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« Knife in the Clear Water » : une exploration des secrets de la vie et de la mort

Wei Hongchen  ·  2016-10-09  ·   Source: Beijing Information
Mots-clés: Wang Xuebo; culture

Le film « Knife in the Clear Water », qui a fait son entrée récemment dans la sélection du Festival international du film de Busan en Corée du Sud dans la catégorie « Nouvelle vague » ainsi qu'à celui de Vancouver, pour le prix « Dragon et tigre », ne cesse d'attirer l'attention du public. C'est la première œuvre de Wang Xuebo, un réalisateur originaire du nord–est de la Chine, né dans les années 1980, sur le thème de la minorité musulmane hui. Continuant sur les traces d'un Zhang Yimou et d'un Jia Zhangke, des réalisateurs de la 5ème et de la 6ème génération, ces jeunes trentenaires en pleine ascension racontent la Chine à leur manière.

Un film original dans un village ordinaire

« Knife in the Clear Water » est tiré de la nouvelle éponyme de l'écrivain Shi Shuqing, appartenant à la minorité hui. Elle raconte l'histoire d'une famille musulmane originaire dans la Région autonome hui du Ningxia (nord–ouest de la Chine) qui offre un sacrifice pour honorer les morts. On peut y lire les traditions religieuses spécifiques de cette minorité ethnique, ainsi que leur monde intérieur. La nouvelle avait obtenu le prix « Lu Xun » lors de sa seconde édition, le prix littéraire le plus prestigieux de Chine.

Dans ce village, Ma Zishan, un vieillard, veut effectuer le sacrifice d'un bœuf en l'honneur de son épouse défunte le jour de l'anniversaire de son décès. Trois jours avant cet hommage, le bœuf voit dans l'eau le couteau qui va le tuer alors qu'il s'abreuve. Il commence donc à jeuner afin de se purifier avant que son existence ne prenne fin.

L'auteur de cette nouvelle, Shi Shuqing, avoue qu'elle est difficile à transposer à l'écran. Pendant plus d'une dizaine d'années, il a discuté avec de nombreux réalisateurs sans jamais pouvoir s'entendre avec eux jusqu'à ce qu'il rencontre Wang Xuebo. Ce dernier n'a pas voulu trop coller à cette nouvelle courte, à la fois réaliste et sans trop de rebondissements.

Les interactions et la relation entre le vieil homme et le bœuf sont au centre de la nouvelle comme du film. Pour ce qui est du bœuf qui voit le couteau dans l'eau, à savoir si c'est vrai ou non, le réalisateur n'aborde pas cette scène frontalement, mais la montre plutôt dans la relation entre les deux protagonistes. Quant à l'adaptation, Wang Lei – un organisateur de festival du film – estime que « l'aspect littéraire de la nouvelle est puissant, et les différences avec l'adaptation du réalisateur sont importantes. Il a fait preuve de courage et d'audace et le résultat final est plutôt bien ». Par ailleurs, Wang Xuebo doit faire jouer les interactions entre le décor et son film et les protagonistes en faisant vibrer autant que possible la corde sensible. Pour cela, il a passé près de dix mois à Xihaigu pour s'imprégner de la vie locale. Il a vu comment les villageois vivaient, par exemple comment ils empruntaient de l'argent ou s'invitaient, pour l'inclure dans son film. « Jamais je n'aurais pu penser que des pauvres villageois pouvaient émouvoir le public », explique Wang Xuebo. Ainsi, le film décrit mille et une petites choses insignifiantes pour montrer comment ils vivent et à la fois leur simplicité et leur dignité. Ainsi, même si l'action du film se situe dans l'ouest de la Chine, il indique qu'il ne pense pas avoir tourné un film rural et n'a pas voulu en faire un film sur le thème de la religion. « En tournant ce film, j'ai créé une forme artistique alors que par le passé, les réalisateurs de la cinquième et de la sixième génération voulaient davantage donner à leurs films une spécificité rurale beaucoup plus appuyée. »

Wang Xuebo s'intéresse beaucoup à l'art classique occidental. Dans son film, il s'est essayé aux beaux–arts et a fait référence notamment aux tableaux d'Andrew Wyeth, choisissant pour cela le format 4:3. Pour le son, il a écouté le réalisateur Fu Kang, connu pour le film « Blind Massage » : on peut entendre de la musique classique tout au long des 90 minutes du film. C'est comme une symphonie qui résonne pour faire ressortir le for intérieur purifié du vieil homme et du bœuf. Cela constitue un moment inédit dans l'art cinématographique chinois récent relatif à la minorité hui. « Ce film semble relativement classique, un peu pur. Les gens pourront faire l'expérience de l'égalité entre les hommes, et ressentir la beauté artistique de ces paysans », explique–t–il.

