Il y a 10 ans, le 29 novembre 2012, Xi Jinping, qui venait récemment de prendre les fonctions de secrétaire général du Comité central du Parti communiste chinois, se rendait au Musée national de Chine pour visiter l'exposition « La voie de la renaissance » avec les autres membres du Comité central. Sur place, il avait évoqué pour la première fois le « Rêve chinois », celui du grand renouveau de la nation chinoise, une entreprise à la fois glorieuse et ardue nécessitant les efforts conjoints de générations de Chinois.

Au cours de ces dix dernières années, le Rêve chinois s’est agrégé à d’autres objectifs et visions pour s’appliquer à tous les aspects de la vie socio-économique chinoise. Il a même été accueilli avec ferveur dans de nombreux pays en développement et émergents qui y ont vu une opportunité unique de développement conjoint.

Le Rêve chinois est d’abord une vision qui porte un grand projet de renouveau au terme d’une période de croissance et de montée en puissance depuis le début de la période de réforme et d’ouverture à la fin des années 1970. Le 20e Congrès national du PCC qui s’est tenu en octobre a élaboré un plan pour la stratégie en deux étapes qui a pour but de réaliser essentiellement la modernisation d’ici 2035, avant d’entamer le sprint final pour 2049. A cette date, le Rêve chinois sera réalisé dans l’ensemble.

Le Rêve chinois est ensuite un mot d’ordre visant à mobiliser toute la nation chinoise autour d’une vision sur le long terme qui transcende le temps et l’espace. Le temps, car pour le réaliser, les efforts de plusieurs générations de Chinois seront nécessaires, ce qui exige une détermination sans faille et un leadership fort sachant qu’il y aura des écueils et des obstacles. Les bouleversements géopolitiques de ces dix dernières années, les tensions commerciales, la remise en cause de l’ordre mondial et récemment, l’épidémie de COVID-19, ont testé la détermination de la Chine et montré au monde que le pays est capable d’y faire face sans faillir. L’espace ensuite, car le Rêve chinois concerne tous les Chinois de la partie continentale, mais aussi ceux des régions administratives spéciales de Hong Kong et de Macao, les compatriotes de l’île de Taiwan, ainsi que les Chinois de l’étranger.

Le Rêve chinois est aussi un maillon important du « soft power » à la chinoise. Contrairement à ce qui avait été rapporté dans la presse occidentale, ce n’est pas un rêve de puissance hégémonique, mais plutôt celui de la construction d’une communauté de destin pour l’humanité. Ce rêve constitue une carte de visite unique pour la projection de l’image de la Chine dans le monde. Sur le plan culturel, il s’exprime par d’innombrables activités d’échanges entre civilisations qui permettent d’approfondir la compréhension et l’apprentissage mutuels ; sur le plan économique, par l’initiative de « la Ceinture et la Route » ; sur le plan de l’ouverture, par la création réussie de zones franches dans la fabrication et les services, mais aussi par le succès de l'Exposition internationale d’importation de Chine ; sur le plan sécuritaire, par la présence des Casques bleus chinois dans le maintien de la paix et de la stabilité notamment dans les pays africains ; sur le plan de l’aide humanitaire, par les initiatives humanitaires de la Chine au plus fort de la pandémie de COVID-19.

Le Rêve chinois est enfin une entreprise de modernisation à la chinoise. Tout l’environnement socio-économique de la Chine est concerné et chaque secteur – de l’agriculture aux services en passant par l’industrie et la fabrication – joue un rôle dans sa réalisation. Le rêve s’affine à mesure qu’il se réalise, d’où l’accent mis sur l’innovation, la recherche et le développement dans les sciences et technologies, mais aussi sur la protection des écosystèmes et du patrimoine culturel. Ainsi peut-on parler d’un « Rêve chinois de l’aérospatiale » en contemplant les réalisations de la Chine au cours de ces dix dernières années avec la construction de sa station spatiale notamment ; d’un « Rêve chinois du numérique » à la vue des avancées spectaculaires dans l’économie numérique, du e-commerce aux mégadonnées en passant par l’informatique en nuage et l’intelligence artificielle ; ou d’un « Rêve chinois du patrimoine » dans les efforts visant à protéger et à faire revivre le patrimoine culturel chinois. Et comment ne pas mentionner le « Rêve chinois de l’environnement », une des priorités du président Xi Jinping qui a très tôt déclaré que « la nature vaut son pesant d’or ». Les villes dans leur ensemble bénéficient désormais de plus de « ciel bleu » et les campagnes, de « collines verdoyantes ».

Au terme de ces dix années sur la voie de la réalisation du Rêve chinois, la Chine s'est forgée une nouvelle image, gagné en confiance et avance désormais résolument dans un monde qui connaît des bouleversements immenses et des transformations profondes.

Par Jacques Fourrier (L’auteur et un journaliste et commentateur français basé en Chine depuis 25 ans)