La construction de la station spatiale chinoise se déroule sous les meilleurs auspices.

Cliché pris par le Centre de contrôle aérospatial de Beijing montrant les astronautes Zhai Zhigang et Wang Yaping effectuant une EVA, le 7 novembre. (XINHUA)

Wang Yaping est devenue la toute première Chinoise à avoir effectué une sortie dans l’espace le 7 novembre, lorsqu’elle a pris part aux premières activités extravéhiculaires (EVA) de la mission Shenzhou-13, aux côtés de Zhai Zhigang, commandant de la mission. Il s’agissait de la 3e mission extravéhiculaire réalisée pendant la construction de la station spatiale Tiangong (Palais céleste) du pays. Le vaisseau Shenzhou-13 a été lancé le 16 octobre, envoyant trois astronautes pour une mission en orbite de six mois dédiée à la construction de la station.

Les deux astronautes sont revenus au module central après 6,5 heures d’EVA. Ils ont effectué une série de tâches extravéhiculaires, notamment l’installation d’un connecteur à double bras et d’un dispositif de suspension, qui seront tous deux utilisés pour connecter le grand bras au module central Tianhe (Harmonie du ciel) et le petit bras au module de laboratoire Wentian, qui devrait être lancé et amarré à Tianhe en 2022. Les bras mécaniques connectés seront capables de transférer une charge plus lourde sur une plus grande distance. Ils peuvent diriger trois modules de la station pour inspecter leur surface à tout moment et effectuer d’autres missions difficiles et diverses, indique Gao Sheng, ingénieur chargé de l’exploitation des bras mécaniques à l’Académie chinoise des technologies spatiales.

Née en 1980 près de Yantai, au Shandong, Mme Wang a toujours été douée pour le sport. À la fin de ses études en 1997, elle a été recrutée comme pilote. En 2010, elle a été sélectionnée pour faire partie du 2e groupe d’astronautes chinois. Membre de la mission Shenzhou-10 d’une durée approximative de 15 jours en juin 2013, elle a donné la 1re conférence chinoise dans l’espace à des étudiants chinois depuis le module expérimental Tiangong-I.

Routine spatiale

L’équipage de Shenzhou-13 devrait effectuer deux à trois EVA au cours des six mois de son séjour dans l’espace et prévoit davantage d’expériences scientifiques que ses homologues de Shenzhou-12, qui avaient passé trois mois dans la station jusqu’à leur retour sur Terre mi-septembre. Mme Wang et ses confrères mèneront des recherches en médecine aérospatiale et en physique de la microgravité. Outre les expériences, ils contrôleront également à distance l’amarrage d’un vaisseau spatial à la station spatiale. « Des activités de vulgarisation scientifique seront menées pour initier et sensibiliser le public », a-t-elle indiqué dans une interview accordée à CCTV juste avant l’embarquement.

Les trois astronautes ont également effectué leur premier exercice d’évacuation d’urgence en orbite. L’exercice a simulé une situation où le module central perd sa pression après avoir été touché par un débris spatial et où les astronautes doivent se retirer dans la capsule de retour du vaisseau spatial Shenzhou-13. L’environnement spatial est complexe et dangereux et les collisions avec des débris restent l’une des principales menaces. Le but de l’exercice était d’assurer l’évacuation sécurisée des astronautes après un tel choc. Ils ont stabilisé la pression à l’intérieur du module central, vérifié l’absence de fuites et évacué vers la capsule de retour. L’exercice a duré plusieurs minutes et a été assisté par le contrôle au sol. Wang Chunhui, formateur en chef adjoint des astronautes chinois, explique qu’il existe un ensemble de procédures définies pour analyser et gérer de telles urgences.

Une mission de taille

La Chine accuse son retard dans la construction aéronautique. L’URSS a lancé Salyut-1, première station spatiale du monde, en 1971. Depuis lors, plus de 10 stations spatiales ont été lancées. Avant Tiangong, la seule station opérationnelle en orbite était la station spatiale internationale ISS, fruit d’un effort conjoint de plusieurs agences spatiales nationales, dont celles des États-Unis et de Russie. La Chine a été exclue du projet, surtout en raison des objections des États-Unis. L’ISS a été achevée en 2011 et devrait être hors d’utilisation d’ici 2029. Tiangong sera alors probablement la seule station opérationnelle jusqu’à la mise en orbite d’une prochaine.

La construction de Tiangong est un projet à trois étapes pour le programme spatial habité de la Chine, approuvé en 1992 par la direction centrale du pays. La première étape consistait à lancer un vaisseau spatial habité et à réaliser des expériences spatiales. La deuxième a été dédiée aux sorties extravéhiculaires, l’amarrage du vaisseau spatial et le lancement de laboratoires spatiaux. La troisième concerne la construction de la station spatiale. Grâce aux résultats convaincants et aux percées dans les technologies clés, la Chine est entrée dans la troisième étape de son programme spatial. Le 29 avril, le module central de la station spatiale Tianhe a été lancé depuis le centre de lancement spatial de Wenchang, à Hainan.

À termes, Tiangong aura la forme d’un T, avec le module central au centre et deux capsules de laboratoire au sommet, de chaque côté. Le module central est doté de deux ports d’amarrage pour les deux capsules de laboratoire et de trois ports d’amarrage pour les vaisseaux spatiaux transportant des marchandises et l’équipage. Il possède également une issue pour les sorties extravéhiculaires.

Bien que Tiangong ait été lancée bien plus tard que les stations spatiales précédentes, elle présente plusieurs avantages uniques grâce à l’utilisation de technologies et matériaux de pointe. En effet, son moteur à propulsion électrique ne nécessite aucune combustion de carburant. Celui-ci transforme l’énergie solaire en électricité, ensuite transformée en puissance mécanique. Ainsi, plus besoin de carburant liquide ou solide, sa structure est moins complexe, ce qui réduit le poids de la station et ses besoins en carburant. Le bras robotique de 10 m de long installé sur Tianhe peut manipuler des objets pesant jusqu’à 25 tonnes. Il peut se déplacer avec la même souplesse qu’un bras humain et transporter du fret à l’extérieur de la station spatiale, notamment en soutenant les sorties extravéhiculaires ainsi que l’installation, l’entretien et le remplacement d’équipements.

Plus de 10 missions de vol ont été programmées pour la période de construction de deux ans de Tiangong, y compris le lancement du module central et des deux capsules-laboratoires, ainsi que de quatre vaisseaux spatiaux habités et de quatre cargos non habités. La station achèvera sa construction et entrera en service en 2022. Sa durée de vie prévue est d’au moins 10 ans et peut être portée à 15 ans en cas d’entretien régulier. Pour assurer la construction et l’exploitation de la station, 18 nouveaux astronautes – 17 hommes et une femme – ont été sélectionnés en octobre 2020, dont sept pilotes d’engins spatiaux, sept ingénieurs de vol spatial et quatre spécialistes de charge utile de mission, selon l’Agence chinoise des vols spatiaux habités. Les ingénieurs de vol spatial et les spécialistes de charge utile de mission sont les premiers à être choisis dans le cadre du programme spatial chinois.

La Chine est également prête à ouvrir sa station spatiale à d’autres nations. Depuis 2016, elle a sollicité des programmes expérimentaux coopératifs auprès de tous les pays membres de l’ONU et a jusqu’à présent choisi neuf programmes parmi 17 pays.

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