Le 23 juin, plus de la moitié des Britanniques se sont prononcés par référendum en faveur d'une sortie de l'Union européenne (UE). Les bouleversements pour la Grande–Bretagne seront considérables après le Brexit, tant en termes de statut international qu'en termes de politique étrangère. Ils se répercuteront sur de nombreux pays, dont la Chine. Les relations avec l'Europe et avec la Chine connaîtront des ajustements d'envergure différente, avec leurs défis et leurs opportunités.  

Répercussions sur les relations sino–européennes 

La Grande–Bretagne est une puissance de premier plan au sein de l'UE et elle joue un rôle important dans les relations sino–européennes. Avec le Brexit, ce n'est pas l'attitude de la Grande–Bretagne à l'égard de la Chine qui devrait subir des bouleversements importants, mais plutôt la situation de la Grande–Bretagne d'un côté et de l'UE de l'autre par rapport à la Chine.  

Feng Zhongping, vice–directeur de l'Institut de recherche sur les relations internationales contemporaines de Chine, a fait savoir à l'agence Xinhua que la Grande–Bretagne est à la base un grand pays de l'UE, faisant preuve d'une attitude positive à l'égard de la Chine, et que l'influence de la Grande–Bretagne sur la politique chinoise de l'UE était loin d'être négligeable. Il rappelle que la Grande–Bretagne appelle l'UE à accorder le statut d'économie de marché à la Chine et s'oppose au protectionnisme commercial.  

Pour le professeur Wang Yiwei, directeur du Centre de recherche sur l'UE de l'Université Renmin de Chine, la Grande–Bretagne exerce une influence de taille dans la politique chinoise de l'UE et avec le Brexit, ce levier important fera défaut.  

Des changements dans le statut économique de la Grande–Bretagne 

Si le statut économique de la Grande–Bretagne au niveau international est si important, ce n'est pas seulement en raison de son statut de membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU et de puissance nucléaire, mais c'est aussi en raison de la place importante que le pays occupe au sein de l'UE. Avec le Brexit, l'importance de la Grande–Bretagne va diminuer, ce qui posera de nouveaux défis dans les relations sino–britanniques, notamment dans les relations commerciales bilatérales.  

Zhou Hong, membre de l'Académie des sciences sociales de Chine, estime que l'UE va transférer son secteur financier de Londres à Paris et Francfort notamment pour éviter les problèmes que peuvent occasionner des prestations de services financiers par un pays non membre de l'UE. Cela pourra entraîner une réaction en chaîne, avec le départ des institutions financières, portant ainsi un coup rude à la City.  

Feng Zhongping estime que si les entreprises chinoises doivent entrer sur le marché britannique, ce n'est pas seulement pour des raisons qui lui sont intrinsèques, mais c'est surtout parce qu'il s'agit d'une porte sur le marché européen. Pour ces entreprises, surtout pour celles du secteur financier, après le Brexit, ce rôle s'affaiblira et les entreprises chinoises considéreront différemment la Grande–Bretagne.  

Les incertitudes du Brexit sur le court terme vont occasionner des turbulences sur le marché britannique des actions et sur la livre sterling qui se répercuteront sur le taux de change du renminbi et le secteur financier chinois. Cependant, d'un point de vue général, en raison de la place de la Chine dans l'économie mondiale et de la continuité des relations commerciales sino–britanniques, le Brexit n'aura que des conséquences limitées sur l'économie chinoise et les relations commerciales bilatérales.  

Vers plus d'opportunités de coopération  

Certains experts pensent qu'il n'est pas certain que le Brexit n'ait que des répercussions négatives pour la Chine. Après le divorce entre la Grande–Bretagne et l'UE, les deux parties porteront probablement un plus grand intérêt au développement des relations avec la Chine. Cela créera de nouvelles opportunités de coopération sino–britannique et sino–européenne.  

La Grande–Bretagne attache depuis toujours une grande importance aux relations avec la Chine. Elles sont entrées dans un « âge d'or » dans tous les domaines. Depuis 2015, la coopération commerciale sino–britannique a connu des résultats réjouissants et de nombreuses banques et entreprises du secteur financier ont choisi la Grande–Bretagne pour se développer. Le marché offshore du renminbi à Londres progresse rapidement et de nombreux experts et professionnels de la finance britanniques sont optimistes quant aux perspectives de coopération bilatérale dans la finance et à l'établissement d'un centre offshore du renminbi.  

Zhou Hong ajoute qu'une grande partie des secteurs pour lesquels la Grande–Bretagne possède un avantage traditionnel au niveau mondial se trouvent en Asie de l'Est. Après le Brexit, la Grande–Bretagne continuera très probablement de se tourner vers l'est, voire même davantage, et les opportunités de coopération seront plus nombreuses.  

Du point de vue de l'UE, Zhou Hong estime que le rapprochement dans certains secteurs sera encore plus direct entre la Chine et les autres pays de l'UE après le Brexit. « Il ne sera plus nécessaire de tergiverser, les relations entre la Chine et l'UE seront probablement encore plus proches », prévoit–elle, anticipant comme pour la Grande–Bretagne une attitude plus active vers l'est. La Chine pousse activement son initiative « Une ceinture et une route » pour relier un peu plus la Chine et l'Europe. Si l'UE et la Grande–Bretagne tournent leurs regards vers l'est, les opportunités de la Chine vont probablement s'accroître.  

Beijing Information