Les pays africains ont multiplié les prises de contact lors du Salon international du commerce des services de Chine à Beijing pour de futures coopérations commerciales

Le Rwanda a fait sensation lors du Salon international du commerce des services de Chine (CIFTIS) à Beijing. Le 6 septembre, les hommes d’affaires intéressés ont afflué au séminaire de promotion des investissements et du commerce et ont posé tellement de questions que l’événement d’une heure et demie initialement a dû être prolongé. Mais même après l’annonce de fin, James Kimonyo, ambassadeur du Rwanda en Chine, et Samuel Abikunda, son conseiller économique, étaient encore entourés d’un grand nombre de personnes qui attendaient pour s’entretenir avec eux.

« Je m’aperçois que beaucoup d’interlocuteurs s’avèrent être sérieux en matière de coopération, nous serons donc ravis de rester en contact. Nous les aiderons à trouver des entreprises compétitives et fiables pour former des partenariats au niveau local, le cas échéant », explique M. Abikunda.

Situé en Afrique de l’Est, le Rwanda a fait des progrès notables en matière de développement, se classant respectivement au deuxième et au premier rang du continent pour le taux de croissance économique et la transparence du gouvernement. 70 % de la population du pays a moins de 30 ans, et 95 % est couvert par un réseau 4G. Fort d’un environnement commercial sain, le Rwanda est convaincu de pouvoir attirer les investissements chinois.

« Les entreprises chinoises peuvent investir dans l’e-commerce en profitant des installations Internet mobiles du Rwanda. De nombreuses entreprises chinoises s’intéressent également à des domaines tels que les soins médicaux et le transport », confie M. Kimonyo à CHINAFRIQUE. L’ambassadeur rwandais a mis en avant le café, la sauce piquante et d’autres spécialités de son pays lors d’échanges avec des investisseurs potentiels après le séminaire de promotion.

De nombreux autres pays africains ont également recherché activement des opportunités commerciales lors du CIFTIS qui s’est tenu du 4 au 9 septembre. L’ancien économiste de la Banque mondiale, Mwangi Wajira, a déclaré que l’événement a permis de fournir une plateforme aux compagnies aériennes, aux banques et aux sociétés de logistique africaines, favorisant le développement de la coopération avec les entreprises chinoises. Plus important encore, les capacités de la Chine en matière de 5G, de mégadonnées et d'informatique en nuage, qui ont été mises en avant lors du salon, pourraient créer de nouvelles opportunités de croissance économique et sociale pour les pays africains.

Optimisation de l’environnement commercial

Le Rwanda était autrefois divisé et a souffert de nombreux troubles en politique intérieure. Depuis 1996, le peuple s’est efforcé de reconstruire son pays et de relancer l’économie sous un nouveau gouvernement, mettant en œuvre une série de réformes. Le pays offre désormais un des environnements les plus propices au commerce d’Afrique.

Selon un rapport de la Banque mondiale, le Rwanda se classe deuxième dans l’indice de facilité à faire des affaires parmi les pays africains cette année, juste après l’Île Maurice, et premier en Afrique de l’Est.

« Il est possible de se lever à 6 heures du matin et de travailler pour les autres, puis de devenir PDG de sa propre entreprise à midi [le même jour] », souligne M. Abikunda. Au Rwanda, six heures seulement sont requises pour enregistrer une entreprise et l’ensemble du processus peut être effectué en ligne.

Les investisseurs chinois peuvent se concentrer sur les secteurs manufacturiers, énergétiques et miniers du Rwanda, la transformation des produits agricoles, les infrastructures et le tourisme, suggère M. Kimonyo. De plus, le pays est un point d’entrée vers de plus grandes opportunités commerciales sur le reste du continent africain, ajoute-t-il.

Le Rwanda est membre de la Communauté de l’Afrique de l’Est et fait partie du Marché commun de l’Afrique orientale et australe, qui couvre une population d’environ 500 millions d’habitants. Parallèlement, la zone de libre-échange continentale africaine (AfCFTA), qui a été officiellement lancée le 30 mai 2019, couvrira 1,2 milliard de personnes une fois que tous les pays participants l’auront approuvée. Cela signifie que lorsque les entreprises étrangères s’enregistreront et investiront au Rwanda, elles auront également un accès potentiel à d’autres marchés africains. « L’AfCFTA est destinée à faciliter les activités commerciales transfrontalières », a déclaré l’ancien ambassadeur chinois au Kenya, Guo Chongli, lors du cinquième forum thématique de la Journée de l’Afrique, le 7 septembre, qui faisait partie du CIFTIS.

