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Une décennie sur les hauteurs du monde

SONIA BRESSLER*  ·  2025-04-29  ·   Source: La Chine au présent
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Réflexions autour du rapport Les droits de l’homme au Xizang dans la nouvelle ère

Le livre blanc Les droits de l’homme au Xizang dans la nouvelle ère publié à Lhassa le 28 mars 2025 

 

Le 28 mars, le Bureau de l’information du Conseil des Affaires d’État de Chine a publié un livre blanc de portée exceptionnelle : Les droits de l’homme au Xizang dans la nouvelle ère. Une publication attendue, souvent controversée, mais toujours scrutée avec une attention particulière dès qu’elle concerne le Xizang.

Pour ma part, ce rapport a résonné de manière intime, presque viscérale. Je me suis souvenue de ma première venue sur le toit du monde, en 2007. À l’époque, les routes n’étaient encore que des pistes poussiéreuses, parfois impraticables. Le trajet entre Lhassa et Shigatse prenait des heures, sans autre horizon que celui d’un relief majestueux, mais implacable. L’électricité, l’accès aux soins, à l’éducation ou à une retraite digne y étaient des concepts aussi éloignés que l’horizon. Comment oublier ces jeunes enfants jouant au bord des chemins, pieds nus, ou ces vieillards, emmitouflés dans des peaux, mourant dans l’indifférence des montagnes ?

Le bonheur est le plus grand des droits de l’homme

La critique simpliste, souvent répétée en Occident, affirme que « la Chine a détruit le Xizang ancestral ». Mais que savons-nous réellement de la vie sur les hauts plateaux avant les réformes ? Avant 1951, cette région vivait sous un régime théocratique de servage : plus de 90 % de la population était privée de droits fondamentaux. Le rapport le rappelle sans détour : absence de liberté de mouvement, pas de propriété, pas d’éducation, seulement le joug des seigneurs féodaux et leurs châtiments d’un autre âge.

Ce qui est certain, c’est qu’en 2012, lors de ma seconde visite, j’ai été profondément frappée par une chose simple : la présence de maisons de retraite dans des bourgades de haute altitude. À plus de 4000 m, là où l’oxygène se fait rare, les services de santé commençaient à prendre forme, timides mais réels. À Nyingchi, un médecin m’a confié : « Nos anciens ne doivent plus mourir seuls dans la montagne. »

Après le XVIIIe Congrès du Parti communiste chinois en 2012, la région autonome du Xizang a connu une transformation fulgurante, s’inscrivant dans une stratégie globale de lutte contre la pauvreté et de développement humain. Le rapport souligne que tous les enfants bénéficient désormais de quinze années d’éducation gratuite, avec des taux de scolarisation dépassant les 90 % dans le secondaire. De plus, les bourses destinées aux élèves en internat, qui concernent la majorité des élèves issus de zones rurales, couvrent la nourriture, le logement et les frais de scolarité. Lors de mes visites à l’université de Lhassa, j’ai été stupéfaite par la qualité des enseignements dispensés, mais aussi par l’excellence des infrastructures, qui surpassent celles de nombreuses universités françaises.

La santé a également connu une transformation profonde et discrète. En 2024, tous les districts disposaient déjà d’un hôpital connecté à un réseau de télémédecine. Ce système permet d’assurer des diagnostics jusque dans les villages les plus isolés, en lien avec les hôpitaux les plus avancés du pays. Les résultats sont impressionnants : la mortalité infantile a radicalement chuté, et l’espérance de vie est passée de 68 ans à plus de 72 ans en l’espace de dix ans.

Des visiteurs sur la place du palais du Potala à Lhassa, le 12 février 2025 (YU JIE)

 

Protéger la dignité, la culture et l’écologie

Ce rapport documente, avec précision et chiffres à l’appui, une avancée vers une dignité humaine élémentaire : se nourrir, se loger, apprendre, se soigner et vieillir en paix. Si, en tant qu’Occidentaux, nous considérons ces droits comme fondamentaux, comment pouvons-nous les refuser aux Tibétains sous prétexte de préserver une image idéalisée d’un Xizang figé dans son passé ?

