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Stephen Roach : l’économie chinoise va rebondir en 2020

  ·  2020-03-02  ·   Source: Beijing Information
Mots-clés: économie chinoise; COVID-19
 

Dans une récente interview accordée à Beijing Information, Stephen Roach, chercheur principal à l'Université de Yale et ancien président de Morgan Stanley Asia, a partagé certaines observations sur l'économie chinoise qui subit actuellement l'impact de l’épidémie de COVID-19.  

Beijing Information – Dans des entretiens récents avec des médias chinois, vous avez exprimé votre optimisme sur les perspectives de l'économie chinoise et prévu un net rebond une fois le virus sous contrôle. D'où vient selon vous la résilience de l'économie chinoise ? 

Stephen Roach – Même si l'économie chinoise a ralenti pour être virtuellement au point mort début 2020 sous l’effet du COVID-19, cette maladie dévastatrice ne devrait pas nuire à la solidité sous-jacente de l'économie chinoise. A mon avis, cette force repose sur quatre transitions économiques clés : de la croissance tirée par les investissements et les exportations à la croissance tirée par la consommation ; de la fabrication aux services ; de l'épargne excédentaire à son absorption pour financer le filet de sécurité sociale et stimuler la consommation individuelle des ménages ; et de l'innovation importée à l’innovation domestique.  

Tant que le gouvernement continuera de concentrer sa stratégie de réforme sur ces domaines, une fois que le virus aura disparu – ce que je prévois pour le second semestre 2020 – et en conjonction avec les récentes mesures de relance de la Banque populaire de Chine (PBC), ces transitions joueront un rôle décisif en donnant une forte impulsion à l'économie chinoise. 

Vous étiez en Chine lors de l'épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) de 2003. Quelles sont les différences avec l'économie chinoise aujourd'hui ? Est-elle plus résiliente ou plus vulnérable?  

Par rapport aux conditions qui prévalaient en 2003, l'économie chinoise est aujourd'hui beaucoup plus vaste, mieux équilibrée et plus importante à l'échelle mondiale. Le PIB chinois en renminbi est environ sept fois plus élevé qu'il y a 17 ans. Sa part dans le PIB mondial, mesurée en parité de pouvoir d'achat du Fonds monétaire international (FMI), est actuellement de 19,7 %, soit 2,3 fois plus que celle de 8,7 % en 2003. Par ailleurs, le pays dépend moins du secteur manufacturier, le secteur secondaire passant de 45,6 % en 2003 à 40,7 % en 2018, tandis que le secteur des services en plein essor a contribué à l’augmentation du poids du secteur tertiaire dans l'économie de 10 points de pourcentage dans le même intervalle de 17 ans, de 42 % en 2003 à 52 % en 2018. 

L'économie mondiale étant plongée dans une reprise inhabituellement anémique depuis la crise financière mondiale de 2008, la croissance continue de la Chine a représenté 37 % des gains cumulés de la production mondiale depuis 2008. Malgré les graves perturbations à court terme associées au COVID-19, l'économie chinoise rééquilibrée d'aujourd'hui est beaucoup plus résistante qu'elle ne l'était à l'époque du SRAS en 2003. Dans le même temps, le monde est beaucoup plus dépendant de la Chine aujourd'hui qu'il ne l'était à l'époque, et les perturbations à court terme de l’économie chinoise auront inévitablement un impact plus grave sur la croissance mondiale. Lorsque la Chine éternue, le monde d'aujourd'hui risque davantage d'attraper un mauvais rhume qu'en 2003. 

  

Des ouvriers travaillent sur une ligne de production d’échographes à l'usine GE Healthcare à Wuxi, dans la province orientale du Jiangsu, le 15 février (Photo : Xinhua)  

Selon vous, quel type de mesures le gouvernement pourrait-il prendre pour faciliter un rebond économique?  

A l'heure actuelle, la priorité absolue de la politique gouvernementale doit être de contenir le virus, et de répondre à l'urgence de santé publique la plus grave jamais connue dans la Chine moderne. L'économie vient en deuxième position et – heureusement pour la Chine – elle est suffisamment forte pour supporter un choc aussi grave.  

Bien entendu, les politiques contracycliques traditionnelles – monétaires comme fiscales – sont de peu d’utilité pour compenser les fortes pressions économiques liées aux quarantaines et aux restrictions de voyage. Les mesures prises jusqu'à présent par la BPC sont importantes pour stabiliser les marchés financiers en cas de nouvelle forte baisse, telle que celle survenue le 3 février.  