M. Guo s’est montré positif quant à l’énorme potentiel de l’Afrique dans l’économie numérique, en citant le fait que l’Afrique est le deuxième plus grand marché de la téléphonie mobile après l’Asie, et qu’elle est également le marché des télécommunications mobiles qui connaît la plus forte croissance au monde.

Par ailleurs, l’e-commerce se développe très rapidement en Afrique, et ses avantages ont été pleinement démontrés lors de la pandémie de COVID-19. « Des secteurs ont marqué pendant la pandémie, comme l’e-learning, l’e-commerce et le transport de la chaîne du froid ; ils seront les points centraux de futures coopérations », a affirmé M. Guo.

Selon Mamadou Sarr, conseiller économique de l’ambassade du Sénégal en Chine, le forum a permis la communication et le partage d’informations entre les participants chinois et africains sur l’environnement commercial dans leurs pays respectifs.

Revitalisation du tourisme

Des sculptures en ébène d’Angola, des tambours africains du Zimbabwe et d’autres spécialités culturelles et gastronomiques locales ont été exposées à la cinquième exposition culturelle mondiale haute en couleur des pays riverains de la Ceinture et de la Route, qui s’est tenue en marge du CIFTIS. Les objets exposés provenaient de plus de 30 pays et régions d’Afrique, dont l’Algérie, le Togo, le Ghana, le Soudan, la Namibie, l’Éthiopie, le Botswana et le Burkina Faso. Des chanteurs et des danseurs africains ont également été invités à présenter des spectacles mettant en valeur le tourisme et les ressources culturelles de leurs pays.

Le tourisme est un domaine important du commerce des services. Selon un rapport publié par le China Youth Travel Service en 2018, le taux de croissance annuel des arrivées de touristes chinois en Afrique a dépassé 40 % ces dernières années. Parallèlement, les touristes chinois s’intéressent non seulement aux sites naturels, mais aussi aux attractions du patrimoine culturel.

« Aujourd’hui, nous avons l’opportunité de nous réunir ici et d’approfondir la compréhension entre nos deux peuples », déclare Marcelina Gomes, attachée culturelle de l’ambassade d’Angola en Chine, à CHINAFRIQUE. « Nous avons exposé des photos, des œuvres d’art et des livres liés au tourisme dans l’espoir d’identifier ce qui intéresse le plus les Chinois et de pouvoir ainsi inciter un plus grand nombre d’entre eux à voyager et à découvrir la culture angolaise », ajoute-t-elle.

Le Rwanda a également fait la promotion du tourisme de son pays pendant le CIFTIS avec une affiche présentant trois gorilles de montagne à dos argenté saluant les participants. Le gorille est l’un des animaux les plus menacés de la planète et, selon M. Abikunda, le Rwanda est l’un des rares pays où vivent encore ces mammifères en voie d’extinction.

« On peut facilement voir toute une famille des gorilles au Rwanda et de nombreuses personnes parcourent des milliers de kilomètres dans ce but », assure-t-il, ajoutant que les investissements dans le tourisme peuvent stimuler le développement dans des domaines connexes, tels que la restauration, l’hébergement et la culture.

Zhang Yaodong, homme d’affaires chinois qui a ouvert le premier hôtel cinq étoiles au Rwanda (le Rwanda Marriott Hotel), a grandement bénéficié de politiques préférentielles pour les investisseurs étrangers. Son hôtel a ouvert en 2016 et il prospère depuis. « Je suis impliqué dans mon deuxième projet au Rwanda en ce moment. Il s’agit d’un projet immobilier complet, composé d’appartements, d’hôtels et de villas », confie-t-il.

Alors que les investisseurs chinois continuent d’étendre leurs activités en Afrique, espérons qu’il en résultera une meilleure compréhension mutuelle et des avantages plus conséquents.

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