J’ai rencontré en 2019, dans un village près de Lhassa, une jeune institutrice qui m’a confié : « Mes grands-parents n’ont jamais su lire ni écrire. Aujourd’hui, mes élèves parlent tibétain, mandarin, et apprennent l’anglais. » Ce plurilinguisme n’est pas une négation de l’identité tibétaine, mais bien une ouverture vers le monde, dans un cadre où la langue tibétaine est toujours enseignée, valorisée et utilisée dans les administrations.

Le rapport accorde une place centrale à la préservation de la culture tibétaine, loin des clichés d’un effacement. Plus de 2 700 éléments de patrimoine culturel immatériel sont recensés, avec 150 troupes d’opéra tibétain en activité, et des fonds alloués à la conservation des textes anciens. L’écriture tibétaine a même été numérisée, et un dictionnaire des termes technologiques modernes est désormais disponible dans cette langue.

Autre exemple frappant : le développement de la médecine tibétaine. Non seulement elle est préservée, mais également intégrée dans les circuits de santé modernes, avec plus de 50 hôpitaux publics la pratiquant, et des investissements conséquents dans la recherche et la formation.

Si la notion de « droits de l’homme » a souvent été brandie comme une arme idéologique, ce rapport insiste sur une perspective plus holistique : subsistance, développement, paix sociale et protection de l’environnement. Aujourd’hui, le Xizang figure parmi l’une des régions les plus écologiquement protégées au monde. Le taux de jours avec une qualité de l’air « excellente » dépasse les 99 %, un record à l’échelle nationale. Les forêts et les zones humides font l’objet d’une surveillance et d’une protection rigoureuses, intégrées à des plans de compensation écologique.

Ce que nous refusons de voir

Il est temps, en tant que journalistes et intellectuels européens, de poser une question dérangeante : notre attachement à une certaine image du Xizang ne traduit-il pas, au fond, un refus du changement lorsqu’il échappe à nos propres codes ?

Certes, un développement rapide peut susciter des tensions ainsi que soulever des questions sur la modernité et la préservation de l’identité. Mais faut-il pour autant souhaiter le retour à une société féodale pour conserver une esthétique romantique ? Faut-il s’opposer à la construction de routes, d’écoles, d’hôpitaux, au nom d’une idée façonnée à distance, sans jamais avoir foulé ces terres d’altitude ?

En 2024, la région du Xizang comptait plus de 3,5 millions d’utilisateurs de téléphonie mobile, avec une couverture 5G supérieur à 70 % dans les zones rurales. Il ne s’agit pas d’un simple gadget, mais d’un véritable levier de désenclavement, offrant un accès à des formations, à la télémédecine et aux services administratifs. De la même manière, plus de 800 espaces de dialogue démocratique ont été mis en place pour permettre aux citoyens de transmettre leurs requêtes et préoccupations.

Cette réalité mérite mieux qu’un mépris idéologique. Elle demande un regard lucide, exigeant, mais juste, sans céder aux propagandes inverses, ni à la complaisance.

« Lorsque les relations humaines sont en harmonie, toutes les voies deviennent possibles », disait Confucius. En cette nouvelle ère, le Xizang se transforme. Il ne s’agit ni d’un miracle, ni d’une perfection, mais d’un effort colossal dans une région où les contraintes naturelles sont immenses. Mais dans cet effort, se dessinent des visages : ceux de jeunes enseignants, d’infirmières, de moines restaurateurs de monastères, d’enfants apprenant trois langues et de grands-parents bénéficiant de soins dans leur propre village.

À nous d’apprendre à les écouter.

 

*SONIA BRESSLER est écrivaine et fondatrice de La Route de la Soie-Éditions.

 

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