Compte tenu de l'aspect régional et magique de son film, Wang Xuebo s'est servi d'un grand nombre d'acteurs amateurs. « Même s'ils ne sont pas professionnels, ils connaissent très bien la vie sur place, ce qui permet de mieux s'en imprégner », précise–t–il.

La plupart des thèmes de ses œuvres ont un caractère artistique. Il avoue volontiers que lorsqu'il était étudiant, il aimait les séries coréennes et les films d'Hollywood, et qu'il ne dédaignait pas les œuvres commerciales. Mais il préfère ce qui est spécial et ne souhaite pas que ses films soient trop dans l'institution ou l'imitation.

Ce film artistique est aussi assez individuel. Derek Tung-Shing Yee, un réalisateur connu, qui est le producteur du film, pense que c'est un bon film plein de sincérité, précisant qu'il ne faisait pas de différence entre un film artistique et un film commercial, mais qu'il discernait les films grand public des films à audience plus réduite. Pour lui, les premiers ne sont pas forcément bons, et les seconds ne sont pas forcément mauvais.

Entre la réalisation et la production

Pour savoir pourquoi Wang Xuebo a choisi un thème peu abordé pour faire sa première œuvre de réalisateur, il faut remonter un peu dans le temps. En 2007, Wang Xuebo était en troisième année de son cursus de réalisateur à l'Université normale du Nord–Est, spécialisé dans la réalisation des émissions de radio et de télévision, quand son camarade de classe Shi Yanwei lui a recommandé de lire « Knife in the Clear Water ». Il s'intéressait déjà depuis l'enfance à la région du nord–ouest et les coutumes, la religion et les spécificités de Xihaigu l'ont profondément impressionné. De là est née l'idée d'en faire un film. Les deux étudiants pauvres ont immédiatement décidé de s'associer. Sans financement, sans acteurs, sans même de quoi se nourrir ou se loger, ils se sont obstinés en mettant une annonce sur un site internet pour finalement réunir un groupe de personnes qui leur ressemblaient. « Nous devions faire aboutir la production, la réalisation artistique, le lieu de tournage et les acteurs. Avec cette annonce, nous voulons mettre à l'honneur la création cinématographique sur le thème de l'islam et faire la promotion de la culture des minorités. » C'est ainsi que Wang Xuebo s'exprimait sur son blog à l'époque. Tout s'est déroulé sans accroc et son court métrage d'environ 30 minutes a été réalisé. Il a été présenté à la 7ème édition du salon international des œuvres télévisuelles et cinématographiques des étudiants de l'Institut du film de Beijing. Très intéressé par la nouvelle, Wang Xuebo souhaitait tourner un long métrage. En 2010, deux ans après avoir reçu son diplôme et acquis de l'expérience dans les courts métrages, il s'est préparé à tourner pour de bon. Pour cela, il est allé vivre à Xihaigu pour s'imprégner de la vie dans le bourg le plus pauvre, vivant avec les villageois. Ces dix mois d'expérience lui ont donné de la matière en termes créatifs. Une fois que tout a été prêt et qu'il s'apprêtait à commencer le tournage, Wang Xuebo allait franchir un premier cap important de sa carrière de réalisateur. Mais celui qui devait prendre le rôle de Ma Zishan n'était pas un professionnel. Wang Xuebo avait pourtant passé six mois à le chercher sur place. L'homme était cependant travaillé par le trac et le tournage n'a pas pu commencer. De plus, pour des raisons de coutumes locales, les acteurs qui jouaient le rôle de la famille devaient faire partie d'une même vraie famille, ce qui s'ajoutait aux difficultés. Wang Xuebo, un perfectionniste dans l'âme, n'a pas voulu insister, encore moins ruiner son film, et a laissé tomber. « A l'époque, j'ai eu le sentiment que je chutais dans un précipice. Diplômé depuis deux ans, et ayant trouvé un financement important, j'avais l'impression que j'étais parvenu au paradis, mais en ne tournant pas, j'avais atterri en enfer. »

