaolin, Li Mubai n’a pas tardé à mettre ces enseignements en pratique. En réalité, au moment de la création de son association, il s’est fixé l’objectif de fournir une plateforme d’apprentissage et d’opportunités aux jeunes Camerounais défavorisés. Conscient des nombreux débouchés professionnels liés à la culture chinoise, il leur propose aujourd’hui, à travers l’association, d’acquérir des connaissances alternatives (massage, « sport-santé », nutrition, phytothérapie, coaching zen, etc.). « En effet, c’est bien beau d’entraîner un enfant aux arts martiaux mais s’il est affamé, il utilisera forcément son savoir à mauvais escient », explique-t-il à CHINAFRIQUE.

En parallèle, Li Mubai poursuit ses activités de promotion du kung-fu et de la MTC avec les 126 membres de son association, présents désormais dans les écoles, universités, entreprises et différents quartiers de la ville. Le nombre d’élèves initiés est estimé à 40 000.

Grâce au kung-fu et sa contribution à son développement dans le pays, Li Mubai a été gradé ceinture noire 5e dan par la commission de la Fédération camerounaise de kung-fu, puis nommé Directeur technique national de kung-fu au Cameroun par le ministère des Sports et de l’Éducation physique.

Dans un futur proche, son association vise à construire un centre de formation plus moderne qui initiera les jeunes aux métiers rattachés au kung-fu et à la culture chinoise. Mais en tant qu’association à but non lucratif, ses membres sont tous bénévoles. Les locaux et le matériel nécessaires pour mener à bien ces projets sont très limités. « Nous tendons la main à toutes les bonnes volontés (associations sœurs, institutions et sympathisants), prêtes à nous aider à développer cette initiative par leurs compétences et par des dons de toute nature », lance-t-il, tel un appel rempli d’espoir.

Pour vos commentaires : lixiaoyu@chinafrica.cn

 

Liens:
Xinhuanet CGTNfr China Tibet Online Le Quotidien du Peuple Radio Chine Internationale
Ambassade de Chine en France Ambassade de France en Chine Faguowenhua French.china.org.cn
La Chine au Présent La Chine Pictorial Traduction en ligne

24 Baiwanzhuang, 100037 Beijing République populaire de Chine


京ICP备08005356号-3 京公网安备110102005860