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Le fabuleux destin de Dafen

Li Xiaoyu  ·  2021-05-25  ·   Source: Chinafrique
Mots-clés: art; développement local; Chine

De l’imitation à la création, un village du sud de la Chine œuvre pour occuper une place majeure dans le monde de l’art.

Chen Qiuzhi se concentre sur ses œuvres originales de calligraphie dans son atelier à Dafen. (XINHUA)

Un petit village chinois, n’ayant aucun lien au départ avec l’art occidental, a tenu le pari de devenir l’un des principaux producteurs mondiaux de peintures à l’huile. Cela semble invraisemblable, mais c’est pourtant la réalité à Dafen, situé dans l’agglomération de Shenzhen, au Guangdong (sud). Initialement peuplé de 300 habitants et couvrant une superficie de 0,4 km2, celui-ci abrite aujourd’hui plus de 1 200 galeries et emploie plus de 8 000 peintres.

Le « Van Gogh de Chine »

Localisée aux portes de Hong Kong, Shenzhen est une métropole émergente. En 1980, un an après le début de son développement, le gouvernement chinois y a établi la première zone économique spéciale du pays, pour promouvoir les réformes économiques et l’ouverture au monde extérieur. Huang Jiang, marchand d’art originaire de Hong Kong et homme d’affaires ambitieux, a été attiré dès 1989 par les politiques préférentielles et la main-d’œuvre bon marché de Shenzhen. Il a choisi Dafen pour y installer son entreprise, spécialisée dans la fabrication et la commercialisation à l’étranger de peintures à l’huile, en raison du prix des loyers et de sa situation géographique. Depuis, cette activité a atteint des sommets. Des milliers de personnes sans réelle formation en arts plastiques ont afflué à Dafen pour acquérir les techniques nécessaires à la reproduction des chefs-d’œuvre occidentaux.

Surnommé le « Van Gogh de Chine », Zhao Xiaoyong ne se contente plus de reproduire les toiles du peintre néerlandais. (XINHUA)

Zhao Xiaoyong a suivi cette vague déferlante en 1996. Il s’est installé à Dafen où il a appris tous les rudiments de la peinture à l’huile. Cet ancien agriculteur reproduit les toiles de Vincent van Gogh, dont Les Tournesols et Amandier en fleurs, s’appuyant sur un album de peinture. Ses premières copies ont été vendues en 1999 lorsqu’un acheteur américain en a commandé vingt. D’autres commandes sont arrivées plus tard de l’étranger, l’incitant à recruter des apprentis, y compris au sein de sa famille. M. Zhao et son équipe travaillaient jour et nuit, peignant quotidiennement au maximum huit toiles chacun, les prix des copies allant de 200 à 3 000 yuans (de 31 à 468 dollars) l’unité, selon la taille. En vingt ans, M. Zhao a réalisé plus de 100 000 copies d’œuvres du peintre néerlandais, d’où son surnom de « Van Gogh de Chine ».

À l’image du parcours de M. Zhao, les activités artistiques de Dafen reposaient initialement sur la vente de copies de peintures célèbres. Beaucoup ont été expédiées vers l’Europe et les États-Unis. En 2005, 70 % des peintures à l’huile sur le marché occidental avaient été produites en Chine, dont 80 % à Dafen. Les peintres de Dafen ont permis à de nombreux Occidentaux de se procurer des répliques de chefs-d’œuvre à des prix abordables.

La longue marche vers l’originalité

Si l’image d’« usine de copies de chefs-d’œuvre » lui avait toujours collé à la peau, Dafen a voulu coûte que coûte sortir de ce cliché. En 2004, le gouvernement local a mis sur pied un bureau de gestion des activités artistiques. « Nous offrons une aide sans participer aux opérations commerciales », explique Liu Yajing, directeur du bureau. Conscients du potentiel du village, les pouvoirs publics ont alors investi dans des infrastructures et cherché à améliorer son environnement. Ils fournissent des logements sommaires aux artistes de talent pour faciliter leur installation dans la région. Ceux-ci sont également invités à protéger leurs œuvres originales par un dépôt légal, moyennant des frais d’inscription peu onéreux.