Le film étant tombé à l'eau, Wang Xuebo est retourné à Changchun dans un état de confusion. Il passait son temps à lire des romans soviétiques et d'Amérique latine pour mieux ressentir les nuances du fantastique et de la magie. Il voulait faire un film sur cette expérience qu'il avait vécue, mais là aussi, il a dû abandonner. Par la suite, il a créé une entreprise, mais ce n'était pas vraiment ce qu'il voulait faire.

Il s'est dit qu'il devait faire quelque chose en relation avec le cinéma. Il a alors tenté la production et cela lui a plutôt réussi. En 2014, il s'est associé avec Geng Jun pour le film « The Hammer and Sickle are Sleeping », qui a remporté à Taïwan le prix du « Cheval d'or » du meilleur court métrage lors de sa 51ème édition. L'année suivante, il a collaboré avec Pema Tseden pour le film « Tharlo » qui est entré dans la sélection du festival du film de Venise et a remporté le prix du meilleur long métrage lors du premier festival du film chinois en Italie. Même s'il a obtenu de nombreux succès en tant que producteur, il gardait toujours derrière la tête l'idée de finir son film.

Lors de son retour de Venise, et avec les encouragements du réalisateur Zhang Meng, Wang Xuebo s'est décidé à reprendre le rêve qu'il avait fait cinq ans plus tôt. Certains investisseurs n'ont même pas regardé le scénario et ont signé le contrat en lisant le script résumant l'histoire. Derek Tung-Shing Yee lui aussi a été touché par le scénario et par son courage, et a décidé de participer au projet. Si Wang Xuebo en a été ému, la pression a cependant redoublé.

En cinq ans, le village aussi avait considérablement changé. Il était devenu plus ouvert, et les villageois n'étaient plus aussi opposés au tournage. Pour lui, « les meilleurs conditions étaient enfin réunies ».

Un bon film n'est pas un film racoleur

La carrière cinématographique de Wang Xuebo, ce réalisateur de la génération née après 1980, avançait. Par rapport aux autres réalisateurs de son âge, il pense qu'il a eu de la chance et qu'il a bénéficié du développement d'ensemble du secteur chinois du cinéma. Par rapport aux réalisateurs des générations précédentes, les débuts de cette génération sont partis sur des bases plus larges, non seulement en ayant l'opportunité de connaître les grands maîtres du cinéma mondial grâce à différents canaux de diffusion, mais aussi en profitant du développement de la technologie du numérique qui a révolutionné le secteur du cinéma. Le marché chinois du cinéma et les opportunités de financement ont aussi connu des changements radicaux. Seul le manque d'expérience de cette génération de réalisateurs constitue un point faible évident.

Avec l'entrée de son premier film dans les sélections internationales, Wang Xuebo exprime son point de vue sur la façon spécifique qu'a sa génération de raconter la Chine. Le plus important, estime–t–il, c'est de savoir si la perspective du réalisateur est racoleuse ou non. « Les Occidentaux sont curieux de ce qui est différent dans le cinéma chinois, comme dans le cinéma de nombreux autres pays. Ils aiment se positionner relativement haut pour observer attentivement, ils veulent voir certaines choses qui sortent de l'ordinaire. » Wang Xuebo n'approuve pas cela, soulignant qu'il adore les premiers films de Zhang Yimou. Quand on lui demande son avis sur cette ère de la propriété intellectuelle et sur l'adaptation d'œuvres littéraires sur grand écran, il répond que « peu importe que ce soit une création ou une adaptation, le plus important, ce sont la perspective et l'attitude de l'auteur ».

S'il va encore participer à de nombreux festivals du film, il prépare déjà son prochain opus, un film qui mélange fantastique et crime qu'il n'avait pas réussi à tourner et qu'il était au plus bas, en 2010. « Si 'Knife in the Clear Water' raconte comment un homme se lave de ses péchés et aborde la peur devant l'inconnu face à la mort, le prochain film fera directement face au crime. »

 

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