L'économie chinoise avant l’épidémie ayant ralenti pour atteindre un plus bas de 6 % en 27 ans à la fin de 2019, il est sage que les décideurs chinois privilégient les mesures de relance. En même temps, il serait imprudent de s'éloigner de la campagne de désendettement cruciale qui a été si prioritaire pour les dirigeants chinois au cours des trois ans et demi passés. Une fois le virus contrôlé, les forces naturelles de rétablissement devraient jouer, comme après le SRAS en 2003. En se concentrant sur les impératifs de santé publique et en maîtrisant le COVID-19 le plus tôt possible, l'économie chinoise devrait être bien positionnée pour un solide rebond au second semestre 2020. 

Quel impact pensez-vous que cette épidémie aura sur l'économie mondiale ? Comment un rebond chinois pourrait-il aider l'économie mondiale?  

La Chine représente environ 20 % du PIB mondial, et une baisse de deux points de pourcentage de la croissance annualisée du PIB chinois – une possibilité au premier semestre 2020 – pourrait entraîner une diminution d'environ 0,5 point de pourcentage de la croissance annualisée du PIB mondial au cours du premier et du second trimestre 2020. Cela pourrait être problématique pour une économie mondiale  qui se situe dans une zone dangereuse. En effet, le PIB mondial n'a augmenté que de 2,9 % en 2019, selon la mise à jour du 20 janvier 2020 du FMI, à seulement 0,4 point de pourcentage au-dessus du seuil de récession mondial largement accepté de 2,5 %. 

Alors que la production industrielle européenne commençait à s'affaiblir fin 2019 et que l'économie japonaise se contractait beaucoup plus fortement que prévu au cours de la même période (en grande partie en raison de la seconde hausse de la taxe à la consommation), l'économie mondiale ne reposait pas vraiment sur des bases solides avant la forte perturbation subie par l'économie chinoise. Tout cela signifie que le COVID-19, ainsi que ses répercussions secondaires sur les pays voisins par le biais des liens entre les chaînes d'approvisionnement et le commerce des produits finis, pourraient renforcer les craintes des marchés financiers quant à une récession mondiale au cours du premier semestre de 2020. 

Quelles sont les perspectives à long terme de l'économie chinoise ? Pensez-vous que cette urgence de santé publique conduira au « piège du revenu intermédiaire » pour le pays ? Le PIB par habitant de la Chine vient de dépasser la barre des 10 mille dollars en 2019. Selon vous, quels sont les nouveaux moteurs de croissance qui pourraient aider la Chine à surmonter un tel écueil ?   

La Chine fait face à de nombreux défis pour réaliser ses aspirations audacieuses que sont les objectifs de développement des « deux centenaires ». L'intégrité de son système de santé publique est nécessaire mais pas suffisante pour que le pays maintienne le cap. Une telle contrainte et les craintes qu’elle suscite ont longtemps poussé les ménages à se tourner vers l'épargne de précaution, empêchant ainsi une croissance plus vigoureuse de la consommation.  

Le « piège du revenu intermédiaire » concerne moins le contrôle des maladies et la santé publique que le passage critique de l'innovation importée à l'innovation domestique. C’est bien sûr devenu un sujet de litige majeur dans le conflit commercial avec les Etats-Unis, notamment en termes de droits de propriété intellectuelle, de transfert de technologie, de cybersécurité et d’accès des principales sociétés technologiques chinoises – telles que Huawei et ZTE – à des composants essentiels de fabrication américaine comme les semi-conducteurs. 

Le conflit avec les Etats-Unis a fait l’effet d’un coup de semonce évident et important et la Chine veut promouvoir une culture autonome d'innovation domestique. Il y a eu de nombreux signes encourageants de progrès extraordinaires dans la réalisation de cet objectif au cours de ces dernières années, en particulier dans les secteurs des applications clés comme le commerce électronique, les technologies financières, les sciences de la vie et, bien sûr, l'intelligence artificielle. L'épidémie de COVID-19 rappelle tristement que les prouesses technologiques ne sont pas une fin en soi. Si la Chine saisit l’opportunité de convertir les nouvelles percées dans l'innovation domestique pour encourager une croissance de meilleure qualité et adossée à un système de santé publique de pointe, le pays sera beaucoup mieux placé pour éviter les revers tant redoutés du soi-disant « piège du revenu intermédiaire ». 

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