Les anciens peintres du village, eux, ont été nombreux à se tourner vers l’innovation avec le ralentissement de leur activité à l’étranger suite à la crise de 2008. Chen Qiuzhi est l’un d’entre eux. Il a abandonné la reproduction bas de gamme au profit de son propre style, combinant peinture et calligraphie chinoise. Dix ans de travail acharné lui ont valu la renommée, ses œuvres étant populaires sur le marché des enchères. Aujourd’hui, une seule de ses œuvres vaut des dizaines de milliers de yuans, soit près de 100 fois la valeur des répliques qu’il a peintes dans le passé. « Ce n’est que par la création que l’on peut se faire connaître en tant qu’artiste peintre », indique-t-il. Sa remarque a trouvé écho chez M. Zhao : « La reproduction ne me mène nulle part. Je vais poursuivre dans la voie de la création tant pour le marché que pour mon rêve en tant que véritable artiste. »

Plus de 300 artistes de Dafen se concentrent désormais sur la production de leurs propres œuvres d’art. « Ils ne sont pas nombreux, mais ils influencent et stimulent la créativité artistique à Dafen », affirme M. Liu. En 2017, 20 à 30 % de la valeur de la production annuelle du village étaient issus des œuvres originales.

Visite d’un centre d’art à Dafen (XINHUA)

Vivre avec son temps

Sous le poids des difficultés financières, Dafen sait fléchir sans jamais céder. L’année dernière, la pandémie de COVID-19 a plongé l’économie mondiale dans une récession record. Ses habitants ont réussi, de nouveau, à échapper à un naufrage désastreux, et ce grâce à l’e-commerce.

« La plupart de mes revenus de l’année dernière proviennent de la vente en ligne », témoigne Xiao Shuihui, peintre à l’huile à Dafen. Il a ouvert son atelier dans le village en 2013. Pour lui, c’est l’endroit parfait pour lancer une activité. « On peut même utiliser des services express pratiques pour faire livrer les peintures à l’huile aux acheteurs. » Si à l’origine, la livraison express semblait encore passer au second plan, elle s’avère d’ores et déjà essentielle à ses affaires. Suite à la crise sanitaire, son revenu mensuel est tombé à 10 000 yuans (1 559 dollars) sur les premiers mois de 2020, contre 30 000 yuans (4 677 dollars) en 2019. Il a su alors attacher une plus grande importance à l’e-commerce, parvenant à maintenir son niveau de vie d’avant.

Dafen explore l’e-commerce depuis 2012. Il existe actuellement plus de 2 500 boutiques en ligne opérant sur Tmall, Taobao et JD.com pour les ateliers de Dafen. La production annuelle totale du village était évaluée à 4,1 milliards de yuans (639 millions de dollars) en 2020, dont 2,34 milliards de yuans (365 millions de dollars) ont été générés par la vente en ligne, en hausse de 30 % sur un an.

L’avenir de Dafen fait couler beaucoup d’encre. Un musée de beaux-arts, un théâtre, un centre de formation et un hôtel sont en cours de construction pour faire du village un site touristique misant sur tous les aspects ayant trait à la peinture à l’huile.

De son côté, Feng Jianmei, marchande d’art installée à Dafen depuis 2002, a fait construire, en janvier 2018, une résidence dédiée aux artistes internationaux. Depuis lors, elle a attiré 207 artistes issus de 14 pays qui y ont effectué des séjours d’un à trois mois, se consacrant à la création d’œuvres d’art et à l’échange d’idées avec les artistes locaux. « J’espère que le village deviendra un havre d’art mondialement connu », souhaite-t-elle.

 

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